Polar polaire
Collègues emmitouflés des Jim Chee et Joe Leaphorn –de la police navajo- inventés par Tony Hillerman, Nina et Klemet forment l'une des équipes de la « police des rennes », à quelques encablures du Cap Nord, en pays Sami (en totalité ci-dessous en rouge).
Les lecteurs ont découvert le duo en 2012 lors de la parution du premier roman d'Olivier Truc « Le dernier lapon » où il abordait déjà le choc de la tradition d'un peuple autochtone dépossédé et l'insatiable appétit des peuples colonisateurs pour les ressources de leurs terres. Une problématique qui remonte à la nuit des temps et qui, dans ses formes modernes, n'est pas moins brutale.
Avec « Le détroit du loup », l'auteur –qui est également correspondant de presse français en Norvège depuis près de deux décennies, approfondit–dans tous les sens du terme, car il y est beaucoup question de plongée en grandes profondeurs- son questionnement sur l'avidité, l'identité et la place de plus en plus restreinte pour les modes de vie ancestraux.
Tandis qu'une partie des Sami revendique sa culture où l'élevage et la transhumance des rennes occupent une place centrale, d'autres tournent le dos à cette tradition et optent pour le camp opposé, celui de l'argent vite gagné, au détriment d'un environnement fragile. Nouvel eldorado de l'exploitation pétrolière offshore, la mer de Barents est l'objet de toutes les convoitises et la police des rennes va avoir fort à faire alors que les morts violentes se succèdent.
La suite des aventures de Nina et Klemet sera très appréciée des nombreux lecteurs qui avaient aimé « Le dernier lapon », récipiendaire de plusieurs prix dans le monde du polar.
D'autant qu'il alerte avec justesse sur la très inquiétante course aux ressources sous-marines et minières d'une région du monde très menacée et sur la rapacité irresponsable des acteurs de cette exploitation.
« Le détroit du loup »
Olivier Truc
Editions Métailié/Noir. 416 p., 19 €