25 mars 2021 | Mise à jour le 25 mars 2021
Face aux difficultés à se loger partout en Europe, les luttes pour le droit au logement se sont intensifiées. Les 27 et 28 mars, dans 21 pays, la « Coalition européenne pour le droit au logement et à la ville » lance une journée d'action. La CGT, la FSU et Solidaires appellent les salariés à y participer.
Spéculation et envolée des prix de l'immobilier, loyers inabordables, pénurie de logements publics, habitat inadapté voire insalubre… Le phénomène est le même dans toutes les grandes villes européennes : les classes moyennes sont poussées en périphérie, les quartiers populaires des centres-ville se « gentrifient », les personnes les plus démunies acceptent un habitat indigne voire se retrouvent à la rue. Non seulement l'accès au logement est de plus en plus difficile partout en Europe mais le droit fondamental à un logement décent est trop souvent bafoué, non sans conséquence sur la santé et la sécurité des personnes ainsi que sur l'éducation des enfants.
Face à cette situation les mouvements de lutte pour le droit au logement se sont intensifiés partout en Europe et en 2014, une trentaine d'associations et de collectifs de différents pays ont décidé de s'organiser en une « coalition européenne pour le droit au logement et à la ville ». Après une première tentative compromise par la pandémie en 2020, la coalition appelle de nouveau à une journée d'action pour le logement dans 21 pays, les 27 et 28 mars prochains.
CGT, FSU et Solidaires appellent les salariés à se mobiliser pour le droit au logement
En France, la journée de mobilisation – « pour le droit au logement, l'arrêt des expulsions et contre le logement cher » – aura lieu le 27 mars, à l'appel de plusieurs dizaines d'organisations qui vont de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) et ATTAC à la Confédération nationale du logement (CNL), Droit au logement (DAL) ou encore AITEC (experts et chercheurs) en passant par des collectifs locaux comme celui du 5 novembre-Noailles en Colère, constitué suite l'effondrement d'immeubles à Marseille.
Les organisations syndicales CGT, FSU et Solidaires appellent plus particulièrement les salariés à se joindre au mouvement « sur l'ensemble du territoire », la CGT Caisse des dépôts et Consignation, la CGT des privés d'emploi et précaires et Indecosa CGT figurant en leur nom propre parmi les premiers signataires de l'appel français.
Prolongation de la trêve hivernale, mais sans réelle perspective pour les mal logés
L'explosion prévisible des expulsions locatives à partir du 1er juin prochain
Si, en raison de la crise sanitaire, le gouvernement a décidé, cette année encore, de reporter de deux mois la fin de la trêve hivernale – empêchant toute expulsion ou coupure d'électricité jusqu'au 31 mai – ce n'est là qu'un court répit accordé aux locataires. En effet, il ne prévoit rien contre l'emballement prévisible des expulsions locatives à partir du 1er juin. Aux personnes qui étaient déjà en procédure d'impayés l'année dernière, viendront s'ajouter celles qui sont victimes de la crise économique liée à la crise sanitaire. 32 % des Français ont ainsi déjà vu leur situation financière se dégrader (sondage Ipsos pour la Fondation Abbé Pierre) or, la moindre baisse de revenu (chômage partiel non compensé, baisse des missions d'intérim, arrêt des pourboires…) pèse lourd sur un petit budget.
De surcroit, dans un contexte où 800 000 emplois pourraient être perdus et le taux de chômage atteindre les 11 %, le gouvernement maintient une politique qui affaiblit à la fois les locataires les plus fragiles (maintien de la réforme de l'aide personnalisée au logement — APL), et le secteur du logement social (ponction sur les recettes des bailleurs sociaux pour les appauvrir afin de pouvoir les livrer au privé, pas de poste dédié à la construction de logements sociaux dans le plan de relance de l'économie…)
« Berlin : les locataires se mobilisent et gagnent ! »
Mais le constat « n'est pas inéluctable », estiment les signataires de l'appel. Ils enjoignent à s'organiser « partout dans le pays et dans nos quartiers », leur communiqué insistant sur l'exemple de Berlin où « plusieurs dizaines de milliers de locataires ont manifesté et ont obtenu que les loyers privés ne dépassent pas 6 à 12 euros le m² » et que les bailleurs fraudeurs soient lourdement sanctionnés.
Outre « Un logement abordable, stable, décent, durable et écologique pour tous, sans discrimination », l'« arrêt des expulsions » locatives et l'« arrêt de la répression contre les sans-abris » et les personnes qui s'abritent dans de l'habitat précaire, l'appel réclame l'« application réelle » des textes protecteurs existants et cite « la loi de réquisition », le « Droit Au Logement Opposable », le « droit à un hébergement décent jusqu'au relogement ». Il revendique également des mesures précises qui marqueraient un changement de politique : la « taxation des plus-values de la spéculation » immobilière, la « revalorisation des APL » et le retrait de leur réforme, l'« augmentation des aides à la pierre », la « limitation des plateformes Airbnb & Co » ou encore « 30% de HLM dans chaque commune en zone tendue ».
Si pour la CGT, la FSU et Solidaires « l'amélioration de l'accès au logement passe nécessairement » par l'accès à l'emploi (« arrêt des licenciements, des suppressions de postes »), « la revalorisation des salaires » et « l'abandon de la réforme de l'assurance chômage », les trois organisations rappellent aussi qu'il faudrait construire « au moins 500 000 logements sociaux par an pour répondre aux besoins ».