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Les PFAS, un enjeu de santé au travail

25 juin 2025 | Mise à jour le 25 juin 2025
Par | Photo(s) : AFP / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
Les PFAS, un enjeu de santé au travail

La fédération CGT chimie organisait mardi 24 juin 2025 une journée d'études consacrée aux PFAS. L'occasion de réfléchir aux stratégies syndicales à mettre en œuvre pour protéger les salariés exposés à ces polluants éternels.

« Aux yeux des industriels, les PFAS, c'est un peu comme la potion magique de Panoramix, ils sont un remède à tout », compare Cyril Custa, consultant au cabinet Cidecos. Ces composés chimiques se sont en effet immiscés partout, tant dans la fabrication de médicaments que de pesticides, de batteries électriques, de vêtements, de cosmétiques… Or, ces polluants éternels qui contaminent l'eau, l'alimentation, l'air peuvent avoir des effets délétères pour la santé, favoriser des cancers et affecter la fertilité.

Une législation insuffisante

La France a adopté une loi en février 2025 visant à interdire la fabrication, l'importation et la vente de produits contenant des PFAS à partir de 2026 dans les cosmétiques, les textiles d'habillement. A cette occasion, la CGT a formulé une série de propositions pour évaluer et prévenir les risques pour la santé des salariés des industries qui les produisent. Parmi elles, une campagne de prélèvements sanguins auprès de salariés volontaires pour établir une cartographie de l'exposition et mesurer l'efficacité des protections existantes, la transmission aux élus du personnel d'une liste précise des produits utilisés, un suivi médical des travailleurs exposés, la recherche de solutions de remplacement non dangereuses. Sur le terrain, les quelque 140 participants à la journée d'étude, issus d'entreprises telles qu'Arkema, Solvay, Total, Michelin, etc ont échangé leurs expériences afin d'élaborer une stratégie syndicale face à l'utilisation de ces composés chimiques.

Scandale sanitaire à venir

Bon nombre se heurtent à une multitude de difficultés pour appréhender ce qui pourrait devenir un scandale sanitaire similaire au scandale de l'amiante. Absence de données scientifiques, cartographie lacunaire des PFAS, lobbying intense des industriels pour en cacher les dangers et en minimiser les risques, difficulté de tracer les risques spécifiques auxquels sont exposés les salariés… « C'est un combat syndical qui s'ajoute à tout ce qui a été mené en matière de santé au travail et de reconnaissance des maladies professionnelles », explique le dirigeant fédéral Serge Allègre. Un chantier titanesque. « Tout agent chimique dangereux doit faire l'objet d'une étude d'exposition. Or, il s'avère très difficile de cartographier les PFAS car la direction en nie l'existence ou minimise le risque. Il n'y a aucune volonté de travailler à la substitution de ces composés chimiques. Tracer les produits auxquels sont exposés les salariés tout au long de leur carrière est une nécessité, mais c'est très compliqué. En outre, les entreprises refusent souvent le suivi médical post professionnel », observe David Arnould, délégué syndical à Total Donges et animateur santé au travail de la CGT chimie. Les Valeurs limites d'expositions professionnelles (VLEP), qui permettent d'évaluer le niveau à ne pas dépasser de concentration des polluants dans l'atmosphère constituent certes un progrès, mais atteignent leurs limites, dans la mesure notamment où elles concernent peu de PFAS aujourd'hui. Ces VLEP font en outre l'objet d'un long processus de validation tant les enjeux politiques, financiers et industriels sont lourds.

Une prévention inadaptée

Quant aux politiques de prévention, les entreprises se contentent encore trop souvent du minimum. « Elles ont tendance à mettre en place une prévention par le bas, c'est-à-dire en commençant par déployer les dispositifs de protection les moins efficaces tels que les équipements de protection individuelle. Or, la logique de prévention veut que l'entreprise cherche d'abord à substituer par des produits non dangereux, à éliminer les sources potentielles d'exposition, à favoriser des équipements de protection collective. On confine par exemple l'opérateur plutôt que la substance, alors que c'est l'inverse qu'il faut faire. Les fabricants véhiculent par ailleurs l'idée selon laquelle l'industrie est dépendante de ces composés, qu'ils ne sont pas substituables », observe Cyril Custa. Pour mieux appréhender les risques, les comités sociaux et économiques peuvent s'appuyer sur le Duerp (Document Unique d'évaluation des risques professionnels), le Papripact (programme annuel de prévention des risques et d'amélioration des conditions de travail, obligatoires dans les entreprises de plus de 50 salariés), les fiches de données et sécurité élaborées par les fournisseurs. En attendant que le législateur et la société civile fassent pression pour limiter la fabrication de ces PFAS au strict nécéssaire. « On peut concevoir que les PFAS soient indispensables pour fabriquer une combinaison ignifugée des pompiers. Mais pour fabriquer du rouge à lèvres ou du eyes liner waterproof, sont-ils indispensables  ? », interroge un participant.