Biélorussie : le syndicaliste Alexander Yaroshuk arrêté

La nouvelle n'est pas une surprise. Le président de l'organisation syndicale biélorusse Alexander Yaroshuk a été arrêté dans la nuit du 19 au 20 avril par le KGB, la police politique du dictateur Loukachenko. « Ce n'est hélas pas étonnant, commente Pierre Coutaz, animateur de l'espace Europe Inter de la CGT. Alexander a en effet exprimé inlassablement depuis deux mois un sentiment plus que pacifiste au sujet de la guerre en Ukraine. Il est même quasiment dans ce que la gauche zimmerwaldienne appelle le défaitisme révolutionnaire : il est dans un pays cobelligérant, qui soutient l'effort de guerre de Poutine, un pays qui en est complice en faisant transiter les troupes russes, en servant de base de repos et de repli à l'armée. Dans ce contexte, les prises de parole d'Alexander étaient d'autant plus précieuses. A ses yeux les syndicats ne peuvent se rendre complice de cette guerre infâme contre un peuple frère. Mais il savait qu'il risquait gros car il y a un arsenal répressif au Bélarus qui punit toute propagande sur la guerre, ce n'est d'ailleurs même pas une guerre aux yeux du pouvoir mais une « opération spéciale ». A l'instar d'Alexander Yaroshuk, des dizaines d'autres militants syndicalistes du BKDP ainsi que des membres de leur famille ont d'ailleurs également été arrêtés » .

Peur de rien ni de personne

Fin mars dernier, Alexandre lançait un vibrant appel en faveur de la paix au cours d'un webinaire organisé par la CGT, rassemblant également des dizaines de syndicalistes ukrainiens. (lire aussi Ensemble de mai 2022). « Nous devons tout faire pour retrouver notre dignité, pour que la Biélorussie ne soit jamais considérée comme un agresseur militaire. Moi, président du Congrès biélorusse des syndicats démocratiques, je m'adresse à vous. La guerre de la Russie en Ukraine n’est pas notre guerre. La majorité absolue des Biélorusses, 97 %, ne veulent pas que la Biélorussie participe à la guerre en Ukraine ! Nos descendants ne nous pardonneront pas notre silence au moment le plus critique de notre histoire ! N’ayez peur de rien ni de personne ! Exigez sur vos lieux de travail : non à la guerre, non à la participation de la Biélorussie à celle-ci ! ». Dans un communiqué, la CGT rappelle que le BKDP, syndicat dont la création est très étroitement liée à l'exercice effectif du droit de grève, a pris une part active à l'explosion sociale qui a suivi l'élection présidentielle contestée de 2020 et qui a vu Loukachenko maintenu au pouvoir. Le BKDP et la CGT entretiennent par ailleurs de réelles relations de fraternité et de solidarité. Alexandre Yaroshuk ayant par exemple participé au 50ème congrès de la CGT, à Toulouse, et a aussi participé au forum sur les transitions écologiques et sociales organisé en juin 2021 par la CGT. Cette dernière demande au gouvernement français « d'intervenir, sans délai, pour exiger sa libération et de placer Alexandre Yaroshuk sous la protection de sa diplomatie sur place »