Hard-discount : la sueur de l’affront
Derrière les miniprix : les cadences d’enfer, l’ultrapolyvalence, les bas salaires, le management brutal… Salués pour leur engagement pendant la pandémie, les salariés... Lire la suite
Sébastien David : Il y a la pub de Michel-Edouard Leclerc et puis ce qui se passe sur le terrain au sein des enseignes avec les gérants indépendants qui font régner leurs propres lois.
Début avril, une caissière a été diagnostiquée porteuse du Covid-19. Elle en informe aussitôt notre directeur, Thierry Planques, qui décide alors… de ne rien dire à personne. Ni aux représentants du personnel ni aux clients ! Il fait de même avec un autre salarié du rayon jardinerie-animalerie. En pleine pandémie, c'est inacceptable, irresponsable, dangereux.
Une des deux salariés nous a mis au courant des motifs de son arrêt. Il y allait de la santé des 465 salariés et des clients. Dès que nous avons eu connaissance des faits — copie du certificat d'arrêt de travail à l'appui — nous avons exigé, lors d'un CSE, des explications sur le silence de la direction. M. Planques nous a tout bonnement expliqué qu'il ne voulait pas déclencher un « vent de panique ».
L'absence d'identification des personnes ayant pu être en contact avec nos collègues atteints, la non-désinfection des postes de travail, le refus d'informer et donc de protéger les salariés et les clients en contact avec leurs collègues ont déclenché un stress intense et une défiance envers la direction. Et pourtant, dans ce Leclerc, on est habitués à des comportements hors-la-loi.
Depuis 2017, date de l'arrivée de cette direction, la souffrance au travail est énorme. Les arrêts maladie ont triplé chez les employés, doublés chez les agents de maîtrise, et les cadres ne sont plus épargnés. Ceux qui restent doivent absorber la surcharge de travail. Cette direction ose même envoyer des lettres recommandées menaçantes pour reprocher aux salariés de quitter leur travail alors qu'il n'est pas terminé. Elle oublie juste de dire que ces salariés ont effectué leurs horaires. Leurs menaces sont donc illégales, mais elles servent à maintenir un état de tension permanent chez les salariés.
Devant l'ampleur des problèmes, nous avons joué notre rôle d'alerte auprès des instances protectrices des droits des salariés. La direction a reçu une mise en demeure de l'inspection du travail, une injonction de la Carsat, un droit d'alerte de la médecine du travail qui a constaté des prises d'antidépresseurs, des tentatives de suicide chez les salariés. Le rapport d'expertise sur les risques psychosociaux contient 95 pages. Il est accablant pour la direction.
Extrêmement mal. En plus des cas cachés de Covid, il a fallu travailler au quotidien avec l'affluence des clients dans le magasin. Des caissières en poste étaient en pleurs à cause de clients trop nombreux dans le magasin qui ne respectaient pas les distances. C'était tellement n'importe quoi que j'ai dû appeler la police pour faire constater les infractions au respect des gestes barrières.
L'autre scandale, c'est le limogeage d'Abdel du chef du PC de surveillance. Lors du confinement, notre collègue Abdel D. a scrupuleusement fait respecter le filtrage des clients. Trop pour la direction. Elle lui a donné l'ordre de laisser entrer plus de monde puis a fait pression sur la société sous-traitante qui l'embauchait pour écarter ce surveillant trop scrupuleux.
Ce collègue a été sacrifié sur l'autel du profit par E. Leclerc Saint-Pierre. Pour le moment, il se remet difficilement de l'injustice qu'il vient de vivre. Pour la CGT c'est le coup de trop et il est hors de question que l'on baisse les bras dans la défense des salariés du commerce et ceux des sociétés sous-traitantes.
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