A la niche, la réforme des retraites
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Gros bonnet de laine blanc enfoncé sur la tête, Aimée, 76 ans défile en s'appuyant sur une canne. La vielle dame est venue en bus du Creusot-Montceau-les-Mines. Elle a débuté dans l'hôtellerie, puis s'est consacrée à l'éducation de ses huit enfants, avant de reprendre sur le tard le travail comme aide à domicile. « Je touche 1050 euros de pension, dont 450 euros de reversion, mon mari est mort cette année, après 53 ans de mariage. Il était maçon. Une fois que j'ai tout payé, il me reste 250 euros pour vivre. Mon loyer est de 478 euros, mon allocation logement a baissé. Je paie 68 euros de facture d'énergie, 30 euros par mois pour une alarme autonomie, ma mutuelle a augmenté de 6 euros par mois ».
Autour d'elle, sur l’esplanade des Invalides, des drapeaux d'unions départementales (Indre, Loir et Cher, Tarn, Seine-Maritime, Nièvre, etc) balayés par le vent témoignent de la présence de manifestants venus de toute la France. « Alors que l'inflation a augmenté de 2,8% en novembre, les pensions (de base et complémentaire) n'ont augmenté que de 1,4% en 2021. La hausse de la CSG a pesé sur certaines. En France, un million de retraités, majoritairement des femmes, touchent le minimum vieillesse, cinq millions entre 1000 et 1200 euros », explique Marc Bastide, secrétaire général de l'UCR-CGT, en tête de cortège. « Depuis 2014, les retraités ont perdu en moyenne 10 à 12% de pouvoir d'achat sur leur pension soit plus d'un mois de pension par an », dénonce l'intersyndicale, qui revendique une augmentation des pensions et une indexation sur les salaires moyens. La CGT va plus loin et milite pour une augmentation immédiate de 300 euros par mois.
Marie-Jeanne a été factrice dans l'Allier et touche un peu moins de 1000 euros. « Je vis en couple, alors à deux, on s'en sort. Mais j'ai élevé seule mes trois enfants et quand on touche un smic, on ne peut pas épargner». Souvent accusés d'être des nantis, des retraités jouent un rôle essentiel dans la société en s'investissant bénévolement dans des associations, des syndicats. Cette génération pilier se retrouve aussi à soutenir à la fois ses enfants en galère d'emploi, de logement, ou encore étudiants, et ses vieux parents en perte d'autonomie. « Trois générations peuvent cohabiter sous le même toit, cette situation peut peser sur les conditions de vie des aidants », constate Marie-Josée Nizon, secrétaire de l'union locale de Vierzon. Elle ajoute : « de plus en plus de femmes, ayant travaillé à temps partiel, se retrouvent à devoir cumuler leur maigre retraite avec un emploi d'aide à domicile, de caisses ou de ménage ».
Attachés aux biens communs, les manifestants ont aussi rappelé l'importance des services publics de proximité, des hôpitaux et de la sécurité sociale. « Il est difficile aujourd'hui de consulter un spécialiste sans dépassements d'honoraires. Une opération de la cataracte, c'est 300 euros par œil. Des retraités, comme d'autres, ne peuvent plus se soigner correctement », se désole Marc Bastide. « La disparition de 115 000 lits en 25 ans dans les hôpitaux et de 100 000 postes de soignants en huit ans a créé une situation catastrophique, avec son lot de drames, surtout pour les retraités qui ne sont pas jugés prioritaires », dénonce l'intersyndicale pour qui « la défense du système de santé et de retraite doit être porté par une Sécurité sociale financée par les cotisations sociales et basée sur la solidarité intergénérationnelle ». L'intersyndicale revendique aussi « un grand service public de la prise en charge de l'autonomie géré par l'assurance-maladie, avec 200 000 embauches dans les EHPAD et 100 000 dans le secteur de l'aide à domicile ».
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