A la PJJ, la colère continue de répondre au mépris
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Les luttes gagnantes débouchent aussi sur des victoires judiciaires. C'est une première et c'est historique. En 2018, un employeur voyou vient d'être condamné pour « traite des êtres humains ». Le patron des salons de coiffure afro et de manucure du 57, boulevard de Strasbourg à Paris (Xe arrondissement) écope de deux ans de prison dont un ferme, 25 000 euros à verser à chaque plaignante (15 personnes) et 5 000 euros de dommages et intérêts à l'UD CGT de Paris, partie civile au procès. Le tribunal correctionnel assortit ses peines financières de peine « morale » avec l'interdiction pour l'ancien employeur d'ouvrir une nouvelle entreprise et même d'arpenter les rues du Xe arrondissement !
Petit retour en arrière. Tout commence par le ras-le-bol de femmes qui travaillent dans des conditions dangereuses pour leur santé en étant mal, voire pas payées. En 2014, après avoir contacté la CGT, elles entament une grève. Malgré les menaces, les intimidations même sur les militants cégétistes qui les soutiennent, elles ne lâchent rien et obtiennent – enfin, au bout de dix mois – le paiement de salaires en retard et des contrats de travail. En 2016, toujours battantes, elles obtiennent le paiement d'arriérés de salaires et des papiers. La régularisation acquise, elles continuent le combat.
Jeudi 8 février, le tribunal correctionnel a reconnu la situation de vulnérabilité de ces femmes, liée à leur passé de travailleurs sans papiers. « Les employés ne pouvaient pas démissionner, ils étaient contraints de rester, leurs salaires étaient inférieurs à 40 % du Smic et sans lien avec le temps passé dans le salon », note le tribunal. La justice reconnaît encore « l'exploitation » pour tirer de ces femmes salariées « le plus grand profit ».
Si le dénouement est heureux pour les 57 du Boulevard de Strasbourg, d'autres sans-papiers subissent, à Paris et ailleurs, des situations d'exploitation totale et d'esclavagisme moderne. Pour eux, ce jugement doit faire jurisprudence.
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