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MÉTALLURGIE

La sidérurgie souffre, des propositions existent

16 septembre 2024 | Mise à jour le 16 septembre 2024
Par | Photo(s) : Mathieu Dréan
La sidérurgie souffre, des propositions existent

Mobilisation des salariés d'ArcelorMittal à Dunkerque le 13/09/2024

Le 13 septembre, la CGT Métallurgie a organisé des rassemblements dans les sites ArcelorMittal de Dunkerque, Reims, Florange et Fos-sur-Mer, répondant à un mot d’ordre du réseau syndical mondial IndustriAll. Au centre des revendications : une meilleure sécurité au travail et une véritable politique industrielle pour le secteur.

« Ecrasé, tombé, brûlé, asphyxié, heurté par un objet, renversé par un véhicule, victime d’une explosion… » Voilà quelques-unes des causes des 314 décès comptabilisés entre 2012 et 2023 par le réseau syndical mondial IndustriAll chez ArcelorMittal, dans des mines et des aciéries du Kazakhstan, d’Afrique du Sud, du Brésil, d’Espagne, de France, du Maroc, d’Ukraine, de Pologne, des Etats-Unis… Et c’est pour proclamer « Halte aux morts chez ArcelorMittal ! » qu’IndustriAll appelait, vendredi 13 septembre, à des rassemblements dans les sites du monde entier du géant de l’acier.

Mobilisés partout en France

En France, la CGT Métallurgie a organisé la mobilisation à Dunkerque, Reims, Florange et Fos-sur-Mer. Le tract d’IndustriAll distribué à cette occasion assure que « l’entreprise s’attache à tirer le maximum des actifs, au lieu d’investir dans les processus de mise à niveau et de sécurité nécessaires, ce qui entraîne des accidents et des décès prévisibles et évitables. […] La vie des travailleurs ne doit pas être sacrifiée sur l’autel des profits des entreprises. »

Nous rencontrons de plus en plus de problèmes de sécurité et nous n’avons jamais eu autant de démissions

A Dunkerque, Gaëtan Lecocq, de la CGT ArcelorMittal, confie ainsi :« Nous rencontrons de plus en plus de problèmes de sécurité et nous n’avons jamais eu autant de démissions, même chez les cadres, victimes de burn-out. Ils sont alors remplacés par des cadres spécialisés dans les restructurations. » Son camarade Philippe Verbeke, représentant la fédération CGT Métallurgie et salarié du site voisin, ArcelorMittal Mardyck, rappelle qu’«un haut-fourneau a flambé l’année dernière » à Dunkerque et que le drame a été évité de justesse. Face à cela, la CGT revendique « des investissements dans l’outil de production, au service des conditions de travail et de l’environnement », ainsi que « la relance de la recherche-développement ».

Des contreparties claires aux aides publiques

Plus généralement, le syndicat réclame à l’État une politique industrielle pour la sidérurgie, avec « une prise de participation de l’Etat » dans les groupes, voire « la nationalisation si nécessaire ». Mais aussi des « contreparties claires aux aides publiques », des augmentations de salaires, des embauches ou encore des départs en retraite anticipés pour tenir compte de la pénibilité.

Toute une filière concernée

Au-delà d’ArcelorMittal, c’est une filière sinistrée qui a été décrite ce 13 septembre, entre les batailles d’actionnaires chez ThyssenKrupp et les redressements judiciaires de Valdunes et Ascometal, suivis de rachats, avec toutes les incertitudes que cela comporte. Mais l’occasion, aussi, de rappeler que des propositions existent. En 2013, une commission d’enquête parlementaire sur l’avenir de la sidérurgie recommandait ainsi « des prises de participation significatives [de la Banque publique d’investissement] » dans les entreprises du secteur ou encore de porter à au moins 2% du chiffre d’affaires l’investissement en recherche-développement.

La responsabilité des donneurs d’ordres vis-à-vis des sous-traitants

Plus récemment, en mai 2020, des députés de gauche déposaient un projet de loi inspiré de la situation des salariés du sous-traitant automobile GM&S, dans la Creuse, abandonnés par Renault et PSA. Ce texte reconnaît la relation inégale et la responsabilité sociale, économique et environnementale du donneur d’ordres vis-à-vis du sous-traitant. Il impose également une participation des sous-traitants dans les décisions stratégiques des donneurs d’ordres et une négociation en cas de restructuration ou de réductions d’effectifs chez les premiers. « Ce projet est une réponse forte à la précarité croissante dans le secteur industriel », assure la CGT Métallurgie. Jamais débattu dans l’hémicycle, il pourrait être à nouveau déposé lors de la prochaine législature.