23 août 2023 | Mise à jour le 24 août 2023
Rachetés par la société Jestia en octobre 2022, les salariés de Clestra Illkrich redoutent le non-respect des engagements en matière de maintien de la production et des 283 emplois. Déménagement de machines sans explications, répression antisyndicale, licenciement abusif, la grève se poursuit depuis 7 semaines.
Sept semaines de grèves, comment tenir ? « Début août, nous avons reçu nos fiches de paie avec un net versé de zéro euro. C'est la première fois que nous connaissons une grève qui va aussi loin avec en face une Direction qui ignore tout du dialogue social » constate Amar Ladraa, membre du CSE de Clestra, responsable de la CGT Grand-Est et membre de la direction de la Fédération CGT de la Métallurgie. Convoqué récemment à un entretien disciplinaire pouvant aller jusqu'au licenciement, le délégué CGT est dans le collimateur de ses nouveaux patrons : « Ils me reprochent d'avoir soi-disant divulgué des informations confidentielles du CSE aux salariés et d'avoir fait entrer mon fils dans le local syndical. » Par ailleurs, c'est une autre situation insupportable qui déclenche la grève le 3 juillet 2023 et qui dure depuis.
Licencié par courriel
En effet, les salariés de Clestra ont été choqués par la situation d'un de leur collègue qui, venu travailler le matin, a vu son responsable l'interpeller pour lui indiquer qu'il n'avait rien à faire là et qu'il était licencié. « Il n'a jamais reçu de courrier, et on a appris que la direction lui avait envoyé un e-mail le dimanche après-midi lui reprochant d'avoir utilisé son téléphone au travail » précise Amar Ladraa. Ces cas ne semblent pas isolés, la CGT Clestra constate que 25% à 30% des salariés ont quitté l'entreprise de « gré ou de force » ces derniers mois et considère que « tout est fait pour les pousser vers la sortie », comme en témoignent les propositions de ruptures conventionnelles de la direction.
Rachat dans la douleur
C'est en octobre 2022 que Clestra Illkrich (67) passe sous la houlette la société Jestia détenue par les frères Jacot. Situé à une dizaine de kilomètres de Strasbourg, Clesta est réputé pour sa production des cloisons de bureau. Elle emploie alors 283 salariés répartis en deux entités, Clesta New et Clestra Metal qui assure la production. Au tribunal, les nouveaux dirigeants avaient pris un certain nombre d'engagements. Le rachat de l'entreprise était notamment conditionné à la garantie que l'ensemble de la production et des emplois puissent être déménagés vers une nouvelle usine à Strasbourg. Sauf que cela ne s'est pas passé ainsi : « aujourd'hui, on constate qu'ils ont déménagé la première phase avec la fabrication, le pliage et la tôle, mais que tout le reste (assemblage, peinture, expédition) n'a pas bougé, or cela représente la moitié de l'usine et le nouveau site est trois fois moins grand que le site actuel. Nous avons interpellé la direction, mais elle refuse de communiquer des informations avant décembre 2023. Ce refus de dialogue est inacceptable au moment où les salariés voient partir leurs machines », s'insurge Amar Ladraa.
Face à l'intransigeance
Au vu du comportement qualifié de jusqu'au-boutiste de la nouvelle direction, les salariés se mobilisent et tiennent bon pour la sauvegarde de leur entreprise. Ce jeudi 24 août, Sophie Binet prendra part à un rassemblement de soutien à IllKirch. Elle entend notamment réaffirmer l'exigence d'une table ronde avec les pouvoirs publics, les actionnaires et les salariés. La secrétaire générale de la CGT estime que les pouvoirs publics, qui pourraient exiger les remboursement des aides publiques, ont ainsi le moyen de peser pour faire respecter les engagements pris par les actionnaires en matière d'emploi et de production.
Caisse de solidarité Clestra
https://www.leetchi.com/fr/c/greve-des-clestra-1728721