24 heures avec Camille Naget, collaboratrice parlementaire
Ces assistants multitâches, aussi disponibles qu’indispensables, œuvrent dans l’ombre des parlementaires. Des petites mains en mal de reconnaissance. Lire la suite
Bastien s'annonce en toquant à la porte entrouverte. « Comment allez-vous aujourd'hui ? », demande le psychomotricien. Le patient allongé sur son lit d'hôpital a la mine des mauvais jours. Après l'avoir aidé à se tourner sur le côté, Bastien balade une balle à picots sur son dos pour tester ses sensations, avant de l'examiner du plat de la main. « Comment vous vous sentez dans votre corps, dans les jambes ? », l'interroge le praticien. « Pas terrible, agacé », répond le grabataire. Au fil de la séance, le monsieur commence à se détendre. « Ce patient se dépréciait beaucoup au début, note Bastien. Lors des premiers entretiens, on apprend à les connaître pour pouvoir les aider en fonction de ce qu'ils vivent psychiquement, de leur histoire et de leur environnement affectif. »
Psychomotricien à l'hôpital gériatrique Pierre Garraud de Lyon, Bastien intervient sur prescription médicale auprès de patients âgés, fragilisés après une chute ou une opération invalidante. « Souvent, ils ont perdu leur schéma-moteur et ne parviennent plus à se mettre debout, avec une tendance à se tenir en arrière à cause de l'angoisse de la chute. » Pour les réconcilier avec leur corps, le thérapeute propose aux patients des séances de rééducation motrice en prenant en compte leur état psychique. « Je ne peux plus marcher, qu'est-ce je deviens ? Cela renvoie à qui je suis, relève Bastien. Les personnes âgées arrivent à l'hôpital avec des questionnements identitaires. Certains se referment, car ils ne se reconnaissent plus. » Un nonagénaire soupire dans son fauteuil. « J'étais fort, je ne le suis plus. » Depuis sa chute, il ne parvient plus à se lever. Bastien, mains sous ses aisselles pour le soutenir, l'invite à pousser sur ses pieds. « Pour l'instant, on ne se lève pas, on essaie juste de se mettre en avant », l'encourage-t-il.
Chambre suivante. Le praticien invite une dame à respirer pour se détendre. « Laissez reposer l'épaule, comme si elle se confiait ». Le jeune homme utilise des techniques de relaxation et d'induction verbale. « Je les aide à gérer des manifestations corporelles, comme des sensations d'étaux. En donnant une représentation à un vécu inconfortable, on peut changer le rapport à la douleur. » « Vous me faites du bien », sourit la dame. Les séances durent entre trois quarts d'heure et une heure environ. « Un temps nécessaire, estime le jeune psychomot', qui porte la blouse depuis neuf ans. C'est gratifiant de voir l'évolution des patients, le retour vers l'autonomie, le fait qu'ils se réapproprient les choses. » Cet après-midi, il accompagnera une dame dans le jardin de l'hôpital. Sa première sortie au grand air, trois semaines après son opération.
Article paru dans Ensemble ! de février 2017
Ces assistants multitâches, aussi disponibles qu’indispensables, œuvrent dans l’ombre des parlementaires. Des petites mains en mal de reconnaissance. Lire la suite
À la filature Fonty, dans la Creuse, où se tissent des pelotes de laine haut de gamme, l’opératrice travaille sur différentes étapes de fabrication, en une mécanique bien... Lire la suite