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THÉÂTRE

Des vies manquées

24 février 2017 | Mise à jour le 24 février 2017
Par | Photo(s) : DR
Des vies manquées

Coup de cœur du festival off d'Avignon cet été, Philippe Nicaud met en scène un Oncle Vania plein de vitalité. Avec moins de personnages et plus de musique, le chef-d'œuvre d'Anton Tchekhov nous régale jusqu'au 19 mars.

Comme de très nombreuses pièces d'Anton Tchekhov (1860-1904), Oncle Vania parle d'ennui, teinté de désespoir. Si le thème favori du dramaturge russe peut parfois gagner le spectateur, là, ce n'est nullement le cas. La mise en scène de Philippe Nicaud comme le jeu des acteurs nous tiennent en éveil, alors que ces derniers occupent en permanence le plateau, même quand ils attendent de livrer tirade. Ils restent alors figés tels des statues tout en plantant leur rôle.

Ils ne jouent pas neuf personnages comme dans la version originale, mais cinq : le professeur Sérébriakov, son épouse Elena, le docteur Astrov, Sonia et Ivan Voïnitski : l'oncle Vania. « Si j'ai recentré la pièce sur les cinq personnages principaux, c'est pour entrer directement au cœur de cette tension familiale insoutenable », confie Philippe Nicaud.

Ambiance…

C'est clair que l'atmosphère est plombée en cette fin d'été dans la demeure familiale qu'occupent Oncle Vania et sa nièce, Sonia. Le professeur, beau-frère du premier (marié à sa sœur décédée) et père de la seconde, est venu y séjourner avec sa nouvelle femme. Lui, il garde la chambre, dormant le jour, se lamentant la nuit tout en criant son génie, quand la belle Elena, bien plus jeune que lui, tente de tenir le coup. Pendant ce temps-là, Sonia en pince pour le docteur Astrov qui en pince pour Elena, tout comme Vania qui sirote à tout va… Tout ça finira mal, on s'en doute, dans une très belle scène finale.

Au-delà de l'intrigue proprement dite, la pièce nous parle d'échecs et de frustrations qui les frappent tous. Outre le vieux professeur et sa jeune épouse, Vania (épatant Fabrice Merlo) est convaincu d'avoir raté sa vie à admirer un beau-frère qui n'en valait pas le coup et à s'occuper de son domaine quand Sonia (étonnante Marie Hasse) est restée dans l'ombre à rêver du docteur Astrov. Quant à lui (joué par Philippe Nicaud), il en a sa claque de soigner les patients et préférerait bichonner Elena et dame nature. La réunion de famille en un huis clos étouffant va révéler ces vies gâchées comme ces amours déçues. Finement ponctuée de chansons, écrites et interprétées par Philippe Nicaud, qui sont autant de souffles poétiques, la tragi-comédie prend toute son actualité avec un sujet éternel. Comme l'écrivait André Gide dans Les nourritures terrestres écrites en 1897, l'année même où Tchekhov signait Oncle Vania : « Familles, je vous hais ! Foyers clos ; portes refermées ; possession jalouse du bonheur »…

 

Oncle Vania, mis en scène par Philippe Nicaud.

Jusqu'au 19 mars (le jeudi à 19 h 30 et le dimanche à 18 heures) au théâtre Essaïon, 6 rue Pierre-au-Lard 75004.