
Attentat contre Charlie hebdo, dix ans déjà
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Soyons rassurés. Nous n'avions pas compris, sots ou médisants que nous sommes. Certes, le 7 novembre, à Charleville-Mézières (Ardennes), participant à la séquence des commémorations de la première guerre mondiale, l'actuel locataire de l'Élysée a assuré que le Maréchal Pétain « a été, pendant la Première guerre mondiale, un grand soldat ». Certes, interrogé sur l'éventuelle présence de Pétain parmi les chefs militaires honorés samedi 10 novembre aux Invalides, il a affirmé que cela serait « légitime ».
Certes, il a prétendu « en même temps » convenir du rôle de Philippe Pétain dans la collaboration de l'État français avec le régime et l'Occupation nazie ET célébrer son rôle militaire de 14-18 : « On peut avoir été un grand soldat durant la Première guerre mondiale et avoir conduit à des choix funestes durant la Deuxième ». Mais le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux nous l'a dit ce jeudi matin : la République ne rendra pas hommage à Pétain. Et non, ce n'est pas là un rétropédalage après le tollé suscité par cette réhabilitation partielle qui ne s'en voulait pas une du seul chef d'État français reconnu coupable de haute trahison et frappé d’indignité nationale.
Il n'empêche. Ce dérapage met d'abord en lumière les impasses de la pensée macronienne prétendument complexe, laquelle semble en l'occurrence s'apparenter davantage à un conglomérat du tout et de son contraire qu'à de la dialectique.
Vichy et Pétain, plusieurs décennies de recherches et de publication des historiens le confirment, c'est la collaboration militaire, policière, politique et économique avec les nazis, les arrestations, tortures et déportations des Résistants, le statut des Juifs que Pétain a précisé de sa main, ce qui a valu d'en envoyer plus de 75.000 dans les camps de la mort. C'est la « révolution nationale » et nationaliste où l'état de droit n'existe plus, avec des « sections spéciales », tribunaux d’exception chargés de condamner des otages désignés par les nazis. C'est un régime de censure et de corporatisme où la formule « travail, famille, patrie » remplace la devise républicaine « liberté, égalité fraternité »… Et un hommage serait possible à celui qui en a été à la tête parce qu'il aurait été trente ans plus tôt un « grand soldat » ?
Ce cafouillage dit aussi un rapport à l'histoire de la « Grande guerre », aux leçons à en tirer, et à la paix. Certes, c'est inédit, les poilus auront leur place au Panthéon. Et Emmanuel Macron entendait, à l'occasion du centenaire de l'armistice en invitant à Paris plus de 60 chefs d'État et de gouvernement le 11 novembre, évoquer la paix, célébrer l'Europe et plaider en faveur du multilatéralisme.
Dès lors, plus que l'exaltation des chefs de guerre qui envoyaient leurs troupes au massacre quotidien, ce centenaire aurait pu être l'occasion d'un bilan. Celui d'une guerre où les puissances coloniales ont redessiné les frontières mondiales, celui de la boucherie que furent ces années 1914 à 1918, décimant et estropiant des générations. Il aurait pu aussi permettre d'envisager une réhabilitation des « fusillés pour l'exemple », ces soldats qui se sont mutinés contre l'horreur. Contre le risque prévisible de cette boucherie, Jaurès s'était engagé jusqu'à son assassinat le 31 juillet 1914 et des femmes et des hommes ont continué à militer tout au long de la guerre contre cet enfer comme Pierre Monatte, fondateur de la Vie Ouvrière.
Quant à la paix, les militants de la CGT Thalès, parmi d'autres, le soulignent une nouvelle fois : à l'heure d'autres guerres, contre les peuples du Yémen, de Palestine, de Syrie, d'Irak… « Nous refusons l'idée selon laquelle les violations aux droits les plus élémentaires de l'Humanité puissent être étouffées au nom d'une sacrosainte course aux profits. Nous nous refusons d'être des complices tacites ». Mais il est vrai qu'en neuf ans, un pays comme l'Arabie saoudite a passé pour plus de 11 milliards d'euros de commandes à la France. Elle est le second client de l'industrie d'armement français derrière l'Inde, et devant le Qatar, L'Égypte et les Émirats.
Finalement, le dérapage élyséen en était-il vraiment un ?
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