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La bataille pour les salaires s’amplifie

23 avril 2015 | Mise à jour le 13 mars 2017
Par | Photo(s) : AFP
La bataille pour les salaires s’amplifie

La direction de la Snecma a mis fin le 27 mars à la négociation annuelle obligatoire 2015. Les salariés et leurs syndicats, eux, restent très mobilisés sur les augmentations de salaires. Malgré les tentatives d'intimidation de la direction.

Blocages de la production, grèves à répétition, débrayages, mise à l'arrêt de chaînes de production, assemblées générales… Décidément, les salariés de la Snecma n'entendent toujours pas se résigner aux ridicules oboles proposées par leur direction en guise de rémunération. Du coup, l'ensemble des sites d'Île de France (Corbeil-Essonnes, Magny-les-Hameaux, Réau, Villaroche, Montereau, Gennevilliers, etc.) restent très mobilisés autour de cette revendication commune: une hausse générale des salaires qui soit en cohérence avec les très bons résultats du groupe: + 13 % du CA en 2014, qui donnent lieu à près de 511 millions d'euros de dividendes – un record! – versés aux actionnaires sans même qu'ils n'aient à se mettre en grève.

À mettre en regard des 0,2% d'augmentation générale des salaires décidés puis entérinés par la seule direction le 27 mars, contre l'avis des syndicats (CGT, CFDT, CGC, FO), qui n'ont d'ailleurs pas signé l'accord*.

Face au durcissement du conflit qui l'oppose à ses salariés, la direction du groupe Safran durcit elle aussi sa position. Et opte pour la stratégie de la répression. Ouverture des hostilités le 10 avril, sur le site de Magny-les-Hameaux où se tenait une AG de salariés organisée par l'intersyndicale. À la suite d'une altercation entre la directrice de l'établissement et un élu CGT, Grégory Le Barbier, ce dernier a été sanctionné d'une mise à pied conservatoire de huit jours en vue d'un licenciement. Motifs avancés par la plaignante ? Agression et coups, rien de moins !

COUP MONTÉ

«Nous le savons tous, ce dossier est monté de toutes pièces et les salariés du site ne s'y trompent pas, ils étaient en grève le 14 avril pour soutenir leur collègue», fait valoir Frédéric Sanchez – secrétaire général de la fédération des travailleurs de la métallurgie CGT – dans son appel à un rassemblement de soutien, le 22 avril, lancé à l'ensemble des syndicats du groupe.

Même constat de «coup monté» du côté de l'union de la métallurgie CGT des Yvelines. Dans la lettre qu'il a adressée à la direction de l'établissement, le secrétaire, Pascal Guinet, prévient : «Vous n'en êtes pas à votre premier coup d'essai vis-à-vis de la CGT, à vouloir sans cesse sanctionner nos élus pour tenter d'éteindre les revendications des salariés en lutte pour les salaires», lui rappelle-t-il.

Qualifiant ces pratiques «d'un autre temps», le secrétaire demande le retrait de la procédure de licenciement. Même analyse et même demande adressées par l'union départementale (UD) CGT 78 à la direction du site de Magny : «Face à une mobilisation qui ne faiblit pas, nous ne pouvons voir cette procédure que comme une tentative d'intimidation et de fragilisation de nos militants», affirme la secrétaire générale, Sonia Porot. Dans son adresse à la directrice de Magny, l'UD 78 annonce sa participation au rassemblement de soutien du 22 avril et invite la direction du groupe Safran à satisfaire les revendications salariales.

MENACE DE LICENCIEMENT : LA MOBILISATION A PAYÉ

L'appel à la mobilisation du 22 avril conjointement lancé par la fédération CGT de la métallurgie, l'Union départementale et l'USTM-CGT des Yvelines, a été un succès. Sur le site de Magny-les-Hameaux, près de 250 militants sont venus soutenir leur camarade menacé de licenciement : les Renault de Flins, les Peugeot, les CRMA… Ainsi que de nombreux syndicats CGT des divers sites franciliens de la Snecma, de Gennevilliers à Montereau, en passant par Corbeil, Villaroche et Saint-Quentin. «Même nos camarades de la CFDT et de Sud Renault ont relayé l'appel», s'est félicité Hervé Chaillou (CGT CCE Snecma) en dévoilant le résultat de cette action : «La direction a revu sa copie initiale, la sanction n'ira pas jusqu'au licenciement et notre camarade Grégory Le Barbier pourra reprendre le travail au terme de la période de mise à pied.»

PRIORITÉ POUR LES SALAIRES!

Lucides sur la visée de l'action en répression, salariés et syndicats n'entendent pas renoncer à leur combat pour les salaires. Au lendemain du rassemblement de soutien à Grégory Le Barbier, une nouvelle manifestation était d'ailleurs organisée au CNIT de la Défense, avec ce mot d'ordre : priorité pour les salaires ! «C'est là que se tenait l'assemblée générale des actionnaires qui dévoilaient les belles performances du groupe, en hausse de 14,1% au premier trimestre 2015 !», a expliqué Hervé Chaillou, le représentant syndical CGT au CCE de la Snecma.

*La CGC a signé l'accord NAO 2015. Cependant, le poids électoral de ce syndicat catégoriel étant inférieur aux 30% légaux requis, sa seule signature ne permet pas de valider l'accord.

En savoir +

POURQUOI LES SYNDICATS NE DÉCOLÈRENT PAS

Forte des excellents résultats réalisés en 2014 et des perspectives de croissance, encore plus optimistes, qui s'annoncent pour 2015, la direction de Safran veut accentuer sa politique de modération salariale et ce, dès 2015.

Au cours des dernières années, l'évolution générale des salaires se situait autour de 3%. Pour la NAO 2015, la direction a fixé un cadrage très faible, de 0,2% d'augmentation générale, vécu comme une provocation par l'ensemble des salariés et des catégories salariales du groupe.

Lors de l'ouverture des négociations, 10 000 salariés entraient en grève sous l'égide de l'intersyndicale CGT-CFDT-CGC-FO qui revendiquait 3% d'augmentation générale.
Au moment où se tenait l'AG des actionnaires qui doit entériner une hausse de 7,1% du dividende, la fourchette de la politique salariale 2015 se situe entre 1,35% et 2%, à quoi s'ajouteraient éventuellement 0,3% de budget spécifique pour les jeunes embauchés et pour réduire l'écart de salaire entre femmes et hommes.