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Audiovisuel

Audiovisuel : la mobilisation continue

19 janvier 2024 | Mise à jour le 19 janvier 2024
Par | Photo(s) : Dimitar Dilkoff/AFP
Audiovisuel : la mobilisation continue

Rassemblement des techniciens de l'audiovisuel et des réalisateurs en grève à Paris, le 19 décembre 2023. Photo : Dimitar DILKOFF / AFP

Depuis le 16 novembre, un large mouvement social intersyndical des techniciens audiovisuels ébranle le secteur de la production pour la télévision. Le protocole de sortie de grève, proposé par les syndicats de producteurs, sera prochainement signé par trois organisations syndicales (SNTPCT, CFTC et CFDT) et sera dès lors validé. De leur côté, les militants du Syndicat des professionnel·les des industries de l'audiovisuel et du cinéma (SPIAC-CGT), ont rejeté le texte. Ils réfléchissent à la poursuite du mouvement.

Ils sont ingénieurs du son, chefs opérateurs, monteurs… Depuis plus de deux mois, les techniciens audiovisuels travaillant sur les tournages d'émissions de flux ou de fiction pour la télévision ont mené un mouvement de grève d’une ampleur inédite. Le protocole d’accord proposé par les syndicats de producteurs devrait prochainement être signé par trois des syndicats composant l’intersyndicale (CFDT, CFTC et SNTPCT). Le texte – un avenant à la convention collective de l’audiovisuel – prévoit une augmentation de 3 % pour les salaires supérieurs à 1100 euros brut par semaine et de 5 % pour les salaires inférieurs à 1100 euros brut. Les syndicats de producteurs proposent par ailleurs des revalorisations salariales différentes selon le secteur (documentaire, flux, fiction ou captation de spectacle vivant). Avec la signature et l’entrée en vigueur du texte, la mobilisation sociale va désormais prendre un nouveau tour. Réunis en assemblée générale ce jeudi 18 janvier, les militants du Syndicat des professionnel·les des industries de l'audiovisuel et du cinéma (SPIAC-CGT) ont, eux, rejeté le protocole d’accord à une écrasante majorité. « Nous allons poursuivre le mouvement mais sous une forme différente qu’en novembre et en décembre, explique Nicolas Yassinski, délégué général adjoint du syndicat. Les journées de grève et les rassemblements seront annoncés au dernier moment. »

Depuis le 16 novembre, la mobilisation sociale a déjà sérieusement perturbé plusieurs tournages pour programmes dédiés aux chaînes de télévision ou des plateformes de streaming. Comme celui de Trash, série produite pour Amazon sur le tournage duquel Agathe* a travaillé comme perchwoman : « Nous avons fait neuf jours de grève sur notre plateau, ce qui est assez inédit dans un secteur où on travaille avec des contrats courts et où les collectifs de travail sont sans cesse recomposés. » « C'est une mobilisation historique car elle est portée par l'ensemble de la branche et pas seulement par les salariés d'une seule entreprise » explique Ghislain Gauthier, secrétaire général de la CGT Spectacle. Depuis le début du mouvement, des rassemblements devant le siège de TF1, de Mediawan ou devant le ministère de la Culture ont également surpris par leur ampleur. La mobilisation a également été rejointe par la Guilde des auteurs réalisateurs de reportage et de documentaires (GARRD).

Décrochage des salaires

À la source du mécontentement, le décrochage des salaires dans la branche. « En raison de l'inflation, aujourd'hui, les salaires des techniciens de l'audiovisuel sont 20 % inférieurs à ce qu'ils étaient en 2007  », explique Laurent Blois, délégué général du SPIAC-CGT. Les travailleurs réclamaient donc une hausse générale des salaires de 20 % pour tous. Les propositions finales, adressées par les syndicats de producteurs le jeudi 11 janvier, sont largement en deçà. « Les producteurs expliquent ne pas pouvoir faire d’effort supplémentaires, mais c’est un secteur où il y a beaucoup d'opacité, notamment dans la production d'émissions de flux », poursuit Laurent Blois.

On nous demande de produire toujours plus de contenus avec de moins en moins de temps, de faire seul le travail de trois personnes, on travaille jusqu’à 13 heures par jour

Alors que les techniciens observent une chute drastique de leur pouvoir d’achat, leurs conditions de travail restent, elles, toujours aussi éprouvantes. « Avec l’arrivée des séries sur les plateformes, les tournages sont de plus en plus longs. Durant les tournages, on travaille entre 45 à 55 heures par semaine, nous sommes amenés à travailler de nuit… Or ce n’est pas la même chose de tenir ce rythme durant cinq ou six semaines ou trois mois, explique Agathe. On nous renvoie au fait que nous faisons un métier passion, mais à la fin, c’est la santé qui en prend un coup. » « On nous demande de produire toujours plus de contenus avec de moins en moins de temps, de faire seul le travail de trois personnes, on travaille jusqu’à 13 heures par jour… abonde Alexis Leclere, assistant opérateur, adhérent au SPIAC-CGT et impliqué dans la mobilisation. Beaucoup de techniciens sont excédés par ces cadences infernales, d’autant plus que nous avons perdu au fil des années en pouvoir d’achat. » Pour eux, les propositions formulées par les syndicats de producteurs ne sont pas à la hauteur de leurs attentes et ils se disent prêts à poursuivre le mouvement. « Les employeurs ont lâché un peu de mou mais nous sommes loin des revendications initiales, explique Ghislain Gauthier. Nous souhaiterions élargir le mouvement aux comédiens et aux professionnels du spectacle vivant. Cette grève a créé de nombreux groupes de discussion et une réelle conscientisation des professionnels du secteur ». Signe qui ne trompe pas, le SPIAC-CGT a ainsi doublé son nombre d'adhérents en quelques semaines.

* Le prénom a été modifié