
Quel avenir pour l'usine Stellantis à Poissy ?
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Une « avancée significative », c'est en ces termes que Bruno Le Maire a salué l'annonce faite par la direction de Nokia, le 23 octobre dernier, d'« investir en France sur deux nouveaux projets stratégiques », la « création d'un centre sur la cybersécurité » et le développement des « nouveaux usages et services associés à la 5 G ». De quoi revenir ainsi sur le plan massif de suppression d'emplois annoncé en juin dernier, lequel concernait plus de 1 200 personnes en France, puisque pas loin de 250 postes seraient ainsi sauvés et 112 créés pour ce nouveau centre de cybersécurité.
Une bonne nouvelle ? Voire. « Ce n'est qu'un petit sursis », prévient Philippe Mulot, délégué syndical central CGT à Nokia Lannion, dans les Côtes-d'Armor, pour qui « le compte n'y est pas ». Loin s'en faut. « C'est 162 annulations de suppressions de postes sur Lannion et 85 sur Nozay [dans l'Essonne, NDLR], soit un total de 247 postes. Ce qui veut dire qu'il reste 986 emplois supprimés, 240 à Lannion et 746 à Nozay. » Et le délégué syndical de rappeler que ce PSE, le « quatrième depuis le rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia [en 2015, NDLR] », est aussi le plus « saignant ».
« Inacceptable » donc, d'autant que le centre de cybersécurité annoncé reste encore bien flou.
« La direction n'est pas claire. Quand on lui demande si c'est un projet, elle nous répond que c'est une “ambition” et que ces 112 postes concerneraient essentiellement des embauches externes, principalement sur Lannion. » Une « ambition » qui a d'autre part un sérieux goût de « réchauffé » pour Philippe. « Il y a quatre ans, Nokia s'était engagé à créer un centre mondial de cybersécurité et Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, était même venu l'“inaugurer”. Il n'a jamais vu le jour. » Quant à la « souveraineté technologique » ainsi assurée vantée par le ministre de l'Économie, « elle a déjà disparu lorsque l'État a accepté de vendre Alcatel-Lucent à un Finlandais », ironise le syndicaliste.
Reste que cette « ambition » et ce sauvetage de 247 emplois vont permettre à Nokia de bénéficier du soutien étatique. « Le gouvernement a inclus Nokia dans son plan de relance et a mis dans le panier 28 millions d'euros d'aide sans vraiment de contraintes », constate Philippe, pour qui, si contrainte il y a, celle-ci est d'un autre ordre. « Ce que veut le gouvernement, c'est : pas de nouveau PSE avant l'élection présidentielle parce que cela ne serait pas bon pour son image. C'est un peu ça le deal . »
Deal dont Nokia sort gagnant. Car aux 28 millions ainsi récupérés, il ne faudrait pas oublier d'ajouter les quelque 280 millions d'euros déjà obtenus au titre du Crédit impôt recherche ou du Cice depuis 2015. « On finance une entreprise qui a distribué 5 milliards d'euros de dividendes à ses actionnaires depuis le rachat d'Alcatel-Lucent, qui ne paye pas ses impôts en France et récupère des crédits d'impôt recherche qui pourraient servir à la recherche française. Ça commence à faire beaucoup », assène le responsable syndical pour qui « il n'y a aucune justification économique à ce plan » et pour qui « il faut l'annuler ». D'autant qu'avec le développement de la 5G et le nombre de données critiques qui vont circuler sur les réseaux, la sécurité des réseaux et la cybersécurité sonnent comme une évidence, voire une priorité.
Mise à jour, le 10 octobre 2020 : l'intersyndicale de Nokia a mis en place une pétition en ligne sur Change.org pour demander au Président de la République d’agir.

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