Ce que cache la fusion des instances
Le Cercle de réflexion Maurice Cohen consacré aux comités CE et aux IRP, a présenté son analyse et ses propositions relatives au projet de fusion des instances. Lire la suite
Réunir les élus et mandatés de la CGT en un même lieu est la mission peu aisée que s'est donnée la CGT Midi-Pyrénées. Au programme : des débats sur le rôle des élus et mandatés, sur les grandes batailles actuelles, comme les lois Macron ou Rebsamen, et même sur le rôle de la Nouvelle vie ouvrière. La NVO est allée à la rencontre d'élus et mandatés du Sud-Ouest pour prendre le pouls des débats à venir.
« Avant même leur tenue, ces assises ont été source d'enseignement, explique François Dousseau, secrétaire général de l'UD CGT des Hautes-Pyrénées, qui a participé au recensement des élus et mandatés. On a découvert qu'on avait un certain nombre de camarades, mandatés, dont on ignorait totalement l'existence. On ignorait même l'existence de certains organismes dans lesquels la CGT est représentée ! »
Pour lui, ces assises sont l'occasion de remettre à plat l'organigramme pour mieux « renforcer ce lien si nécessaire. »
S'ils sont souvent d'accord sur le fait que les élus et mandatés ont pour mission un rôle de représentation, le sens de celle-ci diffère selon le statut. Doivent-ils porter les revendications des travailleurs auprès de la CGT, ou celles de la CGT dans les organismes ? La réponse varie selon qu'ils sont élus ou mandatés.
Pour Guillaume Coursin, douanier et mandaté CGT pour le service public de l'emploi départemental, il s'agit de « porter dans les différentes instances les revendications de la CGT », une place « très importante », explique-t-il, car « ce sont eux qui porteront les réflexions, l'argumentation et les analyses de la CGT auprès des autres acteurs. » Le mandaté est donc, ici, le porte-parole de la confédération auprès des organismes sociaux.
Il explique cependant que ces réflexions, analyses et argumentations ne sortent pas pour autant de nulle part. Celles-ci doivent s'appuyer sur un syndicat de masse. « Nous ne pouvons pas nous cantonner à l'institutionnel », explique-t-il. Une analyse que partage Jean-Luc Pastre de l'union départementale 82 et multimandaté, notamment à la CPAM et à l'Ursaff.
Pour lui, « on est beaucoup dans l'institutionnel. Aujourd'hui, on doit construire le rapport de force et cela passe inévitablement par la question de la construction du syndicalisme de classe et de masse. C'est inévitable ! »
Et c'est là le rôle des élus. Créer le fondement de ce syndicalisme de masse en faisant notamment « prendre conscience aux salariés que ce sont eux qui sont maîtres de leur destin », souligne Manuelita Vintar, conseillère CPAM et élue CTE. Mais aussi, en recueillant et en faisant remonter leurs préoccupations.
Certes, « il ne faut pas y rester collés. Il faut en faire quelque chose de plus constructif, partir quand même de chacun et, ainsi, construire quelque chose de solide pour pouvoir rayonner sur toute la CGT. »
En fin de compte, comme le synthétise Mireille Riol, de l'union départementale 82, « les élus et mandatés, c'est le lien entre les salariés et l'organisation. C'est le lien pour porter les revendications des salariés dans l'entreprise. Et c'est le lien pour porter les revendications de la CGT auprès des salariés. »
Autre mission des élus et mandatés, représenter les travailleurs au-delà de leurs syndicats respectifs au travers de l'interprofessionnalisme.
« On a tendance à se refermer sur notre propre syndicat, ce qui est un tort bien sûr, et de ne plus prendre le temps de s'ouvrir à l'interpro, constate Éric Soria, mandaté au comité technique régional de la Carsat. À partir de là, nous mettons l'organisation en difficulté, de par la pauvreté de la réflexion. Aujourd'hui, il faut maintenir ce lien et l'ancrer au plus près de l'activité salariée. »
Mireille Riol abonde dans son sens : « Moi, je crois à l'interpro ! », affirme-t-elle. Pour elle, les élus et mandatés sont « le lien transversal » au-delà des portes de l'entreprise. Elle les invite d'ailleurs à se rapprocher des UL et UD près de chez eux pour cultiver ce lien.
Cultiver ce lien, échanger avec ses homologues d'autres syndicats ou d'autres régions et rompre l'isolement, c'est justement ce que viendra chercher, pendant ces assises, Natacha Pommet, élue au comité technique du conseil général 31.
Une rencontre qu'elle espère riche en enseignements ; un moyen d'échanger « sur les tactiques, sur les techniques, sur la stratégie, sur ce qui a pu nous faire avancer, ou ce qui, au contraire, nous a mis en difficulté ».
Des enseignements qu'elle espère recevoir des « anciens », car « ils ont une expérience, bonne ou mauvaise, qu'ils peuvent partager avec les nouveaux élus et mandatés pour commencer un nouveau mandat plus sereinement ».
En effet, les élus et mandatés rencontrés paraissaient tous soucieux de bien faire. Mais qui dit mission importante, dit aussi lourdeur des responsabilités.
« Souvent, c'est vu comme une responsabilité énorme. Certains la craignent », explique Natacha Pommet. Or, cet échange intergénérationnel permettrait, selon elle, de « dédiaboliser » la charge de la mission. Après tout, rappelle-t-elle, « quand on est élu et mandaté CGT, c'est toute la CGT qu'on a derrière nous ! » Une manière de mettre la nouvelle génération plus à l'aise.