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PRESSE

Rapport Schwartz, une menace sur le pluralisme et la liberté de la presse

13 septembre 2018 | Mise à jour le 23 octobre 2018
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Rapport Schwartz, une menace sur le pluralisme et la liberté de la presse

Le système de distribution des journaux est organisé depuis 1947 par la loi Bichet. Les éditeurs de journaux quotidiens et magazines sont réunis en une coopérative – les NMPP, devenues Presstalis- qui permettent de mutualiser les coûts très importants de la distribution. Cette loi assure le pluralisme de la presse sur tout le territoire. Chacun des éditeurs de presse cotise en fonction de ses ventes, mais au sein de la coopérative, un éditeur = une voix.

Rapport Schwartz, une menace sur le pluralisme et la liberté de la presse

Le système de distribution des journaux est organisé depuis 1947 par la loi Bichet. Les éditeurs de journaux quotidiens et magazines sont réunis en une coopérative – les NMPP, devenues Presstalis- qui permettent de mutualiser les coûts très importants de la distribution. Cette loi assure le pluralisme de la presse sur tout le territoire. Chacun des éditeurs de presse cotise en fonction de ses ventes, mais au sein de la coopérative, un éditeur = une voix.

On ne voyait plus un centimètre du parvis de la place du Palais Royal, noyée sous les journaux épars. Ce mercredi 12 septembre, les ouvriers du livre avaient décidé de marquer leur opposition au rapport Schwartz, qui propose de mettre un terme au système coopératif de la distribution de journaux et libéraliser le secteur, condamnant à mort les petits titres, et les emplois d’imprimeurs, de distributeurs, de journalistes qui vont avec. 250 syndicalistes soutenaient ainsi une délégation du syndicat général du livre et de la communication écrite (SGL-CE) reçue au ministère de la culture pour faire ses propres propositions.
C'est ce système, inventé au lendemain de la seconde guerre mondiale et tirant quelques leçons de la période, que voudrait remettre en cause Marc Schwartz, ancien directeur de cabinet de la ministre de la Culture, et qui vient de lui remettre son rapport intitulé « 10 propositions pour moderniser la presse ». Il survient alors que les finances de Prestaliss présentent depuis plusieurs années des déficits abyssaux liés notamment à la baisse des ventes de journaux.

C'est ce système, inventé au lendemain de la seconde guerre mondiale et tirant quelques leçons de la période, que voudrait remettre en cause Marc Schwartz, ancien directeur de cabinet de la ministre de la Culture, et qui vient de lui remettre son rapport intitulé « 10 propositions pour moderniser la presse ». Il survient alors que les finances de Prestaliss présentent depuis plusieurs années des déficits abyssaux liés notamment à la baisse des ventes de journaux.

« Au lieu de simplifier la lourdeur réelle des mécanismes de la distribution, le rapport Schwartz propose tout simplement de libéraliser le secteur », explique Erwan, ouvrier du livre militant au SGL-CE. La principale mesure proposée par le rapport consiste à lever l'obligation pour les éditeurs de passer par Presstalis, et la possibilité à chacun de créer son propre réseau de distribution.

« Au lieu de simplifier la lourdeur réelle des mécanismes de la distribution, le rapport Schwartz propose tout simplement de libéraliser le secteur », explique Erwan, ouvrier du livre militant au SGL-CE. La principale mesure proposée par le rapport consiste à lever l'obligation pour les éditeurs de passer par Presstalis, et la possibilité à chacun de créer son propre réseau de distribution.

« Ça va être la loi de la jungle », estime Didier Lourdez, secrétaire général du SGL-CE. « Les gros éditeurs continueront de mutualiser les coûts, mais dicteront leurs conditions aux plus petits, qui devront se plier ou mourir. Ils veulent que leur poids dans les décisions soit proportionnel à leur richesse. Or cela va à l'encontre de l'esprit pluraliste de la loi Bichet », poursuit le dirigeant syndical.

« Ça va être la loi de la jungle », estime Didier Lourdez, secrétaire général du SGL-CE. « Les gros éditeurs continueront de mutualiser les coûts, mais dicteront leurs conditions aux plus petits, qui devront se plier ou mourir. Ils veulent que leur poids dans les décisions soit proportionnel à leur richesse. Or cela va à l'encontre de l'esprit pluraliste de la loi Bichet », poursuit le dirigeant syndical.

Le second point de crispation réside dans la fin du (presque) monopole de Presstalis. « Marc Schwartz propose de permettre à d'autres messageries de se créer. Dans un contexte de chute vertigineuse des ventes, il me semble qu'il n'est pas nécéssaire de multiplier les messageries. Derrière cette proposition, il y a l'idée de se débarasser des ouvriers du livre et du statut protecteur qu'ils ont acquis », poursuit Didier Lourdez.

Le second point de crispation réside dans la fin du (presque) monopole de Presstalis. « Marc Schwartz propose de permettre à d'autres messageries de se créer. Dans un contexte de chute vertigineuse des ventes, il me semble qu'il n'est pas nécéssaire de multiplier les messageries. Derrière cette proposition, il y a l'idée de se débarasser des ouvriers du livre et du statut protecteur qu'ils ont acquis », poursuit Didier Lourdez.

Les ouvriers du livre, ultra-majoritaires sur la place du Palais Royal, sont loin d'être les seuls concernés. Mariem, documentaliste photo à l'Agence France Presse, est inquiète aussi. « Si le système coopératif explose, des tas de journaux vont disparaître. Pour notre agence, cela signifie autant de clients en moins... et cela va ressurgir sur l'emploi dans nos entreprises », explique la militante du SNJ CGT.

Les ouvriers du livre, ultra-majoritaires sur la place du Palais Royal, sont loin d'être les seuls concernés. Mariem, documentaliste photo à l'Agence France Presse, est inquiète aussi. « Si le système coopératif explose, des tas de journaux vont disparaître. Pour notre agence, cela signifie autant de clients en moins... et cela va ressurgir sur l'emploi dans nos entreprises », explique la militante du SNJ CGT.

« Au delà de la question de l'emploi, c'est la question des libertés démocratiques qui est au cœur du problème. Avec ce système, seuls ceux qui ont beaucoup d'argent pourront diffuser des journaux, et donc s'exprimer. Il s'agit d'une menace sur le pluralisme, condition de la démocratie », poursuit la journaliste.

« Au delà de la question de l'emploi, c'est la question des libertés démocratiques qui est au cœur du problème. Avec ce système, seuls ceux qui ont beaucoup d'argent pourront diffuser des journaux, et donc s'exprimer. Il s'agit d'une menace sur le pluralisme, condition de la démocratie », poursuit la journaliste.

Même problème pour Thierry, ouvrier du livre à la photogravure et aux départs Poste à Tremblay : « Cette réforme va faire cesser l'égale répartition de la distribution des titres sur le territoire. Des centaines de petits titres vont crever. Or ces titres, qui les imprime ? C'est nous, les salariés d'imprimerie. Toute la chaîne des métiers va être impactée : distribution, impression, journalisme, tout ! ».

Même problème pour Thierry, ouvrier du livre à la photogravure et aux départs Poste à Tremblay : « Cette réforme va faire cesser l'égale répartition de la distribution des titres sur le territoire. Des centaines de petits titres vont crever. Or ces titres, qui les imprime ? C'est nous, les salariés d'imprimerie. Toute la chaîne des métiers va être impactée : distribution, impression, journalisme, tout ! ».

Une équipe d'une quarantaine de salariés de l'antenne lyonnaise de Presstalis est descendue pour l'occasion.

Une équipe d'une quarantaine de salariés de l'antenne lyonnaise de Presstalis est descendue pour l'occasion.

« Qui sait si demain, les journaux ne seront pas distribués par des plateformes de type Amazon, ou par Chronopost ? », interroge Erwan, inquiet pour l'indépendance de la presse vis à vis des entreprises.

« Qui sait si demain, les journaux ne seront pas distribués par des plateformes de type Amazon, ou par Chronopost ? », interroge Erwan, inquiet pour l'indépendance de la presse vis à vis des entreprises.

« Je suis mobilisé aujourd'hui en soutien au SGL-CE, dans la ligne de mire de ce rapport, explique Gwenaël, rotativiste de l'imprimerie du Journal Officiel syndiqué au SIPC. Ce rapport a pour seul biais la rentabilité financière du secteur. En tant qu'imprimeur, on connaît les chiffres de tirage des journaux. Cette réforme aurait pour conséquence d'accélérer leur chute. Et s'il y a moins de journaux tirés, ça affaiblit l'emploi chez les imprimeurs ».

« Je suis mobilisé aujourd'hui en soutien au SGL-CE, dans la ligne de mire de ce rapport, explique Gwenaël, rotativiste de l'imprimerie du Journal Officiel syndiqué au SIPC. Ce rapport a pour seul biais la rentabilité financière du secteur. En tant qu'imprimeur, on connaît les chiffres de tirage des journaux. Cette réforme aurait pour conséquence d'accélérer leur chute. Et s'il y a moins de journaux tirés, ça affaiblit l'emploi chez les imprimeurs ».