Ces fonds privés qui s’engraissent sur la Sécurité sociale
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L'hôpital public sort d'un été sous extrême tension avec des fermetures de services et de lits un peu partout en France, qui n'ont fait qu'augmenter les délais de prise en charge et les risques de « pertes de chance ». Le journal Le Monde rapporte ainsi que « 163 services ont fermé au moins ponctuellement entre le 1er juillet et le 31 août, faute de ressources humaines suffisantes ». Résultat : des soignants au bord de l'épuisement et plusieurs annonces de décès dans les couloirs des urgences, dont au moins un à Nantes.
Pour Olivier Terrien, secrétaire général de la CGT au centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes, l'hôpital est en réalité « sous tension 365 jours par an » et toute la chaîne de santé est concernée. Pas surprenant puisque 87 % du territoire français est touché par la désertification médicale. Entre les errances médicales et les temps d'attente (18 mois pour une mammographie, idem pour un rendez-vous chez un rhumatologue), s'il n'y a pas de renoncement aux soins, l'engorgement des urgences devenues le dernier recours est inéluctable. Pourtant, aucun plan ne semble se dessiner. « Pire, le gouvernement prévoit 1 510 postes d'internes en moins, soit 11 % de médecins, au CHU de Nantes. » Réunis à l’appel de l’intersyndicale CGT-CFDT-CFTC-FO-FSU-Solidaires, les manifestants (plus de 200) fustigent les propos du nouveau Premier ministre, Michel Barnier, qui, depuis l'hôpital Necker à Paris le samedi 7 septembre, a encore annoncé des économies. Ces politiques d'austérité conjuguées à une rationalisation de l'hôpital public laissent penser que « tout est sciemment orchestré pour privatiser la sécurité sociale et l'hôpital public », s'inquiète Olivier Terrien.
Certains services comme la pédopsychiatrie, 14 lits dans tout le département, sont au bord de l'implosion, alors que la santé mentale des adolescents s’est fortement dégradée depuis la crise du Covid et que « la mortalité par suicide est 14% supérieure en Pays de la Loire que la moyenne nationale française », selon Vincent Delaunay, chef du pôle psychiatrie et santé mentale au CHU de Nantes. En outre, après le démantèlement de services dans la région, Nantes doit accueillir des patients venus du Maine-et-Loire ou de Vendée – Angers, Cholet, la Roche-Sur-Yon, Blain… « Comment penser le rétablissement d'un patient à des kilomètres de chez lui ? » s'interroge Béatrice Perron-Soubra, infirmière en psychiatrie. Même constat en chirurgie. « Faute de moyens, on envoie des enfants se faire soigner à Paris ou à Bordeaux, alors qu'on a des chirurgiens sur place, c'est absurde », s'insurge un infirmier anesthésiste. « Si nous devions faire face à une nouvelle crise sanitaire, le système de santé s'écroulerait », juge Béatrice Perron-Soubra. Le personnel médical est d'autant plus remonté que le directeur du CHU, Philippe El Saïr, « un bon petit soldat des politiques publiques, gaspille l'argent public à coups de séminaires et autres, s'indigne Oliver terrien. Nous réclamons sa démission et avons saisi le centre national de gestion et la Cour des comptes. » Alors même que des économies de bouts de chandelles privent « le personnel de rab à la cantine ou les personnes âgées et les anorexiques de petits gâteaux », déplore Antoine Malinas.
La santé étant l'affaire de tous, les grévistes sont convaincus que la situation ne pourra évoluer sans une mobilisation des usagers. Ségolène Amiot, députée de la 3ᵉ circonscription de Loire-Atlantique, y voit aussi une responsabilité collective. Celle qui espère se saisir du projet de loi de finances pour agir, encourage les élus locaux à s'emparer du sujet. Elle cite les 57 maires des Côtes d'Armor, qui ont mis en demeure l'État cet été pour réclamer un plan d'urgence d'accès aux soins. La prochaine manifestation à Nantes est prévue le 1er octobre dans le cadre l'appel national en faveur des salaires, des retraites, des services publics et de l'industrie.
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