Hôpital public : un démantèlement programmé ?
Samedi 14 septembre, à Nantes (Loire-Atlantique), près de 300 personnes se sont mobilisées pour dénoncer « le démantèlement du service public de santé ». Un appel... Lire la suite
« Le soin c'est de l'humain, pas des chiffres. » Depuis le 30 août dernier, les grilles du centre hospitalier du Rouvray à Sotteville-lès-Rouen, en Seine Maritime, affichent des évidences bonnes à rappeler en ces temps d'austérité où la calculette sert de thermomètre. Assemblées générales, piquet de grèves, filtrage des entrées, pétition, l'action entamée à l'initiative de la CGT et d'un collectif de non-syndiqués ne faiblit pas. Au contraire.
En témoigne par exemple le nombre d'assignations prononcées par la direction de l'établissement public spécialisé dans la lutte contre les maladies mentales : 79 pour le premier week-end de septembre, 88 pour le deuxième. En témoigne aussi la reconduction quotidienne du mouvement pendant vingt jours, avant l'assemblée générale du 19 septembre qui a décidé la poursuite de la grève… pour une semaine.
À l'origine de cette mobilisation, un plan de réorganisation présenté en juin dernier devant le comité technique d'établissement (CTE), applicable dès le 1er septembre. Ce projet, rejeté par les élus CGT, prévoit la formation d'un « pool de remplacement » composé de personnels « puisés » dans différentes unités de soins. Une ponction équivalente à 35 postes. Or, comme le souligne Bruno Fresnard, élu CGT, la pénurie en personnel est déjà patente.
Des départs en retraite sans remplacement, des contrats à durée déterminée non renouvelés, des arrêts maladies et des accidents du travail en augmentation – du fait de conditions de travail dégradées – ont créé une situation difficile, tant pour les personnels que pour les patients « en grande souffrance psychologique et physique ».
« Avec cette “réforme”, vous mettez en péril la santé, le bien-être et la sécurité de tous », écrivent les auteurs, syndiqués et non-syndiqués, d'une lettre pétition adressée à la direction. Ce courrier a été élaboré en concertation avec le personnel, service par service. À l'opposé du raisonnement déployé par la direction et des orientations mises en œuvre dans l'ensemble des hôpitaux français, il établit, à partir des charges de travail existantes, les moyens humains nécessaires pour continuer à assurer un accueil et des soins de qualité.
« L'hôpital est-il condamné à devenir une entreprise préférant le rendement et la rentabilité au détriment de l'humain ? », interrogent encore les signataires de la pétition, pour apporter immédiatement leur réponse à la question, en exigeant la mise en place du « pool de remplacement » par la création de 35 emplois statutaires.
Cette demande n'a, pour l'instant, reçu aucune réponse. La direction est, à ce jour, restée sourde y compris à la revendication d'un moratoire sur son projet de réorganisation. Elle a affiché la même intransigeance devant les élus du CHSCT réunis en séance extraordinaire le 16 septembre dernier, en refusant l'expert auquel la CGT, soutenue par la CFTC, proposait de faire appel pour examiner les conditions dans lesquelles travaillent quelque 2 000 personnes.
Le centre hospitalier du Rouvray est en sur-occupation croissante. L'accueil de patients sur des lits de camp, dans des bureaux ou des salles de télévision, aménagés en catastrophe est de plus en plus fréquent. Jusqu'à mettre en cause leur sécurité comme celles du personnel. La détermination des grévistes a cependant conduit le directeur à accepter, trois jours plus tard, l'intervention du cabinet d'experts qu'il avait refusé trois jours avant.
« C'est un premier recul », souligne Bruno Fresnard. Pour transformer l'essai, les volontaires sont nombreux. « Le mouvement a permis de renouer des liens entre les personnels, toutes catégories confondues, ajoute le syndicaliste. « On tient le bon bout. » La CFTC dont les élus – comme ceux de la CFDT – ne s'étaient pas opposés au projet de réorganisation concocté par la direction a rejoint le mouvement.
Et les soutiens aux grévistes se multiplient, émanant de centres hospitaliers implantés dans différents départements (Manche, Rhône, Isère, Haute-Garonne, etc.) mais aussi de salariés des entreprises environnantes (Petroplus, Renault-Cléon, La Chapelle Darblay, etc). et de la population. De quoi conforter un mouvement qui, en défendant l'emploi et les conditions de travail du personnel, défend tout autant le droit à la santé pour toutes et tous.
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