Molex : la justice, enfin

« La satisfaction est ma première réaction. » Guy Pavan reste l'une des figures que les luttes contre les licenciements boursiers, en France, ont révélées. Tandis que l'ancien Molex est aujourd'hui à la retraite, celui qui officiait comme délégué syndical CGT reste un homme impliqué et concerné par les différentes procédures qui opposent les salariés au constructeur américain de composants électroniques : « La cour d'appel juge la nature des licenciements sans cause réelle et sérieuse, car sans fondement économique. C'est ce qu'on dénonce et ce qu'on réclame depuis huit ans ! »
Les magistrats enfoncent le clou en soulignant la « légèreté blâmable » avec laquelle la direction de Molex a agi. Ils inscrivent en toute lettre le caractère injustifié de la fermeture du site villemurois en 2009, puis son placement en liquidation judiciaire en 2010, et la nature abusive du licenciement de ses 283 salariés : « Tous les rapports révèlent qu'au cours de la période 2004-2009, les dividendes versés aux actionnaires par le groupe ont été multipliés par 6 et représentaient en 2009 un montant total de 100 millions de dollars [environ 72 millions d'euros au taux de l'époque, NDLR]. » Molex était viable.
La décision de fermer le site haut-garonnais n'était pas motivée par la sauvegarde de la compétitivité mais bel et bien par l'augmentation de la rentabilité. « La cour d'appel a compris le sens de notre combat, conclut Guy Pavan, mais cette victoire nous laisse un goût amer : les 7 millions d'euros d'indemnités seront réglés à 191 salariés par l'Assurance de garantie des salaires (AGS) et non par Molex. Alors que la direction est à l'origine d'un véritable gâchis industriel et humain, elle s'en tire à bon compte en laissant cette dette à la collectivité… »
Ce que permet une décision de justice, rendue par la cour d'appel de Bordeaux en décembre dernier : la maison mère n'est pas reconnue comme co-employeur et ne peut donc être tenue pour responsable de la fermeture de l'unité de Villemur-sur-Tarn, en 2009 ! Mais la bataille judiciaire continue : le sort de 26 dossiers reste en suspens jusqu'à cet automne.