Les entreprises sous emprise de la finance
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Comme un rituel, les trois principales agences mondiales, Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s, livrent à chaque printemps leur verdict sur l’état de la dette française. Avec le dépassement des 5% de déficit, des 3 000 milliards d’euros de dettes et des 110% du PIB, les paris vont bon train sur une baisse de ces notes. Ce qui renchérirait le coût du financement de cette dette, en obligeant l’Etat à majorer le taux d’intérêt servi aux souscripteurs des obligations qu’il émet. Un système, dénonce la CGT, basé « sur une conception financière de l'évaluation » et qui, « au motif de maîtrise de la dette publique », conduit à « des politiques d'austérité basées sur des réductions drastiques des dépenses publiques ». Les ministres de l’Economie et des Comptes publics ont pris les devants, annonçant des coupes de dix et vingt milliards d’euros en 2024 et 2025, qui viseront notamment la culture, les collectivités locales, la politique de l'emploi, la rénovation énergétique…« Nous ne le faisons pas pour les agences de notation, mais pour les Français », assure Bruno Le Maire. Pour le gouvernement, « il serait humiliant d’avoir une mauvaise note », rétorque Dominique Plihon, des Economistes atterrés, qui y voit « des effets d’annonce » à destination des marchés financiers, pour les persuader « qu’on est sérieux et qu’on baisse notre dette ». Un message également destiné, explique-t-il, « à la Commission européenne et aux partenaires [de la France] considérés comme les plus sérieux comme l’Allemagne et les Pays-Bas », afin de les rassurer sur le respect du Pacte de stabilité et de croissance.
« Les agences de notation financière ne doivent pas être autorisées à peser arbitrairement sur les taux d'intérêt des marchés obligataires en dégradant la note d'un État : on devrait réglementer leur activité en exigeant que cette note résulte d'un calcul économique transparent », revendique le manifeste des Economistes atterrés, qui pointe « des notes empruntes d'une grande subjectivité voire d'une volonté d'alimenter l'instabilité, source de profits spéculatifs ». « Les agences de notation font partie du système financier international, note Dominique Plihon. Il y a un présupposé que ce qu’elles font est sérieux et qu’on peut leur faire confiance. »
L’économiste perçoit même une sorte de « collusion entre les agences de notation et les autorités bancaires », soulignant que « le comité de Bâle [notamment composé des représentants de 27 banques centrales dans le monde, NDLR] propose aux banques d’utiliser ces notes pour pondérer leurs risques ». L’incapacité de ces mêmes agences à prévoir la crise financière de 2008 paraît déjà oubliée. L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel avait, parmi d’autres, promu l’idée d’un contre-poids européen. « Une agence de notation publique aurait été bienvenue, mais il y a eu un manque de détermination des autorités », conclut Dominique Plihon.
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