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Gouvernement

Discours de politique générale : Michel Barnier met le cap sur la continuité

3 octobre 2024 | Mise à jour le 3 octobre 2024
Par | Photo(s) : Thomas Samson / AFP
Discours de politique générale : Michel Barnier met le cap sur la continuité

Face aux députés d'une Assemblée nationale très divisée, le nouveau locataire de Matignon, Michel Barnier, a présenté, mardi 1er octobre, les grandes lignes d'une politique générale qui, sans surprise, reste inscrite dans le droit fil du cap fixé  par le président Macron. Premières impressions générales d'ensemble, avec Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT.

Il faut que rien ne change pour que rien ne change. C'est en tordant le cou au fameux adage extrait du film Le Guépard que l'on pourrait résumer le discours de politique générale présenté par le Premier ministre aux députés de l'Assemblée nationale, mardi dernier. Un discours qualifié tour à tour d'«ennuyeux », voire  de « soporifique » par les groupes de l'opposition.

Seule marque de rupture avec la politique « disruptive » menée depuis 2017 par Emmanuel Macron, le style, courtois, affiché par le nouveau Premier ministre : « Se sachant fragile et devant tenir son fil d'équilibriste entre les macronistes, les LR et le Rassemblement national en embuscade, monsieur Barnier a tenu à montrer qu'il n'est pas une brute pour se distinguer du président, à tout le moins sur la forme. Mais sur le fond, les orientations politiques annoncées demeurent très brutales pour celles et ceux qui vont subir un plan d'austérité sans précédent », prévient Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT.

Diviser les actifs en dépouillant les inactifs

S'agissant, par exemple, de la problématique générale du pouvoir d'achat qui figure au top 10 des préoccupations des Français, l'annonce d'une revalorisation du Smic de 2 % dès le mois de novembre au lieu de janvier n'est que « poudre aux yeux », puisque « en même temps, la revalorisation des pensions de retraite qui devait intervenir en janvier est, elle, différée au mois de juillet », fait remarquer Denis Gravouil qui voit dans cette manœuvre la preuve d'un continuum idéologique avec le macronisme : « Barnier recourt à la vieille ficelle de la division du monde du travail, en opposant entre elles les catégories de travailleurs, les salariés aux retraités, les ouvriers aux cadres, en distribuant aux plus bas salaires des miettes prélevées dans la poche des pensionnés, alors qu'ils ont cotisé tout au long de leur vie au travail. »

Autre exemple, à propos de la mise à contribution des plus fortunés et des grandes entreprises très profitables à l'effort budgétaire (il s'agit d'engranger 60 milliards d'euros afin de ramener le déficit public de 6,1 %  à 5 % en 2025), les annonces de taxation des superprofits ont été soigneusement présentées comme « exceptionnelles », « limitées » et « provisoires ». Alors que le plan d'austérité pour tous, lui, va s'inscrire dans la durée. « Le Premier ministre a tenté d'afficher une position d'équilibre apparent entre capital et travail, mais il maintient d'une main ferme la politique de l'offre à l'œuvre depuis 20 ans qui favorise les plus riches au détriment des autres et ce, alors que nous avons désormais la preuve que cette politique ne produit aucun ruissellement du haut vers le bas », précise Denis Gravouil.

« On reste dans la trajectoire macroniste de colonisation de l'État […] et dans le pillage de ses ressources pour les mettre au service des intérêts du capital »

Il en veut pour illustration l'annonce des 40 milliards de coupes budgétaires dans la dépense publique qui vont affecter de plein fouet les collectivités territoriales et locales à hauteur de 6 milliards d'euros et les services publics, tout particulièrement la santé publique : la progression de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) va être limitée à 2,8 % en 2025, contre 3.2 % en 2024, afin de récupérer quelque 14 milliards d'euros dans les caisses de la Sécurité sociale.

« On reste dans la trajectoire macroniste d'empreinte néolibérale, dans la colonisation de l'État – comme l'a révélé le scandale McKinsey – et dans le pillage de ses ressources pour les mettre au service des intérêts du capital et des plus fortunés », tient à alerter Denis Gravouil.

Une avancée, quand même…

Seul point positif à retenir de ce premier discours du nouveau chef du gouvernement : la confirmation du retrait de la réforme de l'assurance chômage portée par l'ancien Premier ministre, Gabriel Attal, qui, sous la pression de l'opinion publique, l'avait lui-même suspendue à l'issue du premier tour des élections législatives. Une « avancée non-négligeable », selon le secrétaire confédéral en charge de la protection sociale : « C'est la première fois que les syndicats obtiennent gain de cause dans cette bataille et qu'ils parviennent, par le rapport de force et la mobilisation à empêcher une énième réforme extrêmement violente pour les privés d'emploi, en particulier pour les 53 à 57 ans ciblés par une baisse drastique de leurs droits. »