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PLAN SOCIAL

Cegelec / Vinci : des promesses de Gascon ?

21 avril 2015 | Mise à jour le 13 mars 2017
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Cegelec / Vinci : des promesses de Gascon ?

Venus de Hautes-Pyrénées pour la manifestation du 9 avril, les salariés de Cegelec ont fait un détour par le siège de leur maison mère. La NVO les a suivis.

Un accent gascon retentit au cœur de la capitale: «On a décidé d'aller voir le groupe Vinci.» Une quarantaine de salariés de Cegelec, accompagnée d'un groupe de syndicalistes CGT des Hautes-Pyrénées, cherche son chemin entre la gare d'Austerlitz et la gare de Lyon.

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À leur arrivée à la gare parisienne, les «Cegelec» ont été accueillis
par leurs camarades cheminots pour un petit-déjeuner dans le local syndical d'Austerlitz

S'ils ont traversé la France du Sud au Nord, ce n'est pas pour admirer les monuments de la capitale. Venus pour participer à la manifestation nationale contre l'austérité organisée le 9 avril dernier, ils en ont profité pour rendre visite aux dirigeants du groupe Vinci, ce géant du secteur Bâtiment-Travaux-Publics.

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Les salariés de Cegelec sont venus, ils ont vu, ne reste plus qu'à obtenir satisfaction

En effet, l'entreprise Cegelec, filiale de Vinci à 100%, emploie actuellement près de 380 salariés, mais ce nombre, qui autrefois s'élevait à près de 700, est amené à chuter plus bas encore. Deux sites, l'un spécialisé en chaudronnerie et l'autre en câblage, sont voués à être fermés dans les semaines qui viennent. La fermeture des deux sites de la région de Tarbes, imputerait ce chiffre de 52 postes supplémentaires, 33 en chaudronnerie et 19 en câblage.

Pour ces salariés du Sud-Ouest, premier défi : trouver le siège social de leur maison mère

L'incompréhension est totale chez les salariés. Comment une entreprise comme Vinci peut-elle distribuer 1,7 milliard d'euros et, dans un même temps, laisser une de ses filiales organiser un plan social d'entreprise (PSE) «bas de gamme», comme le souligne José Navarro, secrétaire adjoint de l'union départementale CGT des Hautes-Pyrénées?

José Navarro, avec le drapeau, pénètre au siège de Vinci

De plus, les entreprises de la région ont reçu de nombreuses aides de l'État dans le but de conserver une activité industrielle en Midi-Pyrénées. Peine perdue, les 13 millions d'euros de Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi (CICE) appliqués dans le département, et les 20 milliards sur le territoire national, n'y font rien. Les indicateurs économiques ont beau être, de plus en plus, dans le vert, sur le terrain, les entrepreneurs hésitent à prendre des risques. Leurs carnets de commandes sont à la traine et les PME n'ont pas assez de visibilité pour se lancer dans des projets d'investissement.

Les syndicalistes CGT du département sont venus accompagner les salariés de Cegelec

Pour les salariés sur le point de perdre leur poste, l'avenir semble donc morose. À 30 ans, Thibault, futur ex-employé de Cegelec, ne se fait pas d'illusions. «Aujourd'hui, des perspectives, on n'en a pas», déplore-t-il, avant d'expliquer envisager de «se déplacer dans les grandes villes alentours, Bordeaux ou Toulouse», sans trop y croire.

Bonne humeur malgré la nuit en train couchette et les affres du RER aux heures de pointe

«Ah, c'est pas comme chez nous», confie un des Pyrénéens, plus habitué à se rendre au travail en vélo qu'en RER. Quelques stations plus loin, au sortir d'un train bondé, heure de pointe oblige, les manifestants arrivent au siège de Vinci, à Rueil-Malmaison. C'est le choc des cultures entre les syndicalistes aux bérets basques et les cadres du siège social en costume-cravate.

Le groupe Vinci accueille les manifestants

Une fois parvenus à pénétrer dans le bâtiment, ils demandent à être reçus par un responsable de leur maison mère. Le PSE se fait localement, au sein de Cegelec. Ce que demandent les salariés, c'est que des efforts soient faits directement par le groupe Vinci, rappelant au passage que le groupe a, en 2014, présenté un chiffre d'affaires de plus de 38 milliards d'euros et augmenté de 25% les dividendes versés par action. Aidés par le représentant de la CGT au siège, une rencontre entre une délégation de syndicalistes et des responsables de Vinci est organisée.

Sébastien, DS chez Cegelec : «Les mettre face à leurs responsabilités»

À la sortie, les visages sont perplexes. La direction s'est engagée sur deux points, explique Benoît, membre de la délégation, «ils se sont engagés à mettre tout en œuvre pour la recherche d'un éventuel repreneur», mais aussi, une fois les congés de reclassement terminés, «à ne pas laisser au bord de la route les salariés qui n'avaient pas retrouvé d'emploi et continuer à faire des propositions pour ceux qui étaient toujours à la recherche d'un emploi.»

Benoît, à droite, après la rencontre avec la direction.
«On reste quand même licenciés !»

Une avancée certes, mais qui reste décevante pour ce père de deux enfants, qui, à 30 ans, vient d'entamer la construction de son logement. «On reste quand même licenciés ! Donc pas satisfaits du tout», dit Benoît d'une voix aigrie. Pour lui maintenant ? «Retour à la réalité, Paname, c'est fini, et maintenant, on va retrouver nos Pyrénées et retourner à la chaudronnerie» en attendant le licenciement… Et en continuant à se battre pour obtenir, a minima, un plan social au niveau du groupe.