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CLIMAT

Dérèglements climatiques, pré-rapport alarmant du GIEC… quelle action de la CGT ?

1 juillet 2021 | Mise à jour le 1 juillet 2021
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Dérèglements climatiques, pré-rapport alarmant du GIEC… quelle action de la CGT ?

Marche pour le Climat, Paris 9 mai 2021

Violents orages, inondations, canicules suffocantes… au moment où les dérèglements climatiques se multiplient, les fuites sur le pré-rapport des experts de l'ONU font carrément craindre des bouleversements cataclysmiques d'ici moins de 30 ans. L'occasion de faire le point sur l'action de la CGT avec Véronique Martin, secrétaire confédérale en charge des questions d'environnement.

Aujourd'hui, de violents orages, des tempêtes, des inondations, des canicules suffocantes et des records de chaleur. Demain, des pénuries d'eau, des exodes, de la malnutrition, l'extinction d'espèces… Les prévisions du pré-rapport du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat qui rassemble des centaines de scientifiques), qui a fuité le 23 juin dernier, sont alarmantes.

Quel que soit le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les impacts dévastateurs du réchauffement sur la nature et l'humanité qui en dépend vont s'accélérer et devenir dramatiquement concrets en moins de trente ans. Le point avec Véronique Martin, secrétaire confédérale en charge des questions d'environnement.

Au vu des intempéries qui marquent nos territoires de plus en plus souvent comme celles des derniers jours, comment réagissez-vous aux prédictions alarmantes du GIEC ?

Véronique Martin : Je n'ai pas eu accès à ce rapport, mais j'en ai lu les grandes orientations dans la presse… Notre préoccupation au sujet des questions environnementales ne date pas d'hier. À notre niveau, nous faisons des propositions pour faire évoluer les modes de production, pour relocaliser des productions au plus près des besoins des populations et pour développer les transports collectifs, notamment le ferroviaire par exemple.

Sans opposer les modes de transports, on doit bien reconnaître que c'est le transport routier qui émet le plus de gaz à effets de serre. Nous revendiquons donc de procéder à un grand rééquilibrage, pas seulement en France, mais en Europe et à l'échelle mondiale. Il faut travailler sur la complémentarité et la multimodalité.

Notre bataille pour le maintien de la production des fonderies sur notre territoire en est un autre exemple. PSA et Renault disent qu'on n'a plus besoin de cette activité, mais vont, dans le même temps, se fournir ailleurs en pièces alors qu'on dispose d'un appareil productif capable de répondre aux besoins. Il faut redévelopper le tissu industriel sur le territoire pour relocaliser la production. Indirectement, c'est agir pour la planète.

Y a-t-il d'autres leviers d'action syndicale sur ce registre ? La semaine du 14 au 19 juin, la CGT participait à l'organisation du forum syndical international des transitions écologiques et sociales…

Cela fait en effet partie de nos modes d'action : on ne peut se contenter d'agir sur le territoire français. Si on est confronté aux délocalisations, c'est aussi parce que le patronat souhaite faire produire dans des endroits où les coûts de production sont moindres et où, par conséquent, les conditions sociales des salariés sont des plus réduites.

Or, en agissant au niveau européen et international pour améliorer les conditions sociales de l'ensemble des salariés, en s'opposant au dumping social, on préserve aussi l'environnement. En ce sens, ce forum nous a confortés dans le besoin de travailler ensemble, de développer les mobilisations et les convergences revendicatives entre les syndicats des cinq continents.

Nous avons d'ailleurs élaboré une plateforme commune pour poursuivre cette mobilisation et nous porterons un appel commun à la COP 26 de Glasgow en novembre prochain.

 

L'association de la CGT, L'Avenir social, est-elle aussi un outil pour agir sur ce terrain ?

Au-delà de l'action syndicale qu'on mène au quotidien aux côtés des salariés, nous menons à travers cette association une action de solidarité pour venir en aide aux populations confrontées aux catastrophes naturelles aussi bien qu'à des accidents industriels. Cette association agit tant en France qu'à l'international.

En parallèle, l'association CGT de défense des consommateurs participe aussi à la pédagogie et à la prise de conscience en organisant des colloques consacrés aux questions environnementales. Le 9 décembre 2021 se tiendra d'ailleurs celui dédié à l'économie circulaire et à la filière textile. Il fait suite à un premier volet organisé en 2018 qui portait sur le travail des enfants, puis à un deuxième qui portait sur les liens entre le changement climatique et les modes de consommation.

Depuis son dernier congrès, les questions environnementales s'imposent davantage parmi les revendications de la CGT. Peut-on parler d'un changement de culture ?

Cela fait longtemps que nous considérons les questions environnementales ; mais lors du dernier congrès, nous avons en effet acté de développer davantage ces questions. Au lendemain du confinement dû à la crise sanitaire, nous avons publié un document sous le titre : « le progrès social et environnemental, c'est possible et urgent », qui reprend l'ensemble des revendications CGT en lien avec ces deux dimensions.

Progrès social et progrès environnemental vont-ils nécessairement ensemble ?

C'est pour nous une évidence. Le projet de loi « Climat et résilience », qui est en ce moment en discussion au Sénat et qui devrait être adopté en septembre, suscite par exemple de vives critiques de notre part, car il ne tient pas compte du volet social de la transition écologique.

Si ce texte passe tel quel, ce sont les citoyens et donc les salariés, les travailleurs, qui en feront les frais. Je pense par exemple à l'arrêt de la vente de moteurs thermiques d'ici à 2030 : c'est une mesure qui a un impact important sur toute l'industrie automobile puisque les grands groupes s'en servent déjà comme prétexte pour lancer des plans de suppressions d'emplois.

Autre exemple : la suspension des vols intérieurs quand une alternative ferroviaire à moins de 2 h 30 existe semble intéressante sur le papier, mais quand y regarde de plus près, on s'aperçoit qu'Air France est en train d'en profiter pour accélérer les plans de suppressions d'emplois et attribuer ses créneaux aériens aux compagnies low cost…

Bref, ce sont les salariés qui en paient le prix fort. C'est un peu la même chose sur la partie rénovation énergétique des bâtiments et des logements avec la fameuse « prime rénov » lancée par le gouvernement, dont on voit qu'elle bénéficie aux ménages les plus aisés alors qu'il faudrait au contraire qu'elle aille aux plus précaires coincés dans des logements énergivores et sans moyens supplémentaires pour assurer la rénovation énergétique de leur logement.

Le « green washing » ou coup de peinture verte ne suffit pas. La transition environnementale ne peut se faire sans développer les conditions sociales des citoyens. Il est urgent de changer de modèle de société.

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