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INDUSTRIE

Accident industriel à la raffinerie de Donges : « Il faut relever le niveau de maintenance »

16 septembre 2024 | Mise à jour le 16 septembre 2024
Par | Photo(s) : Loic Venance
Accident industriel à la raffinerie de Donges : « Il faut relever le niveau de maintenance »

À la raffinerie TotalEnergies de Donges en Loire-Atlantique, le verdict tombe deux ans après une fuite d'essence et confirme l'existence d'un risque sur la santé humaine. Pour la CGT Total, il faut renforcer la maintenance préventive.

Le 21 décembre 2022, une fuite de 700 000 litres de Naphta, un mélange d'hydrocarbures riche en benzène, est survenue à la raffinerie TotalEnergies de Donges, classée site Seveso. Ce n'est que deux ans plus tard, le vendredi 6 septembre 2024, qu'un rapport, a priori connu de l'industriel depuis janvier 2023, est rendu public. Selon nos confrères de Splann, il n'exclut pas l'existence d'un risque sanitaire et confirme qu'il y a bien eu une « exposition aigüe » des riverains au benzène, substance classée cancérogène.

Ce jour-là, Total avait immédiatement dépêché une équipe sur place pour contenir la fuite grâce à un tapis de mousse. Si l'industriel a pu éviter une pollution en sous-sol après avoir excavé plus de 11 000 tonnes de terre, un rapport de l'association Air Pays de la Loire du 13 janvier 2023 mettait déjà en évidence « des élévations des concentrations en de composés organiques volatiles dans l'air ». Mais au diable le principe de précaution, malgré les odeurs d'essence ressenties jusque dans certains quartiers de la ville, la préfecture et l'industriel s'étaient voulus rassurants à l'époque, excluant tout risque sanitaire pour la population. Pour le député Matthias Tavel (LFI), « la rétention d'informations par Total est inacceptable alors que la transparence est nécessaire pour rétablir la confiance », faisant référence à l'usine Yara à Montoir-de Bretagne, pollueuse multirécidiviste.

Total minimise les risques

Des collectifs d'habitants inquiets, à l'image de l'Association environnementale dongeoise des Zones à Risques et du plan de prévention des risques technologiques ne décolèrent pas. Ils réclament une enquête auprès de l'inspection générale des affaires sociales. Présent au dernier comité de suivi du site vendredi, jour de la publication du rapport, David Arnould, délégué CGT Total constate que « la direction de Total continue de minimiser les risques et qu'à aucun moment elle ne s'interroge sur son procédé de production ». Or pour lui, c'est là que réside une grande partie du problème. Car à vouloir répondre à tout prix à son objectif premier de rentabilité, TotalEnergie négligerait l'emploi et la sécurité. Le militant mentionne une cinquantaine de suppressions de postes – soit 570 salariés contre 620 avant- et un recours toujours plus important à la sous-traitance.

Il y a une grande précarisation des travailleurs liés à la sécurité du site , David Arnould, militant syndical CGT

Autant de stratégies délétères pour la sécurité des travailleurs et des riverains, auxquelles s'ajoute selon le délégué syndical, un assouplissement des normes de maintenance depuis vingt ans. À ce titre, il rappelle que la fuite en 2022, est immédiatement liée à une absence de maintenance préventive sur les outils d'équipement du bac en question. « Il faut nous interroger sur la norme et sur comment les pouvoirs publics contraignent les industries privées, d'autant plus celles classées site Seveso. » Pour David Arnould, « le rapport Ineris ne fait que confirmer ce que l'on savait déjà : les riverains et les salariés, notamment ceux qui sont intervenus en urgence sur la fuite, ont été exposés au benzène ».

Matériel inadapté

Le militant syndical fait référence à des sous-traitants qui seraient intervenus avec un matériel de protection inadapté, notamment des masques à ventilation assistée. Pour travailler en sécurité et assurer celle des riverains, les militants de la CGT Total réclament des effectifs qualifiés en nombre suffisant, plus de budget pour assurer une maintenance préventive et un renforcement des normes. « En tant que salariés nous nous mobiliserons pour nos conditions de travail, mais encore faut-il que le législateur réponde présent également. » Comme un rappel à l'ordre, une fuite d'hydrogène, sans incidence, s'est produite mardi 10 septembre 2024 à la raffinerie.