La CGT ArcelorMittal réclame une prime de 2 000 euros
La CGT d’ArcelorMittal alerte la direction du groupe sur le climat social dégradé et réclame une prime de 2 000 euros. Le syndicat avait donné jusqu’au 7 octobre 2020 pour... Lire la suite
« Nos revendications sont justifiées. Cela fait longtemps que pour les augmentations générales et les primes, on est plus près de zéro qu'autre chose. L'année dernière encore, ils nous ont baladés aux NAO (négociations annuelles obligatoires). Et depuis le déconfinement, on travaille à plein régime ». Jeudi 15 octobre, début d'après-midi. Philippe Lux, ouvrier au secteur revêtement de l'usine ArcelorMittal de Mardyck (Nord) et délégué syndical CGT, sort d'une réunion avec des collègues de son équipe. Aujourd'hui encore, la grève est reconduite.
Elle a démarré le 3 octobre dans les usines voisines de Dunkerque (production d'acier) et de Mardyck (laminage), qui totalisent 3 600 salariés en CDI sur les 15 000 du groupe en France. Mais elle s'est rapidement étendue à de nombreux autres sites : Gandrange (Moselle), Basse-Indre (Loire-Atlantique), Montataire (Oise), Bourg-en-Bresse (Ain), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône)…
Ce vendredi, des actions sont notamment prévues en Moselle, à Florange et sur le site de recherche et développement de Maizières-lès-Metz. « Depuis 25 ans que je travaille ici, c'est la première fois que je vois autant de sites qui débrayent », assure Philippe Lux.
La CGT d'ArcelorMittal avait pourtant laissé à la direction le temps de se retourner. Dans un courrier du 25 septembre, elle lui laisse dix jours pour satisfaire deux revendications majeures. D'abord une « prime de 2 000 €, pour reconnaître l'investissement et le professionnalisme de tous sur la période (de crise sanitaire, NDLR), intérimaires, alternants et (salariés des) groupements d'employeurs inclus ». Mais également assurer « une activité à 100 % pour les salariés et, là où l'activité partielle serait réellement justifiée, que le groupe indemnise à 100 % la rémunération, toutes catégories confondues ».
Aujourd'hui, hormis pour les cadres, ArcelorMittal ne va pas au-delà de l'indemnisation de l'État à hauteur des 84 % du salaire net.
Le 7 octobre, le responsable national des ressources humaines répond qu'en raison des « difficultés » du groupe, il n'est « pas possible de répondre favorablement (aux) revendications ».
Position réitérée dans un communiqué interne du 13 octobre, selon lequel « la recrudescence de l'épidémie dégrade (la) visibilité » de l'activité. Pas à un paradoxe près, ArcelorMittal minimise la grève, assurant que « le taux de grévistes s'est élevé en moyenne à 2 % des effectifs », mais craint qu'elle remette en cause des « investissements » et des « embauches ».
Philippe Verbeke, salarié à Mardyck et coordinateur CGT pour le groupe, sait que des moyens existent. ArcelorMittal a ainsi consacré plus de 10 milliards d'euros à des rachats et des investissements dans des entreprises en Italie et en Inde, ainsi que 500 millions d'euros pour des rachats d'actions aux actionnaires.
Il ajoute que la situation n'est pas tenable pour les salariés, confrontés à une forte dégradation de leurs conditions de travail, notamment liée au sous-effectif et au sous-investissement : « Il y a sans cesse des problèmes techniques. On essaie de réparer avec des bouts de ficelle pour redémarrer, jusqu'à la panne suivante. »
Pour tenir la mobilisation, une caisse de grève se met en place.
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