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Manif du 5 avril

7 avril 2016 | Mise à jour le 16 février 2017
Par | Photo(s) : AFP et Thierry Nectoux
Manif du 5 avril

Mardi dernier, une commission examinait le projet de réforme du Code du travail à l'Assemblée nationale. Les lycéens et les étudiants était pour la cinquième fois présents à la manifestation parisienne. Certains d'entre eux ont accepté de témoigner pour expliquer pourquoi ils rejettent ce projet de loi.

MAROUANE MAJRAR, 16 ANS ÉLÈVE DE SECONDE

Lycée François Villon (Paris, 14e)

C'est la troisième fois que je manifeste. Aujourd'hui, on est entre amis nous sommes un petit groupe de sept du même établissement. Pourquoi nous sommes là ?

Tout simplement parce que dans quelques années beaucoup d'entre nous seront salariés et ce qu'on nous prépare, c'est un avenir de précarité. Et on sait que si cette loi passe, c'est toute notre vie que nous allons la subir. On nous la présente comme devant donner plus de libertés aux entreprises, mais pour la majorité de la population et les salariés c'est une mauvaise chose.

Je viens d'adhérer à la FIDL qui nous a donné des informations et organisé des AG. Ce matin, nous étions une centaine à bloquer le lycée, mais les élèves de terminale sont rentrés parce qu'ils ont les épreuves du bac très bientôt. On pense à notre avenir qu'il faut préparer. Ce que j'aimerais personnellement, c'est plus tard trouver un emploi dans les métiers de l'aviation. Toutefois quels que soient nos projets d'orientation professionnelle, tous nos amis pensent que la loi El Khomri va les handicaper.

 

MAÏA MEZAINI, 15 ANS, ÉLÈVE DE SECONDE

Lycée Lamartine (Paris 9e)

La politique, ça a toujours été important pour moi car ma famille est assez politisée. Cette loi est donc un choc car en plus elle vient d'un gouvernement socialiste. C'est une régression qui porte sur des droits sur lesquels on s'est battus depuis des générations. C'est révoltant. À nous lycéens, on nous dit qu'on n'a pas le droit de s'impliquer parce qu'on ne travaille pas encore.

Mais en fait, il y a déjà trois lycéens sur dix qui travaillent. Moi, par exemple, je fais du baby-sitting deux fois par semaine. Pour le moment, j'estime que j'ai de la chance, car j'ai un logement, je fais des études et je mange à ma faim. Cependant, on sait que dans pas longtemps on va bosser, et on n'a pas envie de commencer en étant précaire. Il faut se battre non seulement pour soi, mais pour les autres qui ont moins de chance et ne peuvent pas forcément se rendre dans la rue.

RÉMI L, 24 ANS, ÉTUDIANT EN LITTÉRATURE

La Sorbonne – Paris IV

J'étais ce matin à la manifestation avec les lycéens qui se sont fait gazer sur la place de la Nation. Ils manifestaient tranquillement quand les flics les ont encerclés, frappés et gazés. En fait, cela fait deux mois que je manifeste contre la loi El Khomri parce que je sais que cela ne peut pas marcher. Bien qu'étudiant, j'ai déjà travaillé et je sais qu'avec le système anglo-saxon qu'on nous propose on n'est pas du tout protégé.

Il faut faire tomber cette loi parce que c'est une loi de merde. J'ai travaillé dans la manutention, des restaurants, à la caisse et les emplois précaires, je connais. J'y suis contraint pour payer mes études et mon loyer.

Mais ce loyer je ne pourrais pas le payer seul et je suis donc en sous-location avec des amis. On nous dit depuis 35 ans qu'il faut précariser pour faire baisser le chômage, mais depuis 35 ans le chômage ne baisse pas. On voit des licenciements partout. Nous avons un gouvernement au service des patrons composé de gens qui n'ont jamais travaillé de leur vie ni dans le public ni dans le privé.

J'étudie pour essayer de devenir prof. Mais là aussi je note que l'État aide les entreprises privées mais délaisse le service public de l'Éducation qui est de plus en plus en difficulté

LILA, 17 ANS

Élève de Terminale S, Lycée Henri IV (Paris 5e)

Ce matin, nous avons fait un blocus à une centaine devant le lycée, puis je suis venue avec mes amies Chloé et Louise. Tout ceci ne s'était pas vu depuis onze ans dans notre lycée et les grandes manifs contre le CPE. Bien sûr, je n'étais pas là pour le connaître, mais on nous a transmis cette mémoire. Ce que j'aimerais pour plus tard c'est entreprendre des études de médecine, mais personne n'est sûr de l'avenir et ce qu'on voit c'est qu'avec la loi El Khomri on nous prépare un changement de société qui conditionne les conditions de vie des travailleurs et citoyens d'aujourd'hui et demain.

En réalité, nous ne maîtrisons pas l'impact réel qu'aura la loi, mais on sait qu'il est plus facile de perdre des droits que d'en gagner. Et puis ce qui me heurte aussi, c'est l'état d'urgence. On a vu ce matin le déploiement de CRS. Des amis qui manifestaient pacifiquement ont été aspergés de gaz à dix centimètres de leur visage. Tout est fait pour dissuader les gens de manifester.

ROMAIN, 28 ANS

Graphiste en recherche d'emploi

« Je ne suis ici pas seulement contre la loi El Khomri, mais parce qu'il y a un ensemble de choses qui vont mal. On le voit bien avec l'affaire des évasions fiscales et les injustices qui grandissent. La crise me touche personnellement comme elle touche tout le secteur de la communication.

À vrai dire, je ne suis pas contre le changement dans le travail. Les patrons ont trop de restrictions, mais il ne faut pas qu'on leur donne tous les droits. L'année dernière, j'étais encore en formation en alternance en design graphique. Aujourd'hui, je recherche du travail que ce soit CDI ou en free lance. Si c'est un free lance, ce sera bien aussi…

Bien entendu, le CDI ce serait mieux parce que c'est un salaire fixe et c'est ça qui permet d'accéder à un logement et de payer un loyer.

NOUR, 15 ANS, ÉLÈVE DE SECONDE S

Lycée Pierre Gilles de Gennes, Paris 13e

Je suis contre la loi El Khomri parce que c'est un retour en arrière, c'est de l'esclavagisme ! Ce n'est sûrement pas en permettant de licencier plus facilement qu'on va faire baisser le chômage. Je ne connais pas trop les syndicats, mais on est informés par le biais des parents et des réseaux sociaux.

Ce matin, on a fait le blocus au lycée puis on est venus à la manif…

ÉMILIE, 16 ANS, ÉLÈVE DE 1RE S

Lycée Fénelon, Paris 6e

On manifeste contre la loi El Khomri parce qu'on ne veut pas que les patrons puissent tout décider, par exemple en imposant des heures supplémentaires ou pour les licenciements. Cela nous concerne parce que dans quelques années on va travailler et il s'agit de notre avenir. On parle de tout cela sur les réseaux sociaux et dans les AG dans les lycées.

Entre amis on se partage les infos et parfois des vidéos. On discute aussi dans les familles. Nous étions déjà là le 9 mars, et là nous en sommes à la quatrième manif. Il y a quand même une différence entre celles du matin avec en face les CRS et celles de l'après-midi avec les syndicats…