Les cheminots en grève ce 1er juillet 2021
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En 2001, Ken Loach dénonçait dans son film The Navigators, les ravages de la privatisation du rail en Grande-Bretagne. Nous avions alors assisté à une projection où la Fédération CGT des cheminots était venue en force. Les interventions diverses montraient l'inquiétude des travailleurs du rail, conscients que la même politique se mettait en place en France.
Aux mêmes causes les mêmes effets, la dégradation du service rendu aux usagers (que la SNCF préfère appeler des clients) est la réalité d'aujourd'hui. En signant « Vérités et mensonges sur la SNCF » (en libre accès) Gilles Balbastre, journaliste et réalisateur précise qu'il a voulu donner la parole aux cheminots qui s'opposent – notamment depuis 1997 et la séparation de la SNCF en deux entités avec la création de Réseau ferré national – à cette casse d'un grand service public dont ils sont les ardents défenseurs :
« Il y a un an, la réforme ferroviaire votée à l'Assemblée nationale le 4 août avait été l'occasion d'une vaste campagne de manipulation de l'opinion publique orchestrée par le gouvernement de Manuel Valls, la direction de la SNCF et les médias réunis main dans la main. Face à ce qu'on peut bien appeler une opération de propagande, les milliers de grévistes et les syndicats opposés à cette réforme ont eu bien du mal à exposer et à faire connaître leurs arguments. (…) C'est dans ce contexte que le cabinet Émergences et le comité d'établissement régional SNCF Nord-Pas-de-Calais m'ont proposé de réaliser un film qui renverse ces logiques de communication. »
Les mensonges et les fausses promesses de la direction de la SNCF depuis des décennies ouvrent le documentaire, dont l'équipe mesure ensuite les effets sur le terrain. Dans la région Nord-Pas-de-Calais – la réalité est alarmante : en raison du désengagement de l'État, le réseau (rails, aiguillages, voies, signaux, etc.) manque très cruellement d'entretien.
Or les cheminots sont empêchés de réaliser ces tâches, soumis à des plans d'exploitation et des réductions de budgets et d'effectifs drastiques. La sécurité des voyageurs est au cœur de leurs préoccupations, mais ces voyageurs, bombardés de propagande médiatique en ont-ils seulement conscience ? Faut-il des accidents graves comme celui de Brétigny-sur-Orge pour qu'un début de prise de conscience survienne, vite éteint par la « communication » de l'entreprise servie sur un plateau par les « chiens de garde » médiatiques ?
Depuis l'éclatement de la SNCF en 1997 (qui avait surtout pour objectif de répartir la dette sur deux entités au lieu d'une), la situation ne cesse de se dégrader et entre 11 000 et 15 000 km sont carrément menacés de fermeture au nom de la rentabilité. Là aussi, le travail et le service rendu – biens communs – ne sont considérés que comme un coût…
Et le tout sans que l'État, actionnaire de la SNCF, ne mette la main à la poche, préférant se défausser de ces responsabilités sur les communautés locales.
Gilles Balbastre a donc tourné caméras et micros vers les cheminots – toutes organisations syndicales confondues – qui donnent ici leur version des faits, preuves à l'appui. Ils rappellent par exemple que la dette n'a cessé de s'accroître depuis 1997 (avec 1,5 milliard d'euros d'intérêts servis aux banques chaque année). Mais aussi que le « paquet ferroviaire européen » prévoit encore plus de mise en concurrence et alertent sur la fuite en avant que consiste la réforme ferroviaire avec une nouvelle division de la SNCF en SNCF Réseau et SNCF Mobilité qui ne fait que rompre un peu plus la chaîne de service entre les différents corps de métiers des cheminots.
À cette situation déjà très préoccupante s'ajoute le double langage d'un gouvernement qui, d'une part, annonce son engagement dans la COP21 et la réduction des émissions de gaz à effet de serre et qui, via la loi Macron, libéralise le transport en autocar (mis en service là où souvent le rail de proximité a été supprimé) dont le bilan carbone est 70 fois plus générateur de CO2 que le transport ferroviaire.
Il serait grand temps que nombre d'usagers, plutôt que de répéter qu'ils sont « pris en otage » par les cheminots grévistes s'interrogent sur les raisons de ces mouvements sociaux qui ont pour but d'assurer un bien commun auquel tous ont droit : la sécurité, la régularité et les bonnes conditions d'un transport ferroviaire.
Réalisé par Gilles Balbastre avec le Comité d'établissement régional Nord-Pas-de-Calais et Émergence. 56 minutes. |
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