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UBÉRISATION

À Paris, les livreurs à deux-roues se dotent d'un syndicat CGT

1 juillet 2021 | Mise à jour le 1 juillet 2021
Par | Photo(s) : Gregory Chamekh /AFP
À Paris, les livreurs à deux-roues se dotent d'un syndicat CGT

Des livreurs UBER EATS à Bordeaux.

Après Bordeaux, Nantes, Lyon, Toulouse… les travailleurs des plateformes de livraison à vélo se dotent à leur tour d'un syndicat CGT. Fruit d'un intense travail entre la CGT Paris et la fédération des transports CGT, ce nouveau syndicat local des travailleurs « ubérisés » s'est fixé pour objectif la sortie de l'auto-entrepreneuriat et l'entrée dans le salariat conventionnel.

Frichti, Deliveroo, Stuart, Uber Eats, Frichti.. Quelle que soit la plateforme qui utilise leurs services en pédalage, les livreurs à deux-roues de Paris disposent désormais d'un outil commun pour pousser leurs revendications : un syndicat CGT des travailleurs des plateformes de livraison parisiennes.

Créé le 26 juin lors d'un congrès fondateur, et historique, à la bourse du travail de Paris, le nouveau syndicat regroupe une bonne centaine de livreurs des multiples plateformes opérant sur la capitale. Il sera dirigé par le nouvel élu secrétaire général, Mandjou Karaboué (lui-même livreur à vélo pour Frichti), et une commission exécutive composée d'une quinzaine de livreurs issus des différentes startups de food-tech.

Gagner une protection sociale

En sus, le congrès a donné naissance à plusieurs sections syndicales. Dotées de deux délégués (un titulaire et un suppléant) pour représenter chaque plateforme, leur rôle consistera à faire remonter l'information et les griefs des travailleurs vers la CE du syndicat qui, elle, a pour mission de les aider à construire le rapport de force nécessaire à la concrétisation des principales revendications et aspirations des livreurs. À savoir : protection sociale, sécurité, régularisation administrative pour les migrants sans papiers et lutte contre le racisme dont ces vélocipédistes ubérisés, essentiellement africains, sont victimes.

« S'organiser, se regrouper, se fédérer avec pour objectif commun d'améliorer ses conditions de travail et d'existence, tel est le but de ce syndicat parisien », a déclaré Benoît Martin, secrétaire général de l'Union départementale CGT de Paris, en ouverture des débats de congrès.

Dans ce droit fil, le secrétaire général de la fédération des transports CGT, Fabrice Michaud, a salué la décision des livreurs de s'organiser syndicalement avec la CGT « pour lutter contre l'ubérisation du travail et l'affaiblissement des droits sociaux. »

Figure des luttes pour l'émancipation par le travail et le progrès social, Maryline Poulain (collectif CGT des travailleurs migrants) s'est réjouie de la « naissance historique » de ce syndicat « qui va refléter la diversité du monde du travail au sein de la CGT » et tout faire pour permettre aux « autoentrepreneurs » « ubérisés » qui le souhaitent d'entrer, demain, dans le champ du salariat.

Pédalez plus pour gagner rien

Quand des autoentrepreneurs aspirent au salariat

Artisan de ce congrès fondateur, Ludovic Rioux – du collectif national CGT et du syndicat CGT des livreurs deux roues de Lyon – a pour sa part formulé ce vœu : « Que ce premier syndicat parisien permette de gagner la bataille de la protection sociale des travailleurs des plateformes ».

Car ceux que l'on nomme les « ubérisés », en l'espèce les livreurs à vélo, sont en majorité des non-ayants droit au statut de salarié, contraints de se déclarer autoentrepreneur pour répondre aux exigences des plateformes dont le business model est fondé sur le recours à des travailleurs situés hors du champ salarial. En d'autres termes, à des précaires n'ayant d'autre choix que d'accepter la zone grise de la précarité du travail afin de subvenir à leurs besoins vitaux : se nourrir et se loger, alors que, déclarés « indépendants », ils sont en réalité dans un lien de subordination à ces plateformes.

Se syndiquer pour agir et faire appliquer le droit

Souvent migrants et sans titre de séjour, ces travailleurs de l'ombre n'ont d'autre option que d'accepter des conditions de travail délétères et souvent dangereuses. En témoigne l'une des principales revendications portées par le congrès du 26 juin : obtenir des garanties et sécurités sociales en cas d'accident de travail (les chutes à vélo sont très fréquentes) ou d'agressions racistes de la part de clients, leur lot quotidien. « Le temps est venu de quitter l'ombre et de nous afficher, de manifester notre volonté de nous fédérer et de nous dresser à une échelle de valeurs solide dans le secteur des plateformes de livraison à vélo, car nous détenons enfin le pouvoir d'agir pour faire appliquer le droit », a ainsi déclaré Mandjou Karaboué.

Le choix de la CGT

Salué par une salve d'applaudissements des congressistes, le secrétaire général s'est appliqué à motiver le choix de l'affiliation à la CGT plutôt qu'à une autre organisation syndicale : « Parce que c'est la seule organisation syndicale qui nous a toujours soutenus, accompagnés, conseillés sans jamais ménager ses efforts, la seule qui a joué un rôle d'avant-garde dans la bataille contre l'ubérisation du travail et pour la régularisation des travailleurs sans-papiers ; une bataille que nous allons poursuivre et intensifier », a-t-il promis. Avis aux startups de Food-Tech et livraisons : vos autoentrepreneurs ubérisés se rêvent, demain, en salariés bénéficiant enfin du droit du travail.

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