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CLIMAT

Les États sous la pression de la société civile pour la lutte climatique

17 septembre 2021 | Mise à jour le 17 septembre 2021
Par | Photo(s) : Julien Muguet / Hans Lucas
Les États sous la pression de la société civile pour la lutte climatique

Paris, France le 8 septembre 2018 — Mobilisation à Paris pour « la marche pour le climat » à l’appel d’un citoyen via Facebook coïncidant avec le mouvement mondial « Rise for climate ». Au pied de la statue, place de la République, des manifestants tiennent des pancartes « Penser sa vie et vivre sa pensée » et un tournesol « Rise for climate, debout pour le climat ».

Confronté à l'inaction des pays face à l'urgence climatique, le mouvement citoyen se déploie à l'échelle mondiale. De nouvelles convergences voient le jour entre syndicats et organisations environnementales.

Ces dernières années ont été marquées par le sursaut de la société civile sur la question climatique. Les « marches pour le climat » se sont multipliées à l'appel du mouvement mondial « Rise for Climate » ainsi que les grèves scolaires de lycéens, dans le sillage de la jeune suédoise ­Greta Thunberg, relayée par le réseau transnational « Youth for Climate ».

Écocide :  fait de tuer notre maison commune (du grec oikos, «maison», et du latin occidere, «tuer»)

Des actions plus radicales se sont déroulées, soutenues par « Extinction Rebellion », tandis que d'autres choisissaient la voie des tribunaux, dans l'élan planétaire de procès intentés par des associations issues du mouvement « End Ecocide* on Earth ». En France, l'action en justice baptisée « l'affaire du siècle » a ainsi fait reconnaître la faute de l'État, incapable de tenir ses ­engagements de réduction des gaz à effet de serre.

Plus de vingt-cinq ans sans agir malgré les premières COP

Tout commence en 1992. Pas moins de 178 pays ratifient alors la Convention-cadre de l'ONU sur le changement climatique au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro (Brésil). Le texte engage ses signataires à tenir une Conférence des parties (COP) tous les ans pour trouver des solutions concrètes au réchauffement climatique. La première COP s'est tenue en 1995, à Berlin, mais en 2021, la COP26 (Glasgow, au Royaume-Uni, du 1er au 12 novembre) en est encore à favoriser la mise en œuvre de l'accord de Paris (COP21 en 2015).

Conscients de l'urgence climatique, qui s'inscrit de plus en plus dans leur expérience vécue, les citoyens pressent pourtant les États de passer des engagements aux actes. Et, alors qu'il n'y a pas si longtemps le sujet était affaire de spécialistes, tout le monde veut désormais participer aux prises de décisions, au-delà des formes traditionnelles de représentation. En particulier les jeunes. Ayant grandi au rythme des COP, ils mesurent l'inefficience des États et des politiques sur un sujet aussi grave que l'avenir de la vie sur Terre, autrement dit le leur, selon les scénarios les plus catastrophistes.

Nouvelles convergences

À chaque COP, les acteurs non gouvernementaux (ONG, entreprises, villes, citoyens, syndicats…) essaient toujours de représenter aux mieux la société et de travailler avec les États comme observateurs, via du lobbying, etc. Or, depuis une dizaine d'années, ayant compris qu'ils ne parviendront pas à changer la donne de l'intérieur, les mouvements citoyens se sont déployés au niveau mondial.

Avec d'autant plus de succès que ces citoyens sont en colère contre des pouvoirs politiques qui misent tout sur la croissance, au mépris des inégalités et d'une transition écologique juste. Dès lors, les revendications mêlent de plus en plus les questions économiques, environnementales, sociales, politiques et désormais sanitaires, ouvrant la voie à de nouvelles convergences. En France, les premières organisations syndicales de travailleurs ne s'y sont pas trompées. Elles se sont alliées avec d'autres organisations de la société civile, notamment environnementales. La CFDT au sein du « Pacte du pouvoir de vivre » (2019) et la CGT via le collectif « Plus jamais ça ! » (2020).

Risque d'actions radicales

Afin, aussi, de « construire de larges coalitions, à l'échelle internationale, au service d'un véritable rapport de force sur les questions sociales et environnementales », la CGT s'est tournée vers ses partenaires sur tous les continents. Mi-juin, avec 14 syndicats et ONG, elle a organisé un « Forum syndical international des transitions écologiques et sociales » qui s'est voulu à la fois « participatif » et « partant des expériences de terrain ».

D'ailleurs, le premier des six axes revendicatifs de l'appel collectif final – destiné à la COP26 et « aux alliés avec qui nous luttons » – est la participation des travailleurs aux processus de décision sur le lieu de travail. Les suivants portent sur la maîtrise publique des activités impactant l'environnement ou encore de l'élaboration de critères de conditionnalités strictes aux plans de relance.

Si, dans leur diversité, les mouvements de la société civile réussissent à faire franchir un cap aux mobilisations citoyenne pour le climat, rien ne permet de dire qu'ils feront accélérer les États. Ni qu'ils préserveront d'actions plus virulentes venant des premiers concernés, les jeunes ou encore les personnes les plus exposées aux risques climatiques. Toutefois, comme l'ont montré le manifeste des « 343 salopes » défiant la loi pour gagner la libéralisation de l'avortement ou Act Up, dans la lutte contre le sida, les chocs poussent aussi les sociétés à avancer.

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