Les Bibs de France et de Navarre devant le siège de Michelin
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Depuis le début de la matinée, les pneus flambent devant l'usine Michelin de Cholet (Maine-et-Loire). « Trimer tant d'années pour se faire jeter » ou « Honte à la direction », la colère des salariés du leader français de pneumatique se lit sur les banderoles fixées aux murs du site. Le couperet est tombé le 3 novembre dernier à la télévision : les usines Michelin de Cholet et de Vannes (Morbihan) seront fermées définitivement d'ici 2026 entraînant une suppression de 1400 emplois. Ce vendredi 8 novembre à Cholet, ils sont plusieurs centaines, salariés et de syndicats, dont la CGT et SUD à s'être rassemblés devant leur usine pour le moment à l'arrêt. « Nous nous sommes mis en grève 2 jours après cette annonce. Nous avions tout de suite compris que dans cette fermeture brutale, il n'y avait pas de dialogue social. Cela montre le vrai visage de Michelin. », déplore Jack Roux, agent qualité et syndiqué à la CGT. Le salarié fort de 25 ans d'ancienneté dénonce une « hypocrisie totale des managers sous couvert d'accords de confidentialité. Des responsables n'ont pas hésité à nous pousser à travailler davantage alors qu'ils étaient au courant de la fermeture. ». Entre colère et sentiment de trahison, les salariés ont ensuite manifesté contre la fermeture de leur entreprise dans la zone industrielle choletaise.
Non, ce n'est pas la concurrence chinoise
Pour justifier ces fermetures, la direction invoque des difficultés économiques et de compétitivité notamment face au marché chinois. Pourtant, le leader mondial du pneu qui emploie 19 000 salariés en France et 132 000 dans le monde, a enregistré un bénéfice record de 3,6 milliards d’euros en 2023. « Le marché chinois n'a rien à voir avec la fermeture de nos usines, nous sommes tous au courant que Michelin délocalise en Europe, notamment en Pologne, où la main d'œuvre coûte moins cher. » dénonce David Goubaud, réparateur avant cuisson et secrétaire général CGT Michelin Cholet. Comble pour Michelin qui disait en avril dernier vouloir mettre en place un salaire décent. D'ailleurs, sur FranceInfo ce mardi 12 novembre, la secrétaire générale de la CGT explique que les patrons sont responsables de cette situation : « la stratégie de ces dirigeants n'a été que d'augmenter leurs marges et leurs profits pour toujours plus de dividendes aux actionnaires. Michelin organise sa concurrence lui-même en dupliquant ces sites de production au niveau international. » Chaque usine a donc son doublon dans un autre pays. Se faisant, Michelin met en concurrence ses propres sites, impactant les droits et les salaires des employés, jusqu'au licenciement.
Un impact social et économique
Dans le bassin choletais, habitants et commerçants sont inquiets. À l'instar de Claire Delaunay, responsable de l'établissement V and B, proposant un service de restauration, situé à 10 minutes à pied de l'usine Michelin. « On est forcément inquiet de ce qui se passe, bien sûr concernant l'aspect économique, mais aussi social. Beaucoup de nos clients travaillent chez Michelin et viennent régulièrement se restaurer chez nous ». Pour beaucoup de ces salariés, retrouver du travail sera un parcours du combattant, notamment pour ceux qui ont plus de 45 ans. Les plus jeunes, quant à eux, s'inquiètent de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de leur enfant ou de rembourser leur prêt immobilier. « On commence déjà à prévoir des économies avec mon épouse, beaucoup de nos projets tombent à l'eau », déplore Gaëtan, 30 ans, cariste chez Michelin. La CGT a appelé l'ensemble des salariés à manifester ce mercredi 13 novembre à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) où se situe le siège du groupe.
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