19 mars 2019 | Mise à jour le 22 mars 2019
En amont de la manifestation parisienne du 19 mars 2019, des délégations d'entreprises en lutte se sont rendues dans la matinée devant le siège de l'UIMM. Accompagnés de la CGT, les salariés ont dénoncé l'attitude du patronat et du gouvernement et présenté des alternatives à la casse industrielle.
« Ce n'est pas de la faute des salariés s'il y a des difficultés dans nos entreprises, mais bien à cause d'une stratégie patronale » estime Anthony Nédeau, délégué syndical CGT d'ACC Clermont-Ferrand, une entreprise d'entretien ferroviaire de 270 salariés qui connaît actuellement une situation financière tendue. Venus du même département, le Puy-de-Dôme, une quinzaine de salariés de Luxfer Gerzat (fabrique de bouteilles de gaz) brandit une banderole « 136 emplois sacrifiés ».
« On nous a annoncé le 26 novembre 2018 qu'on allait fermer, alors que notre site est l'un des plus profitables du groupe » explique Axel Peronczyk, délégué CGT, et de poursuivre, « Le Comité d'entreprise a déclenché une expertise qui confirme notre viabilité et nous avons même trouvé un repreneur fiable, mais tout cela est pour le moment écarté d'un revers de main par le patronat ».
« Ford pas compétitif, Ascoval inadapté à la demande »
Les propos du patron des patrons de la métallurgie, Philippe Darmayan, déclarant il y a quelques jours sur France Info que Ford Blanquefort (Gironde) n'était pas compétitif et que la production d'Ascoval Saint-Saulve (Nord) n'était pas adaptée à la demande ont été perçus comme une provocation. L'aciérie électrique de Saint-Saulve est parmi les usines les plus modernes de sa catégorie.
Dans les deux cas, une reprise était – et demeure d'ailleurs possible – si patronat et gouvernement avaient décidé de jouer une autre partition. Thomas Baudouin, responsable de la filière automobile à la FTM CGT, n'en doute pas : « Ce sont l'UIMM et les donneurs d'ordre de l'automobile grands bénéficiaires des aides de l'Etat qui sont responsables de la situation. »
Soupçons de complicité
L'affaire Ascoval pose par ailleurs d'autres questionnements. Le récent retoquage du repreneur franco-belge Altifort, une entreprise de taille moyenne avec un réel projet industriel arrive consécutivement à une dégradation de la note d'Altifort par la Banque de France de novembre 2018. Cette dégradation met Altifort en délicatesse pour obtenir les financements nécessaires.
De là à penser qu'une intervention de très haut niveau ait pu aboutir à ce résultat, le syndicat CGT d'Ascoval en est persuadé : « Nous savons qu'en octobre 2018, Jean-Pierre Floris, président du comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) a demandé à Altifort de retirer son offre. Il est clair qu'il y a eu des pressions de toutes parts. »
Pour l'heure, les salariés d'Ascoval espèrent encore une reprise, mais à défaut, la CGT demandera que l'Etat prenne ses responsabilités sous forme d'une nationalisation provisoire ou pas au vu de l'urgence et de l'effet domino inévitable que ce dossier, tout comme celui de Ford pourraient provoquer sur l'emploi industriel.
Développer une nouvelle stratégie industrielle