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INDUSTRIE

Industrie, cap sur les territoires

19 mars 2019 | Mise à jour le 21 mars 2019
Par et | Photo(s) : Bapoushoo - Desfoux/Tesson/Andia - Peter Endig/AFP - Mairam Guisse/MaxPPP
Industrie, cap sur les territoires

Face à des choix stratégiques qui fragilisent l'industrie et l'emploi de longue date, la CGT métallurgie estime qu'il est possible de relancer la machine. Elle porte et encourage de nombreux projets industriels dans les territoires.

Ford Blanquefort près de Bordeaux, l'aciérie Ascoval à Saint-Saulve, dans le Nord, la papeterie Arjowiggins dans la Sarthe… La litanie des usines en perdition nous rappelle tous les jours la fragilité de l'industrie française. Et l'âpreté des luttes de salariés pour sauver leur entreprise avec le soutien des syndicats (recherche d'un repreneur, création d'une Scop…) donne la mesure des drames humains qui, chaque fois, se nouent.

Car désormais, quand une usine est menacée, c'est bien souvent tout un bassin d'emploi qui l'est aussi. Sachant qu'en moyenne la création d'un emploi industriel entraîne celle de trois emplois induits (commerces, divertissements et autres services) et de 1,5 emploi indirect (sous-traitance, etc.), ce sont autant d'emplois qui sont détruits dans l'économie quand une usine ferme.

Et le rétrécissement de notre tissu industriel est tel que l'usine menacée est parfois la dernière du territoire. Certes, en France, le recul de l'industrie ne date pas d'hier. Il est le résultat d'un lent mouvement qui, en près de quarante ans, a fini par toucher absolument toutes les régions et y fait le lit du chômage et de la précarité.

Déclin industriel et appauvrissement

« On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s'en sortent pas. » L'envolée d'Emmanuel Macron part de loin : pendant plusieurs décennies, les pouvoirs publics ont sous-estimé la désindustrialisation à l'œuvre dans le pays et, pendant très longtemps, n'y ont pas vu l'origine de la crise sociale qui s'enkystait à bas bruit. Il faut d'ailleurs se souvenir que le risque de pauvreté et d'exclusion était encore relativement limité en 1981.

Depuis, si les dépenses publiques qui lui sont liées ont considérablement augmenté (RMI et RSA), c'est dans un contexte de chômage de masse, notamment de longue durée. Or, le chômage entame son inexorable envolée dès le milieu des années 1970 (après le premier choc pétrolier) sous l'effet, notamment, de l'accélération, non moins inexorable, des défaillances d'entreprises industrielles.

Entre 1977 et 2017, la part de l'industrie (au sens large) dans le produit intérieur brut passe de 21,6 % à 12,4 % quand la part de la population active touchée par le chômage augmente, de 5,1 % à 9,5 %. En plus de la concurrence exercée par les pays à faible coût de main-d'œuvre, le « tournant de la rigueur » de 1983 ou les politiques d'austérité qui ont suivi la crise de 2008 ont été des périodes charnière en matière de destruction industrielle.

Car qui prône l'austérité freine la croissance économique et hypothèque toute possibilité de développement industriel. Le raisonnement est bien connu mais nos gouvernements successifs lui en ont préféré un autre, beaucoup plus libéral.

De la fin des années 1970 jusqu'à la fin des années 2000, quasiment personne ne veut entendre parler de « désindustrialisation », terme jugé trop négatif. Parmi les économistes ou dans les institutions, il est plus convenu d'évoquer des dynamiques de changements profonds à l'œuvre, des « reconversions » ou des « mutations » industrielles. Tenir un autre discours revient à entretenir un « mythe » ou un «fantasme», voire à ne pas comprendre qu'un nouveau monde apparaît : après le glissement de l'emploi agricole vers l'emploi industriel, l'emploi industriel céderait sa place à l'emploi de service.

D'ailleurs, nombreux sont ceux qui en viennent à penser que l'industrie n'est plus vraiment essentielle au rayonnement et à la puissance d'un État. Reste que des voix dissonantes persistent. En 2005, un rapport très officiel du Conseil d'analyse économique – « Désindustrialisation, délocalisations » – parle de « la perspective d'une perte de substance à terme de l'économie française ». Citant les « fermetures retentissantes de sites industriels (Metaleurop, Daewoo…), la destruction nette de 100 000 emplois industriels par année en 2002 et 2003 », il démontre que « c'est la perte de substance industrielle, résultat de politiques inadaptées,

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