Le tribunal de Commerce de Nanterre a décidé le 29 mars 2019 de placer les usines papetières Arjowiggins de Bessé-sur-Braye et de Bourray (Sarthe) en liquidation judiciaire. Avec l'usine de Jouy-sur-Morin (Seine-et-Marne) spécialisée dans les papiers sécurisés, c'est plus d'un millier d'emplois directs qui sont menacés. La CGT demande l'intervention de l'État.
En quelques semaines, coup sur coup la liquidation judiciaire a été prononcée le 16 janvier 2019 pour Jouy-sur-Morin (Seine-et-Marne) et le 29 mars 2019 pour les deux sites Sarthois. Des bassins d'emplois entiers risquent d'être dévastés si aucun repreneur n'est mis sur les rails, ou si l'État n'intervient pas directement.
Le site de Jouy-sur-Morin dans une situation ubuesque
À la papeterie de Jouy-sur-Morin, depuis des semaines les salariés se relaient avec le syndicat CGT du livre pour assurer la sécurité et défendre un patrimoine inestimable : c'est ici qu'on fabrique le papier sécurisé des billets de banque de plusieurs pays, mais aussi les passeports, les cartes grises.
Tout ce matériel hautement sensible est sous la seule responsabilité des salariés livrés à eux-mêmes. Philippe Martinez est venu apporter son soutien aux salariés sur place et les ambassadeurs des pays pour lesquels sont produits papier monnaie et passeports ont été contactés par le syndicat.
Tandis que les préfectures ne vont pas tarder à être en rupture de stock, la CGT du ministère de l'Intérieur à aussi écrit à M. Castaner pour lui demander d'intervenir au plus vite et d'étudier de toute urgence le projet de nationalisation présenté par les salariés. On comprend mal, en effet, comment la France peut laisser à l'abandon des tels outils de sa souveraineté. « C'est la seule usine sur le territoire national qui est en capacité de produire des billets de banque pour le pays » souligne encore Didier Olanier délégué CGT du site.
Dans la Sarthe, les salariés veulent un repreneur
Pendant ce temps, les deux usines Sarthoises sont encore sous le choc de la toute récente annonce de liquidation judiciaire. Si d'aucuns, parmi les plus anciens avaient pu espérer bénéficier de bonnes conditions de départ, la décision de justice a anéanti tous leurs espoirs. La CGT entend s'organiser pour une riposte, des AG et une occupation sont programmées.
« Ces sites sont productifs et viables et la justice ne s'est pas donné le temps d'examiner les alternatives » déplore Nicolas Faucher, qui souligne pourtant que des repreneurs ont été balayés d'un revers de main, tandis que des expertises attestaient de possibilités hâtivement rejetées. «Des centaines de milliers d'euros ont été donnés pour le CICE, or ils auraient pu sauver les sites. Les salariés qui ont fait confiance à la justice se sentent aujourd'hui trahis. Leur choix, ce n'est maintenant plus celui de la résignation, mais de la lutte. »
Les salariés d’Arjowiggins face à la menace de fermeture