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LIBERTÉS SYNDICALES

Discriminations chez les compagnons du devoir

12 mai 2016 | Mise à jour le 14 février 2017
Par | Photo(s) : DR
Discriminations chez les compagnons du devoir

Dans notre magazine de janvier 2016 (Rubrique « Paroles de… » à la page 20), nous alertions sur la discrimination syndicale dont était victime Jean-Christophe Grellety, enseignant de français, histoire/géographie et prévention santé-environnement au sein de l'Association des compagnons du devoir en région bordelaise.

Notre camarade avait, à plusieurs reprises, dénoncé des propos racistes, sexistes et homophobes proférés par des apprentis. Loin d'être soutenu par la hiérarchie qui aurait dû, dans le cadre de sa mission d'éducation, sanctionner ces élèves (de tels propos sont, rappelons-le, punis par la loi), cette affaire fut prétexte à monter un dossier contre l'enseignant, délégué syndical CGT au niveau national, représentant syndical au CE et au CHSCT.

Et à le licencier en août 2015…

Aujourd'hui, et après des recours hiérachique et auprès des ministères de l'Éducation et du Travail, cette discrimination n'a toujours pas été sanctionnée et Jean-Christophe Grellety n'a pas été rétabli dans ses droits.

Une pétition pour soutenir notre camarade est à signer et à diffuser largement.

En voici un extrait : « Reste sans doute le pire dans tout cela, si on peut dire : selon un lanceur d’alerte au sein de la Fonction Publique, suite à la décision de refus d’autorisation du licenciement par l’Inspection du Travail, au printemps 2015, le Ministère de l’Education Nationale, via le Rectorat Aquitaine, serait intervenu, pour soutenir la demande de licenciement de l’AOCDTF. En somme, non content de ne pas avoir concrètement soutenu un enseignant de CFA quand il le fallait, ce Ministère aurait joué un rôle dans ce licenciement. »


Notre article de janvier 2016

« Les enseignants de l'Association des compagnons du devoir (recrutés à bac + 5) dénoncent depuis longtemps le fait d'être employés (toute l'année) en contrat à durée indéterminée intermittent (CDII). Soit un maximum mensuel de 10 à 15 heures d'enseignement, rémunéré entre 300 et 800 € et sans congés payés à la fermeture estivale en août. La discrimination syndicale (actée par l'inspection du travail de Paris, qui a transmis un procès-verbal à la justice) a aussi frappé dans d'autres centres, avec des camarades licenciés et de nombreux dossiers aux prud'hommes. »

Les Compagnons ne sont pas de bons camarades. La discrimination syndicale sévit partout, même au sein de certaines associations comme l'Association ouvrière des compagnons du devoir et du tour de France (AOCDTF. Fondée en 1941 sous le régime de Pétain. Elle fonctionne selon des codes traditionnels fermés au syndicalisme), qui prône pourtant l'excellence. Jean-Christophe Grellety en sait quelque chose.

Enseignant le français, l'histoire-géographie et la prévention santé environnement en centre de formation d'apprentis dans la région bordelaise, il est également délégué syndical CGT au niveau national, représentant syndical au comité d'entreprise et au CHSCT.

Jean-Christophe dérange ! Il est dans le collimateur de l'association, laquelle, dès 2012, tente une première fois de le licencier. La direction avait eu des copies de courriers privés envoyés à des conseils régionaux et à des rectorats pour les alerter sur la situation de l'association. Licenciement rejeté par l'inspection et le ministère du Travail.

Il est finalement licencié le 20 août 2015, après avoir dénoncé des propos racistes et homophobes tenus régulièrement par un groupe d'apprentis dans ses cours : « Loin de sanctionner ces apprentis, la direction n'intervient pas, leur donnant ainsi un signal clair d'impunité. La ministre de l'Éducation nationale a demandé au recteur d'intervenir, mais celui-ci n'a pas bougé. Il est arrivé un moment où je n'ai pas pu supporter des comportements d'animaux de ces apprentis et où j'ai tenu des propos énervés qui ont été aussitôt instrumentalisés par la direction. Face à des menaces, j'ai dû engager un droit de retrait. »

L'inspection du travail de Bordeaux (pourtant incompétente territorialement) autorise le licenciement.

Un recours hiérarchique pour annuler le licenciement est à l'étude, et le ministère du Travail doit donner sa réponse d'ici fin janvier. Jean-Christophe est soutenu par la CGT, dont plusieurs instances ont écrit au ministère.

En matière d'infractions, il y a l'embarras du choix : pas de négociations annuelles obligatoires en 2014 et 2015, pas de négociation sur la mutuelle pour 2016 ni d'évolution des coefficients, élections professionnelles douteuses (comme pour le CHSCT, « élu » sans réunion du collège désignatif), refus multiples d'information et d'association des IRP (accord-cadre avec l'Éducation nationale). Chez les Compagnons du devoir, l'excellence est bien au rendez-vous… en matière de mépris pour le droit du travail.

 

Parcours

Né en 1969, Jean-Christophe Grellety a suivi des études  de philosophie. Il a participé au mouvement des cafés philo avec le philosophe Marc Sautet. Il a travaillé dans l'Éducation nationale et dans des organismes privés. Membre de l'union locale CGT de Langon (Gironde),  il a publié « Du racisme social en France, et par extension dans le monde. »