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Agro-alimentaire

Action de solidarité avec les syndicats coréens de Paris Baguette

8 juin 2022 | Mise à jour le 8 juin 2022
Par | Photo(s) : Patrick Chesnet
Action de solidarité avec les syndicats coréens de Paris Baguette

L'image est parfois trompeuse. Derrière l'enseigne Paris Baguette se cache en effet un groupe sud-coréen dont la politique sociale lui vaut d'être considéré comme l'une des pires entreprises de ce pays par les syndicats. Une action de solidarité était organisée devant l'une des deux enseignes parisiennes le 7 juin.
Une « action de solidarité internationale » devant une boulangerie en plein milieu de Paris. Incongru ? Pas vraiment pour les militants de la CGT venus ce mardi 7 juin alerter, sensibiliser les clients de l'enseigne Paris Baguette sise rue de la Harpe, dans le Quartier latin. C'est que, derrière ce nom évoquant une image « typique » de la France se cache une entreprise qui n'a rien de français, SPC Group. Un géant de l'agroalimentaire sud-coréen spécialisé dans la fabrication de pains, viennoiseries, gâteaux et autres plats cuisinés se présentant comme « la boulangerie d'à côté », mais néanmoins présent dans le monde à travers un réseaux de quelque 4 000 boutiques, dont une majorité de franchisées. En Corée du Sud, évidemment, mais aussi en Chine, États-Unis, et même dans l'Hexagone où SPC compte deux franchises à Paris.

L’une des pires entreprises selon les syndicalistes coréens

Un groupe qui, derrière les promesses de « qualité et de goût du vrai » voire d'« artisanat et de créativité » affichées sur ses murs, propose surtout « des produits préparés, cuits, surgelés en Corée du Sud et envoyés ensuite par avion dans les différents points de vente du monde », explique Sylvain Goldstein, conseiller confédéral CGT pour les zones Asie et Pacifique, « même si certains peuvent être élaborés sur place ». Pas vraiment ce que l'on appelle un circuit court éco-responsable donc.
Mais ce qui fait surtout tiquer les syndicalistes, au-delà de l'usurpation de l'image de Paris et de cette production questionnable du point de vue environnemental, c'est avant tout les conditions de travail dans le groupe en Corée du Sud. Car dans son pays d'origine, Paris Baguette, c'est, selon le National Chemical, Textile and Food Industries Union, syndicat local partenaire de la CGT, « l'une des pires entreprises de Corée en raison des conditions de travail et de l'exploitation abusive de son personnel, faits pour lesquels cette société a déjà été condamnée par le ministère de l'Emploi et du Travail coréen et la justice ».

Les syndicats accusés d'« obstruction à l'activité »

Primes versées à l'encadrement pour pousser les syndicalistes à la démission, non respect d'un accord social entérinant une égalité des salaires entre détachés et ceux de la maison mère, refus de dialogue avec les salariés et les syndicats, lesquels se retrouvent par ailleurs accusés d'« obstruction à l'activité », voire grève de la faim de 53 jours du président du syndicat Paris Baguette coréen brutalement arrêtée pour raison de santé, rien n'y fait. Le dialogue reste au point mort. Les recommandations des autorités locales, ignorées.
Une situation que dénonce le syndicat coréen dans une lettre envoyée à la maire de Paris, Anne Hidalgo, insistant sur la mauvaise image de la capitale française renvoyée par le géant sud-coréen. « Le patronat sud-coréen est très dur et les différents gouvernements, y compris le précédent qui se présentait comme progressiste, ne font rien pour améliorer la situation », résume Sylvain Goldstein. Et peu de chance de voir les choses évoluer avec le nouvel entrant élu en mai dernier, Yoon Seok-youl, considéré comme « très à droite et pro entreprises ». Raison de plus pour « rappeler les valeurs internationalistes de la CGT ».