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ÉNERGIE

Contre la répression antisyndicale, les salariés de Westinghouse continuent leur combat

11 octobre 2019 | Mise à jour le 14 octobre 2019
Par | Photo(s) : Flickr/lourencotomaz
Contre la répression antisyndicale, les salariés de Westinghouse continuent leur combat

Mobilisés depuis deux ans pour reconquérir leurs droits sociaux et syndicaux abolis par leur direction, les salariés Westinghouse poursuivent leur combat. À quelques semaines des élections professionnelles, dont Westinghouse veut exclure la CGT, ils bénéficient du soutien de la FNME et de la FTM CGT et des agents d'EDF.

C'est une bataille syndicale de longue haleine. Où, depuis plus de deux ans, s'entremêlent des revendications salariales classiques comme la revalorisation des salaires ou l'amélioration des conditions de travail, et des revendications inhabituelles, comme celle de ne pas être exclus, en tant que syndicat CGT, du droit de participer aux élections professionnelles de novembre 2019.

Le conflit démarre en juin 2017, au moment où la maison mère américaine Westinghouse fait absorber WSN (Westinghouse Service Nucléaire par sa filiale française WEF [Westinghouse Electric France]. La fusion permet alors à la direction d'évincer les élus de CGT, syndicat majoritaire de WSN jusqu'en 2016.

C'est que la CGT défend les droits des salariés quand la direction de Westinghouse voudrait contenir les revendications salariales, abaisser les conditions sociales et continuer à recourir massivement à la sous-traitance en cascade avec mise en concurrence des salariés pour garantir un moindre coût de la prestation confiée par le donneur d'ordre, EDF.

 Low cost versus sécurité

Westinghouse tire 80 % de son chiffre d'affaires de ses contrats avec EDF. Et EDF a conditionné l'attribution de ses marchés du contrôle et de la maintenance de ses installations nucléaires au coût le moins élevé. Autrement dit, au détriment de la qualité du service rendu sinon de la sécurité des salariés et des populations. Comme le souligne la CGT, de telles prestations qualifiées « d'importantes pour la sûreté des centres nucléaires » ne devraient jamais souffrir du moins-disant social.

C'est pourtant ce qui se joue dans l'entreprise. Exemples : le projet de recours accru à de la sous-traitance en cascade peu ou mal qualifiée ou le refus de la direction d'intégrer les résultats de l'activité de manchonnage [contrôle et maintenance du faisceau tubulaire des générateurs de vapeur] au calcul de l'intéressement.

Des régressions sociales, et environnementales, que conteste la CGT de Westinghouse Securité nucléaire [WSN]. Le syndicat revendique au contraire des conditions sociales de haut niveau et d'intérêt général. D'où de nombreuses grèves depuis 2017. « Le fonctionnement d'un réacteur nucléaire doit s'effectuer dans une sûreté maximale, sans impacts pour l'environnement et la population », rappelle Damien Geoffroy, RSS-CGT de WSN.

 Répression et casse sociale

C'est donc face à cette détermination que la direction s'est employée à réprimer les élus CGT de l'ex-WSN et à les empêcher de participer aux élections. Pour éliminer les garanties sociales antérieurement conquises. « La fusion/absorption de WSN par WEF a permis à la direction de casser un pacte social d'entreprise qui, entre autres garanties, fixait surtout un cadre limitant le recours à la sous-traitance externe », précise Damien Geoffroy. De même a été décidée une baisse des salaires de l'ordre de 20 à 30 % à travers un accord [signé par la CFE-CGC] sur l'annualisation du temps de travail.

 Mobilisations des salariés

S'enchaînent alors grèves et mobilisations dans toutes les centrales EDF où les nomades du nucléaires de Westinghouse interviennent.

Réunis en assemblée générale en juin 2017, les salariés de WSN de divers sites [Paluel, Orsay, St-Laurent des Eaux, Golfech…] décident d'enclencher un mouvement social qui a pour objectif de récupérer l'ensemble des conquêtes sociales et syndicales abolies à l'occasion de la fusion. Sans surprise, la direction va alors déployer une politique de répression-intimidation-sanctions envers les anciens élus CGT qu'elle considère comme les meneurs de la fronde.

 Menaces de licenciements contre retour en force de la CGT

Voici deux ans qu'ont lieu régulièrement des débrayages de 2 h à 3 h par poste. Et la direction le comprend : pour les élections du CSE en 2019, un retour en force de la CGT est à prévoir.

Westinghouse décide alors d'enfoncer le clou. Et de licencier les dix anciens élus et mandatés CGT dont la fusion WSN/WEF l'avait débarrassée. « En plein mois d'août, nous avons tous reçu des convocations à un entretien préalable, suivies de sanctions disciplinaires dont un licenciement déjà acté à ce stade », relate le RSS qui est lui-même sanctionné d'une mise à pied conservatoire de trois jours au moment où nous rédigeons cet article.

 EDF invitée à prendre ses responsabilités

Alertées de cette situation par la CGT de l'Essonne qui assiste Damien Geoffroy et où Westinghouse tient son siège, la FNME-CGT et la FTM-CGT ont décidé d'intervenir. Et d'abord auprès de la direction de Westinghouse, pour exiger l'arrêt immédiat de ces procédures de licenciement, la réintégration dans leurs droits des sanctionnés et l'ouverture négociations, avec la CGT, pour la mise en place du CSE et des élections professionnelles de novembre.

La direction d'EDF, en tant que donneur d'ordre de Westinghouse, a également été alertée et invitée à prendre toutes ses responsabilités dans la résolution de ce conflit qui, à l'approche des élections professionnelles et en pleine contestation du plan Hercule, menace de devenir explosif.

Contacté par la NVO, le service de relations presse d'EDF n'a pas encore donné suite à notre demande d'entretien. De son côté, la Fnme-CGT a mis à profit la journée de mobilisation et de grève des agents d'EDF du 19 septembre contre le projet Hercule, pour faire massivement signer une pétition de soutien aux salariés de Westinghouse.