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Avec « Ni vus, ni reconnus », la Revue dessinée éclaire sur les travailleurs de l'ombre

11 décembre 2020 | Mise à jour le 11 décembre 2020
Par | Photo(s) : revue dessinée
Avec « Ni vus, ni reconnus », la Revue dessinée éclaire sur les travailleurs de l'ombre

Dans son numéro de décembre 2020, la Revue Dessinée consacre un trentaine de pages aux invisibles du monde du travail : les travailleurs migrants en situation dite « irrégulière ». Sous les plumes acérées de Tania Tervonen (journaliste-Reporter) et de Jeff Pourquié (dessinateur), cette BD-reportage narre le quotidien des travailleurs et travailleuses de l'ombre « Ni vus, ni reconnus », et pourtant si indispensables au bon fonctionnement de notre société.

Il faut le dire d'emblée : l'intention de ce reportage dessiné sur la vie de galère, parfois mortifère des travailleurs sans papiers migrants n'était pas de stimuler la fibre compassionnelle du lecteur. Ni de faire pleurer dans les chaumières.

C'est même tout l'inverse : « Mon but était de produire de l'empathie, de faire changer le regard que nous portons sur ces personnes qui font partie de notre quotidien, gardent nos enfants, assurent l'intendance de nos domiciles, s'accrochent aux camions-bennes aux aurores pour récolter nos déchets, cuisinent dans l'arrière-boutique de coûteux restaurants, assurent la propreté et l'hygiène de nos bureaux, nos cantines, nos commerces, fabriquent des immeubles où ils et elles ne pourront pas se loger et de rendre visible leur contribution à notre confort de vie », tient à préciser l'autrice, Taina Tervonen.

Se réinventer au service de vies d'autrui

Et de fait, au fil des témoignages glanés depuis janvier 2020, la narration nous entraîne dans les alcôves pas vraiment feutrées de ces existences parallèles à celles des citoyens officiels. Tissé de témoignages pour dire le vécu et de dessins pour le montrer, le récit donne à voir et à découvrir tout un monde où des femmes et hommes, non reconnus et sans droits, se démènent dans un système de débrouille improvisée au jour le jour pour se réinventer au service des vies d'autrui, sans pouvoir jamais s'y inviter.

Tout un monde d'exilés, arrachés à leur terre d'origine, à leur culture, à leur famille et à leurs rêves qui débarquent en France — quand ils ne périssent pas en mer — dans le seul espoir de pouvoir travailler pour gagner leur vie et subvenir à celle des proches souvent laissés au pays.

Une marche pour gagner l'égalité

Ce reportage dessiné ne suscite pas non plus la joie de vivre. Qui voudrait vivre comme Karima, coach de judo en Algérie, puis divorcée, contrainte de fuir les représailles de sa famille pour se réfugier en France où elle devient femme de ménage, hébergée par le 115 avec sa fille de 16 ans dans un hôtel miteux, ne disposant que d'un lit, d'un fauteuil éventré, d'un frigo qui ne fonctionne pas et d'une seule plaque de cuisson dans la pièce collective ?

Ou comme Mamadou Dyabi, ouvrier clandestin d'une entreprise de démolition où l'échafaudage n'est retenu que par des fils électriques, qui finissent par céder précipitant au sol un collègue, lui aussi sans papiers, sans assistance de l'employeur ?

Qui, en toute conscience, pourrait se réjouir d'un confort de vie assis sur l'indigence de celles et de ceux qui, par leur travail maltraitant et mal rémunéré, assurent au quotidien les conditions de ce confort existentiel auquel eux, ces « clandestinisés », ne pourront jamais prétendre ?

Dénoncer l'assignation à la clandestinité

« Je voulais aussi montrer l'absurdité d'un système qui contraint une partie de ses forces productives nécessaires au bon fonctionnement de notre économie, à vivre en clandestinité pendant plusieurs années avant de pouvoir prétendre à la régularisation », précise Taina Ternoven

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Une absurdité et une injustice que la CGT, bien représentée dans ce reportage dessiné, ne cesse de dénoncer et de combattre aux côtés de ces travailleurs de l'ombre. Temps fort du reportage, les planches réalisées à la permanence syndicale tenue par Marilyne Poulain (Collectif confédéral CGT Travailleurs migrants) avec les militants de l'union locale CGT de Paris 19e.

Car ici affluent en masse les « Ni vus, ni reconnus » de tous horizons professionnels. Pour se renseigner, d'abord, sur leurs droits, avant de s''enhardir jusqu'à s'organiser collectivement et mener des actions de grève qui se soldent presque toutes sur une note positive : l'obtention du sésame de la régularisation, passeport pour la sortie de l'anonymat et l'entrée dans la vie officielle.

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