Arkema : Le lock-out patronal, déjoué par la CGT
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La « transformation » du régime général en système par points à la suédoise, fondé sur le mécanisme des comptes notionnels, risque de conduire à un abaissement significatif des garanties sociales. Bâti sur le principe de la répartition (les cotisations des actifs financent les pensions actuelles) et des prestations définies, notre régime actuel sert des pensions qui ne reflètent que partiellement les cotisations versées durant la carrière. Il prend en compte certaines situations de la vie comme le veuvage, le chômage ou les périodes de maladie à travers divers dispositifs (pensions de réversion, minimum vieillesse, etc.) qui limitent son caractère contributif et accentuent son caractère solidaire.
Rien de tel avec un système à comptes notionnels qui, lui, est purement contributif. En dépit de quoi celui-ci est présenté comme « moderne » et « plus juste », du simple fait qu'il s'applique de manière indifférenciée à tous, quels que soient le statut, la durée, la pénibilité ou la discontinuité des carrières. Un leurre d'autant plus malin que le système à comptes notionnels fonctionne lui aussi par « répartition ».
La grosse différence avec le régime actuel, c'est qu'avec les comptes notionnels, les cotisations sont cumulées sous forme de capital virtuel de points. Cela crée chez le salarié l'illusion de se constituer une sorte d'épargne qu'il retrouvera lors de son départ en retraite. Or, la valeur des points cumulés ne sera calculée qu'au moment de la liquidation de la retraite en fonction de divers paramètres sur lesquels l'individu n'a aucune prise, notamment la conjoncture économique et démographique du moment. Et cela change tout. On bascule ainsi d'un système à « prestations définies », où les paramètres du calcul de la pension sont connus par avance, vers un système à « cotisations définies », où le niveau de la future pension n'est pas connu, ni garanti.
Dans un système à comptes notionnels, l'âge de départ à la retraite est présenté comme une liberté de choix laissée à chaque individu. Belle aubaine pour son promoteur jupitérien qui omet soigneusement d'en révéler les effets pervers.
Avec ce système, puisque l'âge du départ à la retraite est un déterminant majeur du montant de la pension, les travailleurs sont mécaniquement incités à rester en activité le plus longtemps possible afin de se constituer un « capital retraite » suffisant pour avoir une pension satisfaisante. Sans compter d'autres perversités intrinsèques, comme la non-prise en compte du différentiel d'espérance de vie entre travailleurs manuels et cadres. Si ces derniers peuvent théoriquement agir sur leur capacité à prolonger leur activité, les abîmés de la pénibilité, eux, ne le pourront pas.
Enfin, si le départ à la retraite devient une simple question de choix individuel, quid de la responsabilité des entreprises en matière d'emploi, notamment de l'emploi des seniors, catégorie qu'elles tendent à évincer à partir de l'âge de 50 ans ? Autant d'aspects qui traduisent l'orientation strictement libérale du système de retraite envisagé par Emmanuel Macron, dont la prétendue modernité serait un grand bond vers plus de précarité.
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