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JUSTICE

A la PJJ, la colère continue de répondre au mépris

24 septembre 2024 | Mise à jour le 24 septembre 2024
Par | Photo(s) : Ludovic Finez
A la PJJ, la colère continue de répondre au mépris

Le 19 septembre, les agents de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) se sont mis en grève pour la troisième fois depuis mi-août. Ces professionnels, chargés notamment de suivre les mineurs faisant l’objet d’une décision de justice, n’acceptent pas les suppressions de postes, dans une institution qui fonctionnait déjà en sous-effectif.

« On perd une secrétaire et un éducateur, soit vingt gamins qui ne seront pas suivis. Pourtant, on était déjà en sur-activité et on devait recruter une personne. » Hervé Brocail, secrétaire adjoint de la CGT PJJ pour la zone Grand Nord, travaille dans l’unité éducative en milieu ouvert (UEMO) de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), à Lens, dans le Pas-de-Calais. Comme tous ses collègues, il a pris de plein fouet, fin juillet, les annonces de restrictions budgétaires faites par la direction nationale de la PJJ. Soit le « non-renouvellement de plus de 500 collègues contractuels à la PJJ » selon l’intersyndicale FSU, CGT, Unsa et CFDT (1).

Que vaut la promesse de 238 signatures de CDD ?

Ce 19 septembre était la troisième journée de grève à la PJJ, après celles des 14 et 29 août. « Ces mobilisations ont permis d’obtenir dans un premier temps le dégel de 3 millions [d’euros] de la réserve budgétaire du ministère [de la justice] », soulignent les syndicats. Mais, devant les revirements et informations contradictoires qui se multiplient depuis, ils accueillent avec prudence l’annonce de 238 signatures de CDD en octobre, qui, de toute façon, ne combleraient pas les besoins. A Lille, cette journée de mobilisation a débuté par une assemblée générale qui a réuni à la Bourse du travail une cinquantaine d’agents de la direction interrégionale Grand Nord (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Oise) et s’est terminée par un rassemblement devant le siège interrégional, où une délégation a été reçue.

A Laon, l’unité éducative de jour est suspendue

Pendant l’entrevue, Julien Vicaine, responsable pour l’Aisne et l’Oise de la FSU-PJJ, nous détaille les conséquences catastrophiques de la purge en cours. « L’unité éducative d’activité de jour de Laon [Aisne] a été suspendue. Elle pouvait accueillir jusqu’à 24 jeunes en décrochage scolaire, qui ont le statut de stagiaires de la formation professionnelle, indemnisés 220 euros par mois. Deux profs techniques, sur les trois qui y travaillent, ont été virés cet été. Celui qui reste et les trois éducateurs ont été transférés dans d’autres services. »Un éducateur lensois évoque, lui, un jeune libéré au bout de cinq mois de détention à la prison de Longuenesse (Pas-de-Calais), qui devait intégrer un centre éducatif fermé (CEF). « Mais il a fermé. Donc le jeune a réintégré sa famille, un milieu peu propice à son évolution. Et il retombe déjà dans ses travers », détaille-t-il. Des économies qu’Hervé Brocail n’arrive pas à digérer, quand il se souvient d’une journée organisée en juin au CEF de Bruay (Pas-de-Calais), avec 200 convives autour de la directrice nationale de la PJJ, pour un coût, selon lui, de 8 000 euros.

48 postes « débloqués » mais 110 non pourvus sur la zone Grand Nord

Sur les 238 contrats « débloqués » au national, la zone Grand Nord devrait en récupérer 48. Quand exactement ? Pour combien de temps ? Les détails tardent. Et surtout, c’est peu de choses face aux « 110 postes non pourvus », ce qu’aurait lui-même reconnu le directeur de la PJJ Grand Nord au cours de l’entrevue, selon Emmanuel Selliez, secrétaire régional de la CGT PJJ. Quant à l’Ile-de-France, ce sont un millier de mesures décidées par des juges des enfants qui seraient en attente d’exécution, faute par exemple de places dans des établissements de placement.A l’assemblée générale lilloise du matin, l’écœurement était palpable, mais aussi la colère et la détermination, avec une volonté claire de poursuivre la mobilisation. Des rassemblements réguliers avec distribution de tracts devant les tribunaux, où les éducateurs accompagnent régulièrement les mineurs qu’ils suivent devant le juge des enfants, ont ainsi été évoqués.

(1) La NVO.fr a contacté le service presse de la PJJ, qui n’a pas donné suite à nos questions.