4 novembre 2025 | Mise à jour le 4 novembre 2025
Alors que s'ouvre ce 4 novembre 2025 la Conférence Travail et Retraites voulue par le Premier ministre, la CGT fustige la méthode du gouvernement et dénonce un budget d'austérité. L'organisation n'y participera pas, son Comité confédéral national (CCN) étant réuni aux mêmes dates.
La Conférence Travail et Retraites, lancée par le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou, réunit ce mardi les « partenaires sociaux » pour « poser les bases d'un dialogue sur l'avenir du travail et des retraites ». Voulue par le Premier ministre Sébastien Lecornu suite à l'annonce du report de la réforme des retraites lors de sa déclaration de politique générale le 14 octobre, cette conférence s'ouvre au moment même où démarre l’examen du budget de la Sécu à l’Assemblée nationale. Si la CFDT, FO, la CFTC et la CFE-CGC ont répondu présent, la CGT ne participera pas. Une absence que le syndicat justifie par la méthode jugée expéditive du gouvernement. « Nous convoquer le vendredi pour le mardi sans s'assurer qu'on est disponibles, on n'est pas des chiens qu'on siffle en deux jours, pour se présenter », s'indigne Denis Gravouil, secrétaire confédéral chargé de l'emploi, du chômage et des retraites. Il dénonce une organisation « sans information claire sur les objectifs, le calendrier ni les conclusions attendues » et rappelle que la CGT « ne déplace pas un CCN pour une convocation improvisée ».
Un budget d'austérité dans le viseur
Pour la CGT, le cœur du problème est ailleurs : le contenu des projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale, actuellement en discussion à l'Assemblée nationale. « Nous continuons à combattre un budget d'austérité, que ce soit pour la Sécu ou pour les services publics. Les franchises médicales, les restes à charge pour les salariés, le gel des pensions… tout cela, ce sont des mesures que nous ne pouvons pas accepter », insiste Denis Gravouil. La Commission exécutive confédérale (CEC), dans sa déclaration du 28 octobre, parle d'un budget « d'une violence inédite », dénonçant la baisse des budgets publics et le gel des retraites. Elle appelle à maintenir la pression sur le débat budgétaire et à « multiplier les mobilisations interprofessionnelles et sectorielles jusqu'en décembre ».
Paritarisme sous influence patronale
Devant le Sénat, le Premier ministre a évoqué la possibilité de confier la gestion du système de retraites aux partenaires sociaux. Une perspective que la CGT juge trompeuse. « Si c'est pour le confier comme à l'AGIRC-ARRCO, où le patronat a un droit de veto, ce n'est évidemment pas acceptable », déclare Denis Gravouil. Pour lui, le problème n'est pas le principe du paritarisme, mais sa pratique actuelle : « donner les clés du camion au patronat ou aux arrangements entre amis, ce ne sera évidemment pas possible pour nous. »
La CGT souhaite un cadre pour parler du financement du système de retraite par répartition, du financement de l'abrogation de la réforme des retraites, ainsi que des conditions de travail et des ordonnances Macron imposées en 2017 qui ont fragilisé les droits des salariés. Le secrétaire confédéral met également en garde contre le retour de projets rejetés par le mouvement social :« il y a tous les projets scandaleux qui reviennent, comme la retraite par capitalisation ou la retraite par points. Nous y sommes opposés. » Il souligne que même le système actuel de répartition est fragilisé : « on n'est pas en train de le tuer, mais de l'amoindrir, pour obliger les gens à compléter leur retraite par la capitalisation. » Et d'ajouter un point essentiel sur la nature même du système :« nous défendons un système à prestations définies. Cela veut dire qu'avec une retraite, on t'assure qu'elle suivra au moins le niveau de l'inflation et du pouvoir d'achat. Aujourd'hui, avec les sous-indexations et les gels, ils veulent aller vers un système à cotisations définies, où le montant final n'est plus garanti. » Pour la CGT, ce basculement représenterait un changement de modèle, transformant la logique de solidarité nationale en une logique de risque individuel.
Le CCN en position de décider des suites
Réunie les 4 et 5 novembre, la plus haute instance de la CGT débattra du positionnement du syndicat sur cette conférence et sur la suite du mouvement, dans la continuité des mobilisations de l'automne. L'action nationale des retraités prévue le 6 novembre marquera une nouvelle étape. « Ce qu'il faut combattre, conclut Denis Gravouil, c'est ce budget qui fait payer toujours les mêmes : les salariés, les retraités, les assurés sociaux. »