
Novasco Hagondange sous haute tension
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Site ArcelorMittal à Dunkerque
« On mise tout sur le 1er-Mai, avec une manifestation populaire, massive et historique : les salariés, leurs enfants, les familles… On est en train d’inonder les marchés du secteur avec distribution de 30 000 tracts. » Gaëtan Lecocq, secrétaire général du syndicat CGT ArcelorMittal à l’usine de Dunkerque, compte sur une riposte dans les rues du port du Nord pour s’opposer à l’annonce, lors de la réunion du comité économique et social (CSE) central du 23 avril, d’un projet de 636 suppressions de postes au sein du groupe sidérurgique. « Il est inutile d’appeler à des débrayages, puisque nos installations sont en cours de maintenance, donc à l’arrêt », complète-t-il.
Les sites impactés se concentrent dans la moitié nord du pays, avec une casse particulièrement forte dans les Hauts-de-France : Dunkerque et Mardyck dans le Nord, Desvres dans le Pas-de-Calais et Montataire dans l’Oise, mais également Mouzon (Ardennes), Florange (Moselle) et Basse-Indre (Loire-Atlantique). Rien qu’à Dunkerque – la plus grosse implantation d’ArcelorMittal en France avec environ 3 200 salariés en CDI–, près de 180 postes de production sont visés et une centaine sur ce qu’on appelle des « fonctions supports » (administratif, informatique…).
La fédération CGT des travailleurs de la métallurgie (FTM) « dénonce fermement ces suppressions d'emplois et fermetures injustifiées » de la part d’un groupe « extrêmement rentable » , avec « un montant de 11,7 milliards de dollars qui a été versé aux actionnaires depuis 2021 ». « La recherche de profits immédiats a pris le pas sur les investissements, impactant les politiques sociales, les conditions de travail, les capacités de production et l'emploi », pointe la FTM-CGT. L’impact global du plan est d’ailleurs bien au-delà des 636 suppressions potentielles d'emplois, tant ArcelorMittal a poussé loin sa politique de sous-traitance, sans compter les conséquences collatérales pour l’économie locale. « Un emploi dans l’industrie, ce sont trois à quatre emplois induits », rappelle Virginie Neumayer, de la commission confédérale Environnement et adaptation de l’appareil productif.
« Ils essaient de nous casser un bras pour ensuite nous casser les deux jambes. Si on laisse faire, ce sera l’engrenage et, à terme, la disparition du site », prévient Gaëtan Lecocq. Virginie Neumayer, qui évoque de son côté « un effet domino », met en garde contre une stratégie qui consisterait à « quitter l’Europe d’ici 2030, qui existe également dans l’industrie chimique ». A Dunkerque, ArcelorMittal entretient le flou depuis des mois sur un énorme investissement de décarbonation, pour lequel l’Etat a déjà provisionné une aide colossale de 850 millions d’euros. « Si on ne décarbone pas, c’est la fin du site [de Dunkerque] et par ricochet celle de l’usine voisine de Mardyck (600 emplois en CDI) », résume le secrétaire du syndicat CGT de cette dernière, Ludovic Putter. Mardyck assure en effet le laminage à froid de l’acier produit à Dunkerque.
« On peut faire de l’acier avec ou sans Mittal », réagit cependant Ludovic Putter. La nationalisation, largement évoquée au meeting organisé fin janvier à Dunkerque par la CGT (lire ici), refait surface. La CGT place d’ailleurs « l’urgence d’une nationalisation du secteur de l’acier », en particulier d’ArcelorMittal France, parmi ses « seize mesures d’urgence contre la guerre commerciale ». Il s’agirait de contrer la volonté du groupe de « délocaliser ses activités en Inde et au Brésil ». « L'Europe doit reprendre la main et construire un géant européen de l'acier, dans lequel les Etats seraient actionnaires majoritaires, en commençant par convertir les aides publiques colossales décidées pour aider à la décarbonation en prises de participation », insiste la CGT. Elle ajoute que « nos voisins montrent la voix : la Grande Bretagne vient d'annoncer la nationalisation de British Steel » et « l'Italie a mis sous tutelle Arcelor Mittal ».
« L’enjeu est de maintenir une souveraineté : nous avons besoin de cet acier pour nos infrastructures, les transports… Cela nécessite une stratégie de réindustrialisation et de planification », insiste Virginie Neumayer. Aux habituelles objections sur l’air de « La France n’en a pas les moyens car elle est endettée », Virginie Neumayer rétorque que c’est une question de « volonté politique ». Elle ajoute qu’une planification industrielle permettrait de maintenir une demande suffisante pour un acier fabriqué en France et ainsi d’en financer la viabilité. Elle prend l’exemple de Valdunes, dernier fabricant français de roues et essieux ferroviaires, dans le Nord. Sauvé de la disparition par la mobilisation de la CGT, Valdunes n’aurait pas rencontré de telles difficultés si la RATP et la SNCF, entre autres, s’étaient approvisionnées exclusivement chez lui.

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