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Le bal des mots dits : on se fait un petit benchmark ?

16 août 2017 | Mise à jour le 17 juillet 2017
Par | Photo(s) : Babouse
Le bal des mots dits : on se fait un petit benchmark ?

La mise en concurrence des salariés, des services, des entreprises, des États, selon des critères obscurs, fait des ravages. Comparaison n'est pas raison.

Le « benchmark » ou « benchmarking » est un de ces nombreux anglicismes qui ont envahi le monde du travail et celui des politiques publiques. En traduction littérale, le benchmarking est une comparaison ; en fait, c'est un peu plus que ça. À l'origine, c'est une technique qui vient de la finance et qui a été généralisée par les sciences de la gestion, qui en font l'alpha et l'oméga de l'efficacité : il s'agit de comparer les performances de produits ou de services concurrents sur un marché en vue d'optimiser la conception, la fabrication et la distribution d'un nouveau produit.

Puis, petit à petit, le benchmarking est devenu une manière de gérer les entreprises en important des techniques de gestion et des modes d'organisation, comme s'il n'existait aucune influence des contextes, des cultures professionnelles, des compétences propres à chaque collectif de salariés. La Commission européenne s'est emparée avec passion de cette idée au milieu des années 1990 pour évaluer les politiques des États dans différents domaines, comme le social par exemple.

Le benchmarking est aussi devenu un outil de gestion du travail au sein de l'entreprise. C'est un moyen de pression à travers lequel chaque unité de travail est mise en regard des autres unités. Il peut s'appliquer d'établissement à établissement, d'agence à agence, de service à service et de salarié à salarié. En clair, le benchmarking est devenu une mise en concurrence incessante des structures entre elles et des travailleurs entre eux. C'est évidemment plus qu'une simple comparaison car il dissimule des normes, c'est-à-dire une certaine conception de l'efficacité prenant en compte des critères qui ne sont discutés nulle part.

Alors chiche, déplions le contenu de cette efficacité. Mettons – pourquoi pas ? – en regard les politiques les plus efficaces dans la protection de la santé et de la sécurité au travail dans les entreprises, les considérations sanitaires et éducatives dans l'évaluation des politiques publiques, le bénéfice comparé des services publics, etc. Pourquoi pas un benchmark social ? À moins que ce terme anglais ne soit définitivement habité par son principe originel, la maximisation du profit.