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ENSEIGNANTS

Supérieur : un secrétaire d’État très attendu

29 juin 2015 | Mise à jour le 7 mars 2017
Par | Photo(s) : Thomas Samson/AFP
Supérieur : un secrétaire d’État très attendu

Rarement secrétaire d'État aura été tant attendu. Nommé à l'Enseignement supérieur et à la Recherche le 17 juin, Thierry Mandon succède à Geneviève Fioraso, après que le poste a été laissé vacant pendant trois mois. Quitte à laisser penser à la communauté universitaire, dont le moral était déjà bien bas, que ce secteur n'est pas une priorité pour le gouvernement. Au nouveau secrétaire d'État de faire la démonstration inverse.

RÉORGANISATION ET AUSTÉRITÉ BUDGÉTAIRE

Selon le baromètre ÉducPros 2015 publié le 5 juin dernier, 70% des 2200 personnels de l'enseignement supérieur et de la recherche interrogés disent manquer d'enthousiasme pour l'avenir de leur établissement. En cause, notamment, la recomposition du paysage de l'enseignement supérieur (fusions, associations ou communautés d'universités et établissements – Comue) dont 70% estiment que ce n'est pas une bonne chose et, pire encore, y voient, pour 80% d'entre eux, une source de stress.

Malmené par le précédent gouvernement, le monde universitaire et de la recherche a été douché par la politique mise en œuvre pendant trois ans par Mme Fioraso: elle a, pour l'essentiel, poursuivi celle de Valérie Pécresse: la loi sur l'enseignement et la recherche de mai 2013 (rationalisation de l'offre de formation, regroupement en communautés d'universités…) s'inscrit dans le droit fil de la loi LRU – libertés et responsabilité des université (autonomie budgétaire et de gestion des ressources humaines de toutes les universités). La réalité est qu'aujourd'hui, les universités sont pour beaucoup d'entre elles à genoux, contraintes à des économies drastiques pour éviter la faillite: réduire la voilure de leurs formations, geler des postes, recourir à des personnels précaires et remettre à plus tard tout investissement.

L'Union nationale des étudiants de France (UNEF) estime qu'en 2015 il manquerait 200 millions d'euros aux universités pour qu'elles puissent fonctionner normalement. Et la ponction de 100 millions d'euros opérée par Bercy en avril sur les fonds de roulement des universités, au titre du redressement des comptes publics, a exaspéré. C'était autant d'argent en moins pour les investissements. Pour ce qui est des conséquences matérielles de cette austérité budgétaire, le Tumblr (plateforme) «Ruines d'université» du collectif Sciences en marche offre un édifiant aperçu des conditions de travail auxquelles sont réduits étudiants et personnels dans des établissements financièrement asphyxiés. Quant à la recherche publique, elle n'est pas mieux lotie: le CNRS vient de se voir soutirer 45 millions d'euros sur sa subvention d'État. Bref, ce sera certainement d'abord à sa capacité à sanctuariser voire à faire progresser le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche en 2016 que Thierry Mandon sera jugé.

DIALOGUE SOCIAL AU POINT MORT

Si la question budgétaire trône en haut de la pile des dossiers trouvée par le nouveau secrétaire d'État à son arrivée rue Descartes, d'autres sont depuis trop longtemps en souffrance:
– l'évolution du modèle économique des université;
– la question des cycles de formation (éventuelle réforme de la licence, meilleure offre de masters, refonte en cours du diplôme doctoral…);
– le «plan national de la vie étudiante» (propositions pour améliorer les conditions de vie et d'études);
– la mise en œuvre des nouveaux regroupements universitaires (alors qu'ils demeurent rejetés par une partie importante des personnels);
– ou encore, celle, plus politique, de la «stratégie nationale de l'enseignement supérieur» qui doit définir ce qu'attend le pays de ses universités (le rapport ne devrait plus tarder)…

Là où le bât blesse, c'est que le ministère n'entretient plus de relations avec les organisations syndicales. «Depuis un an le chantier “vie étudiante'' est au point mort», déplore l'Unef qui demande à Thierry Mandon, «une feuille de route à la hauteur des revendications étudiantes» et «des réponses à la crise sociale qui frappe les jeunes». Les syndicats, de leur côté, dénoncent aussi le fait que les négociations avec le ministère autour de l'agenda social n'aient pas été entamées alors qu'un protocole a été présenté en décembre 2013. Elles devaient traiter de questions telles que la mobilité des personnels; les régimes indemnitaires; les déroulements de carrière; la résorption de la précarité; l'amélioration des carrières des chercheurs, ingénieurs et techniciens; les conditions de travail; etc. Et, si certaines organisations ont pu faire des propositions (restées sans suite), la fédération CGT de l'enseignement, de la recherche et de la culture (FERC CGT) s'estime, quant à elle, «ostracisée», n'ayant même pas reçu les fiches relatives à ce «calendrier dit de “dialogue social”». Thierry Mandon a de quoi faire.