13 janvier 2020 | Mise à jour le 13 janvier 2020
Les procédures judiciaires à l'encontre de la CGT se multiplient dans l'Allier où la répression syndicale vire à l'acharnement. En témoigne cette nouvelle convocation, mardi 14 janvier, du secrétaire général de l'union départementale
Il devrait y avoir de l'animation mardi 14 janvier, devant le tribunal de Montluçon, dans l'Allier. Nombreux sont en effet les militants CGT attendus pour accompagner et soutenir le secrétaire général de leur Union départementale, convoqué devant les juges. Une convocation qui n'étonne plus Laurent Indrusiak. « Mardi matin, ce sera ma quatorzième convocation depuis 2015 », constate-t-il. « Dix fois au commissariat, une fois à la gendarmerie, avec des gendarmes débarquant chez moi un dimanche matin pour m'amener ma convocation, et mardi, ce sera la troisième fois devant les juges. »
Multiplication des procédures contre des syndicalistes
Une « multiplication des procédures » dont les motifs sont parfois, souvent, plus que douteux. « Mardi, je suis convoqué pour trois affaires. Une manifestation non déclarée qui était un rassemblement devant une gare contre la fermeture des guichets et ma présence lors d'une manifestation de retraités pour leur pouvoir d'achat. Le dernier dossier étant un peu plus lourd puisqu'il s'agit du blocage d'un axe routier à l'entrée de l'autoroute avec des feux de palette et de pneus pendant la grève des cheminots en 2018 pour lequel on nous accuse de dégradation de biens publics et d'entraves à la liberté de circulation et à la liberté du travail » détaille Laurent.
Et le secrétaire général de l'UD n'est pas le seul à fréquenter le tribunal bourbonnais. « La secrétaire de l'union locale de Montluçon doit en être à 6 ou 7 convocations. Elle était encore devant les juges le 24 décembre dernier. Pour une manifestation non déclarée. On ne peut plus faire un seul rassemblement sans être inquiétés. »
Instrumentalisation de la justice
Difficile de ne pas voir là la manifestation d'« une répression syndicale à travers l'outil judiciaire pour mettre en difficulté l'action syndicale et empêcher l'action de la CGT », comme le résume Laurent Indrusiak. D'autant que, « dans 80 % des cas, les actions sont conduites en intersyndicale, que ce soit dans les appels lancés ou dans les faits, mais seule la CGT est inquiétée ».
Un acharnement que le secrétaire général de l'Allier fait remonter aux manifestations contre la loi El Khomri, en 2016, et un changement de stratégie gouvernementale consistant à « cibler les premiers dirigeants ». Changement de stratégie « très prégnant dans la ville de Montluçon » où, selon lui, « l'on pourrait également se poser la question de la couleur politique du maire [Les Républicains, NDLR], mais aussi celles de commissaires en poste à Montluçon particulièrement hostiles à l'action syndicale ou du procureur qui nous ont dans le nez. Historiquement, Montluçon est le plus gros bassin d'emplois du département, c'est aussi là où forces de la CGT sont les plus nombreuses ».
Un large soutien des militants syndicaux
Reste que Laurent Indrusiak n'est pas seul. Il y a les militants « outrés », « en colère », qui répondent présents dès qu'il le faut. Ils étaient encore 250 pour soutenir le secrétaire de l'UL le 24 décembre. Mais pas qu'eux. « Tout le monde sent bien que tout cela n'est pas normal », se félicite le secrétaire général départemental. « L'intersyndicale de l'Allier a décidé d'appeler à une manifestation le jour du procès et celle de la Creuse va venir les rejoindre. On attend des bus du Puy-de-Dôme et même de Grenoble, dans l'Isère. La solidarité s'exerce à plein. »