Répression syndicale : la CGT tire le signal d'alarme
Mardi 4 juin, un meeting pour les libertés syndicales s'est tenu à Montreuil (Seine-Saint Denis), au siège de la CGT. Plusieurs militants et militantes dont des secrétaires... Lire la suite
Matinée grise en ce vendredi 8 décembre pour Myriam Lebkiri, co-secrétaire générale de l'Union départementale du Val-d'Oise et membre du Bureau confédéral de la CGT ainsi que Marc Roudet, membre de la Commission exécutive de l'UD 95, tous les deux convoqués à la gendarmerie de Pontoise (95). Que leur est-il reproché? une « dégradation légère d'un bien par inscription » et « menace, violence ou acte d'intimidation envers un élu public en vue qu'il accomplisse ou s'abstienne d'accomplir un acte de sa fonction, de sa mission ou de son mandat». A l’origine de cette affaire, une plainte déposée par la députée Renaissance de la première circonscription du Val-d'Oise (95), Emilie Chandler. Concrètement, les faits remontent à la mobilisation contre la réforme des retraites. Des militants CGT de Pontoise avaient alors seulement collé des affiches au format A4, sur une permanence de député avec des slogans revendicatifs comme « On lâchera rien » ou « La retraite à 62 ans, c'est non ». Une intersyndicale composée de la CFDT, CFTC, FO, FSU, Solidaire et la CGT a rassemblé une centaine de personnes venues en soutien devant la gendarmerie pontoisienne, parmi lesquelles la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Musique et prise de parole dénonçant un « mépris de la démocratie» se font tambour battant dès 9h00 pour donner de la force aux deux militants qui sont attendus à 9h30 par la gendarmerie.
Myriam Lebkiri révèle que les forces de l'ordre ont débarqué chez elle sans prévenir, en présence de ses enfants. « Quelle image donne-t-on à ses enfants quand on est convoqué par la police alors qu'on défend l'intérêt des travailleurs et des travailleuses de ce pays ? En convoquant les premiers dirigeants syndicaux, le message est clairement de décomplexer la répression syndicale, en manifestation mais surtout dans les entreprises » s'insurge-t-elle. Depuis ces derniers mois, les convocations en justice des syndicalistes se sont multipliées, la CGT n'en dénombre pas moins de 1000 dans ses rangs. Myriam Lebkiri est le deuxième membre du bureau confédéral, la plus haute instance dirigeante de la CGT, à avoir été convoqué par les forces de l’ordre, après Sébastien Ménesplier, convoqué par la gendarmerie le 6 septembre dernier. Celui-ci, dirigeant de la fédération mines-énergie étant lui, soupçonné de « mise en danger d’autrui » à la suite de coupures d’électricité, toujours dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites. « Traiter les syndicalistes comme des voyous ou des terroristes, c'est grave et cela démontre que le néolibéralisme a un problème avec la démocratie. Leur dernière arme, c'est la répression syndicale pour toutes celles et ceux qui ne sont pas d'accord avec les politiques de la classe dominante. Nous trainer devant les tribunaux est une stratégie de décrédibilisation de toute forme de contestation faisant croire que nous sommes des délinquants, au motif que nous ne sommes pas d'accord avec eux », s'indigne Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. La « numéro un » de la CGT n'a pas manqué de rappeler à la première ministre, Elisabeth Borne, dans un courrier que ce « contexte de répression syndicale est inédit depuis l'après-guerre ».
L'audition des deux prévenus aura duré une heure et demi. « J'ai été relâchée, je ne suis pas en garde à vue, ironise Myriam Lebkiri, mais je prends le sujet très au sérieux, car je me rends compte que la CGT est très fortement réprimée et c'est très inquiétant pour la liberté syndicale et d'expression. » Outre cette convocation, les moyens qui mis en place pour traquer les syndicalistes, allant jusqu'à infiltrer leurs téléphones portables., interroge. « Ce qui est choquant dans cette affaire, c'est de mettre autant de moyens d'investigation pour avoir couvert des mobiliers urbains de feuilles au format A4 avec des slogans revendicatifs apposés dessus. C'est exactement le mode opératoire pour s'infiltrer dans les réseaux de trafics de drogue. Je suis frappé et inquiet que des faits de cette nature face l'objet de ce genre procédure», insiste maître Julien Brault, avocat de Myriam Lebkiri.