Travailleurs migrants : victimes condamnées
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Selon les Nations Unies, la Journée internationale des migrant.e.s, célébrée chaque 18 décembre, est l’occasion de « mettre en lumière les contributions inestimables de millions de migrants dans le monde ». Force est de constater qu’en France, la politique migratoire est bien loin de d’une telle célébration. Voulant donner des gages à l’extrême-droite, l’ancien premier ministre Michel Barnier avait ainsi confirmé, dans son discours de politique générale du 1er octobre 2024, qu’il souhaitait « un durcissement de la politique migratoire », en dépit du fait que les personnes migrantes sont bien indispensables à l’économie française. Ainsi, en Île-de-France, près d’un tiers des métiers essentiels sont exercés par des immigrés ; ils représentent près de 40 % des agents hospitaliers, caissiers, vendeurs et éboueurs et plus de 60 % des agents de propreté et des aides à domicile. Autant de métiers très féminisés où les salaires sont bas et les temps partiels subis très fréquents.
Pour Bruno Retailleau, futur-ex ministre de l’Intérieur, « l’immigration n’est pas une chance pour la France ». Dès son arrivée place Beauvau en septembre 2024, l’ancien sénateur Les Républicains de la Vendée a donné la couleur. Son programme ? « Expulser plus, régulariser moins. » Tout juste nommé ministre de l’Intérieur, il a fait savoir qu’il était favorable à un référendum sur l’immigration, à la prolongation de la rétention administrative jusqu’à 210 jours et à plusieurs dispositions écartées de la loi pour contrôler l'immigration votée en janvier dernier. Parmi elles, la restriction de l’Aide Médicale d’État (AME), le durcissement du droit du sol et la remise en cause de la circulaire Valls, permettant la régularisation au cas par cas de travailleurs sans papiers. Ce même Bruno Retailleau, qui affirmait en septembre que l’État de droit n’était « ni intangible, ni sacré ». « Depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur, les pratiques des Préfectures se sont durcies, explique Gérard Re, membre du bureau confédéral de la CGT et du collectif confédéral migrants. Les régularisations sont plus rares, et on observe une lenteur au niveau des renouvellements des titres de séjour. » À ces pratiques administratives restrictives s’ajoutent les effets de la loi promulguée le 26 janvier 2024, « l‘une des plus répressives de ces 40 dernières années », selon La Cimade. Bien qu’en partie censuré par le Conseil constitutionnel, ce texte rend plus contraignant la maîtrise du français pour obtenir un titre de séjour, facilite les éloignements et place l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) sous la coupes des préfectures, en décentralisant cette institution administrative indépendante, chargée de l’étude des demandes d’asile. Entre autres.
La France est loin de faire figure d’exception. Tandis qu’en septembre, l’Allemagne a annoncé rétablir les contrôles à toutes ces frontières terrestres durant six mois et que la Suède a augmenté le montant de l’aide au retour dans le but d’inciter les personnes migrantes à quitter son territoire, l’Italie a décidé, en accord avec l’Albanie, que les migrants secourus en mer par les gardes-côtes italiens seront renvoyés dans des centres de rétention albanais. À ces durcissement des politiques nationales s’ajoute un repli de la politique migratoire européenne. Le 10 avril 2024, le Parlement européen a adopté le nouveau Pacte sur la migration et l’asile, dix réglements qui renforcent drastiquement les contrôles aux frontières de l’Europe et organisent le tri et l’enfermement des migrants à ses frontières, en généralisant les hotspots, expérimentés depuis 2015 en Grèce et en Italie.
Ces raidissements français et européen rencontre toutefois une opposition. Depuis le 14 décembre, plusieurs rassemblements se tiennent en France à l’initiative de collectifs (collectifs de sans-papiers, mineur.s isolé.e.s en lutte…), syndicats (CGT, Solidaires) ou encore d’associations (LDH, La Cimade, l’Anafé, Amnesty International, le Gisti, Attac France…) pour réclamer l’égalité des droits et s’opposer au racisme d’État. « Nous appelons toutes celles et tous ceux qui sont effrayé·e·s par la montée du racisme et la perspective d'arrivée au pouvoir du RN à manifester ensemble autour de la journée internationale des migrant·e·s.» appelle ainsi les organisations locales et nationales à l’initiative de la Marche des solidarités, qui a défilé ce samedi 14 décembre, à Paris. Le collectif exige « la régularisation des sans-papiers », « la fermeture des centres de rétention et la liberté de circulation », l'accès au logement, à la santé et à l'école, l’application de la loi de réquisition et l’abrogation de la loi Kasbarian-Bergé, de la loi immigration du 26 janvier 2024, du pacte migratoire européen et du règlement Dublin.
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