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LIVRE

Littérature coréenne

17 mars 2016 | Mise à jour le 16 février 2017
Par | Photo(s) : DR
Littérature coréenne

Rebaptisé « Livre Paris », le Salon du livre – du 17 au 20 mars, Porte de Versailles – bouleverse sa présentation. La Corée du Sud en est le pays invité, à retrouver aussi dans les bibliothèques parisiennes.

Moins connue en France que la littérature japonaise, la littérature coréenne n'en est pas moins extrêmement prolifique, variée et souvent de très grande qualité.

Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de Littérature 2008, longtemps professeur invité à l'Université Ehwa à Séoul déclarait que « la littérature coréenne méritait un Prix Nobel » et que « des auteurs comme Anatoly A. Kim, Hwang Sok-yong et Lee Seung-u sont des candidats potentiels. »

Ces deux derniers auteurs seront d'ailleurs présents lors de cette 36e édition du salon, et le très beau roman Toutes les choses de notre vie de Hwang Sok-yong (Éd. Philippe Picquier) donne de la Corée du Sud une vision à mille lieues de la représentation d'une société « high-tech » ultramoderne.

En effet, Gros-Yeux, le jeune héros de ce roman à la fois social, écologiste et poétique, doit vivre avec sa mère sur l'énorme décharge d'ordures proche de Séoul, là où jadis on vantait la beauté et le calme d'une « Île aux fleurs » remplacée par une montagne d'immondices où survivent des chiffonniers à la société très hiérarchisée. Nous sommes dans la Corée du Sud, sous le gouvernement autoritaire du général Park, entre 1962 et 1979, où le développement a laissé de côté l'humain comme la nature et effacé toutes les traditions et les mythes ancestraux qui, pourtant, subsistent dans l'esprit de ceux qui sont laissés au bord du chemin.

À LA RENCONTRE DES AUTEURS CORÉENS

Après quarante ans d'occupation japonaise et un redressement à marche forcée, la Corée du Sud offre des visages contrastés. La presque totalité de la population y est alphabétisée, mais la pression exercée, notamment sur la jeunesse – avec des élèves qui ont jusqu'à 50h de cours par semaine – fait que le pays détient le triste record du taux de suicide des jeunes le plus élevé au monde…

Le 22 mars, à la bibliothèque Buffon (Paris 5e), on pourra rencontrer Kim Ae-ran et Kim Young-ha, ainsi que l'éditeur Jean-Claude de Crescenzo, directeur de la revue coréenne KeulMadang, consacrée à la littérature coréenne, qui aura également carte blanche le 18 mars à 19 h 30 à la bibliothèque Vaugirard (Paris 15e).

La Bilipo (bibliothèque des littératures piolicières – Paris 5e) propose, le samedi 19 mars à 17 h, une plongée dans le polar coréen avec les romancières Kim Jung-hyuk et Jeong You-jeong, tandis que la Médiathèque Jean-Pierre Melville (Paris 13e) se penchera, le 24 mars à 19 h, sur les représentations et réalités de la femme coréenne avec Eun Hee-kyung, Kim Hye-gyeong et la dessinatrice Ancco.

Réservations pour ces événements et au 01 44 78 80 50.

L'AUTRE CORÉE

Aux éditions Philippe Picquier, un autre livre crée l'événement, puisqu'il s'agit de La dénonciation,ensemble de sept récits passés sous le manteau depuis la Corée du Nord, écrits dans les années 1990.

Sous le nom de « Bandi » (la luciole), l'auteur qui demeure forcément mystérieux a réussi à faire sortir du pays des témoignages du quotidien de ses concitoyens sous le joug. « J'ai écrit ces histoires/Poussé non par le talent/mais par l'indignation/Et je ne me suis pas servi d'une plume et d'encre/Mais de mes os et de mes larmes de sang ».

Souvent comparé à Alexandre Soljenitsyne, dont cependant, ils n'égalent pas les qualités littéraires, les récits de Bandi sont saisissants par leur description d'un univers où la peur règne sur tout un pays. En les lisant, on pense à l'absurdité de tous les régimes totalitaires, à l'immense gâchis de ces vies sous l'éteignoir et à l'énergie qu'il a fallu à cet écrivain, malgré des années de lavage de cerveau collectif, pour dénoncer et résister, ne serait-ce que par la pensée.

 

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