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SNCF

Défendre l'avenir du fret : pourquoi la CGT-Cheminots et Sud-Rail poursuivront la grève le 11 décembre

4 décembre 2024 | Mise à jour le 9 décembre 2024
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Malgré le retrait de l’Unsa-ferroviaire et de la CFDT-Cheminots, l’appel à la grève reconductible le 11 décembre est maintenu. La CGT-Cheminots et Sud-Rail maintiennent la pression pour obtenir un moratoire sur la privatisation de Fret SNCF, prévue au 1er janvier.

La signature d’un accord entre la direction de la SNCF et les syndicats CFDT et Unsa rebat les cartes de la mobilisation du 11 décembre, organisée pour la défense du fret public. Les deux syndicats, considérant qu’elles ont obtenu des garanties suffisantes quand au transfert des salariés de Fret SNCF vers des filiales de droit privé au 1er janvier (date du démantèlement de l’entreprise publique), ont décidé de ne pas reconduire le mouvement de grève.

L’urgence d’un moratoire

Réunies lors d’une conférence de presse commune le 3 décembre à Paris, elles affichaient pourtant un front uni, main dans la main pour obtenir un moratoire sur le démantèlement. Avec pour mot d'ordre, dans le cas contraire, de poursuivre la grève le 11 décembre au nom « de l'intérêt général ». « Cette demande est équilibrée et elle est juste, a déclaré lors du point presse Thierry Nier. Il y a un intérêt fondamental à accéder à cette exigence », le syndicaliste rappelant que le train public de marchandises, menacé de liquidation, est 14 fois moins émetteur de CO2 que le camion, et répond donc « aux enjeux de décarbonation ».

Les organisations, mobilisées tous azimuts, avaient écrit par ailleurs en début de semaine à la toute nouvelle Commissaire européenne à la concurrence, Teresa Ribera. Elles contestent en effet le maintien du plan de discontinuité (lire notre article sur le sujet) concocté par la France pour satisfaire la Commission européenne. Celui-ci prévoit, au prétexte que l'État aurait versé des aides indues à l'entreprise publique, de séparer Fret SNCF en deux filiales de droit privé et d’ainsi accélérer l'ouverture du marché à la concurrence. Les syndicats, vent debout contre cette privatisation, s'appuient sur l'exemple allemand récent pour obtenir gain de cause, la Commission européenne ayant validé le 29 novembre le versement d'une aide d'État de 1,9 milliard à DB Cargo – l'équivalent de Fret SNCF en Allemagne – pour éponger sa dette.

« Le fret, c'est un bien commun. On peut nous caricaturer et nous traiter de preneurs d'otages, mais il est hors de question que la découpe et la privatisation de la SNCF se fassent en catimini. » Julien Troccaz, de Sud Rail

L'enjeu pour les syndicats du maintien et du développement du fret public est à la fois social – 500 emplois doivent être supprimés -, mais aussi écologique. « La ligne rouge du report modal inversé a été franchi, avec plus de camions sur les routes en 2023. Comment peut-on supprimer des emplois dans le fret en pleine crise écologique ? », s'est indigné Julien Troccaz, secrétaire fédéral de Sud-Rail. Le syndicaliste a par ailleurs pointé un risque : celui de lancer des filiales de droit privé alors que les budgets d'aide votés lors du projet de loi de finance, qui devaient assurer leur viabilité, sont « remis en question à l'Assemblée nationale », du fait de l'instabilité gouvernementale.

Stop au cheminot bashing

Pour les syndicats, un moratoire, que préconisait aussi la commission d’enquête parlementaire sur la libéralisation du fret ferroviaire, s’impose afin de stopper un processus de filialisation au 1erjanvier qui signerait la mort de Fret SNCF. Ils réclament aussi d'être entendus sur un autre point majeur pour l'avenir de l'entreprise publique, celui des financements de l'entretien et du développement du réseau ferré. Sur cet aspect, Fabrice Charrière, secrétaire général de l'Unsa Ferroviaire, a rappelé que « la France était dernière de la classe », avec « 51 d'euros d'investissements par an et par habitant », contre « 477 euros aux Pays-Bas et 215 euros au Royaume-Uni ».

Les syndicats réclament l'ouverture « d'un débat public » et veulent convaincre du bien-fondé de leur mouvement social. De nombreuses opérations de tractage étaient en ce sens organisées le 4 décembre dans les gares afin d'informer les usagers sur les motifs qui poussent les cheminots à se remettre en grève et mettre fin au « cheminot bashing ».