« Encore une fois, une entreprise qui n’est pas en difficulté économique va avoir le droit de licencier ! », Philippe Thibaudet, secrétaire général de la Fédération CGT Verre & Céramique.
La colère qu'exprime la CGT est à la hauteur du chiffre d'affaires de l'entreprise, lequel a atteint 800 millions d'euros en 2024. « Voyez ce qu’ils font de toutes les aides publiques dont ils bénéficient, le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l'emploi, NDLR), le chômage partiel ! Parce que là, pour le coup on est sur une boîte qui capitalise. Encore une fois, une entreprise qui n’est pas en difficulté économique va avoir le droit de licencier ! O-I n’a pas de difficultés économiques. Simplement, elle s’est engagée à délivrer 24% d'EBITDA (excédent brut d'exploitation, NDLR) à ses actionnaires. C’est énorme. Et bien là, elle n’en fait que 18%, donc elle prend des mesures de rétorsion sur l'emploi ! », s'insurge Philippe Thibaudet, secrétaire général de la Fédération CGT Verre & Céramique.
Depuis la fin de la crise Covid, le verre d'emballage a vu ses prix augmenter de 30% à 50%. L'évolution de nombreux paramètres économiques a conduit à cette hausse ; du prix de l'énergie aux taxes carbone mal calibrées en passant la baisse de la consommation du vin en France. Dans le même temps, O-I a bénéficié du chômage partiel et d'exonérations de taxes. Il a aussi engagé une restructuration mondiale avec en 2024 la fermeture de 4 fours aux Etats-Unis, 1 four au Pays-Bas et 1 four en Ecosse. Fin janvier 2025, O-I a aussi annoncé la fermeture d'une usine à Barcelone (168 emplois), tandis qu'était engagée une politique de réduction de la masse salariale en France.
Les soupçons d'une entente
Aujourd'hui, le prix des bouteilles a atteint un tel niveau qu'il met en danger la filière viticole, notamment les petits producteurs dont certains se tournent vers les importateurs. Cependant, l'augmentation du prix du verre d'emballage ne s'explique peut-être pas intégralement par la situation économique. Le 28 mars 2025 des perquisitions ont été menées par l'Autorité de la concurrence sur différents sites d'Owens-Illinois, Verallia et Saverglass, ces trois entreprises majeures du verre d'emballage étaient contrôlées en raison de soupçons d'entente illicite sur les prix. De quoi inquiéter la CGT Verallia : « Si les accusations d'entente illicite étaient avérées, les sociétés encourraient des sanctions financières significatives, pouvant aller jusqu'à 10 % de leur chiffre d'affaires mondial. Notre fédération, avec ses syndicats, suit de près l'évolution de cette affaire, consciente des possibles répercussions sur les salariés, les prix et la disponibilité des emballages en verre sur le marché. » A l'heure où nous écrivons, des comités sociaux et économiques (CSE) étaient programmés dans les différents sites de Owen-Illinois d'ici la fin de la semaine, ceci afin de décliner les plans de licenciements qui pourraient y être engagés. La CGT, quant à elle, appelle les salariés à une mobilisation massive pour le maintien des usines et de l'emploi.
